Entraînement : faut-il grimper quand on est malade ?
La vague d’Omicron commence à refluer. Pour autant, le nombre de personnes positives, même sous des formes peu symptomatiques, reste à des seuils élevés. Alors, faut-il grimper quand on est malade ? Une séance qui saute, est-ce problématique dans un programme d’entraînement ? La Fabrique Verticale fait le point.
Rien de pire que de tomber malade, surtout quand on est en phase d’entraînement pour un objectif important. COVID, rhume, grippe, gastro… Toutes ces maladies nous affaiblissent et minent notre progression. Faut-il faire coûte que coûte les séances prévues ? Faut-il complètement s’arrêter ou simplement alléger la pratique ? Comment envisager la reprise ? Tout dépend bien sûr de la nature et de la gravité de la maladie. D’ailleurs, nous vous alertions récemment sur les risques de myocardite post COVID-19 et sur la nécessité de reprendre calmement l’activité.
L’entraînement, ça fatigue !
Première remarque, tout d’abord, avant de répondre à la question cruciale : “faut-il s’entraîner quand on est malade ?”. L’activité physique, surtout si elle est pratiquée à haute intensité, génère de la fatigue. Ça, vous avez déjà dû vous en apercevoir 😉 Mais elle génère aussi une légère immuno-dépression, qui peut durer jusqu’à 72 heures, si la sollicitation a été très forte.
En d’autres termes, plus vous vous entraînez, plus vous êtes performants bien sûr. Mais plus – aussi – vous devenez vulnérables face aux infections et aux agressions d’agents pathogènes. Cette perturbation du système immunitaire dépend du type d’exercice physique, de l’intensité de l’exercice, de la fréquence de répétition des exercices…
Une immuno-dépression bien gênante…
Cette période d’immuno-dépression a été bien étudiée par les scientifiques, qui la nomment “open window”. Cette “fenêtre” immunitaire est plus marquée et d’une durée plus prolongée chez les athlètes de haut niveau. Comme l’explique Hubert Bourdin, médecin des Équipes de France de la Fédération Française de Canoe-Kayak : “La période de récupération est donc très importante pour minimiser cette période de fragilité immunologique”.
“Or les athlètes de haut niveau s’entraînent plus d’une fois par jour et sont donc particulièrement exposés à cette période de fragilité”. Ainsi, les lymphocytes naturels killers, acteurs très importants de défense contre les agents pathogènes, diminuent de façon importante durant plus de 24 heures, après un seul exercice intense de deux heures. Alors imaginez quand on enchaîne les séances d’entraînement…
Il y a crève et crève
S’il a été démontré que l’activité physique régulière et modérée améliorait les défenses de l’organisme, l’entraînement en volume et en intensité tendrait donc à le rendre plus vulnérable aux infections. Ce qui explique pourquoi on a cette fâcheuse tendance à “attraper la crève”, juste au moment où on se sent le plus en forme. Alors faut-il grimper quand on est malade ? Faut-il stresser et inhiber le système immunitaire plus encore par le biais d’une séance d’entraînement, au moment où l’organisme est déjà affaibli par la maladie ? La réponse semble aller de soi. C’est non.
Évidemment il y a crève et crève. Un petit rhume ou la COVID, ce n’est pas la même chose. Et même si la COVID ne vous envoie pas forcément en réa, elle peut quand même bien fatiguer… Par ailleurs il y a entraînement et entraînement. Une séance a muerte vs deux-trois voies faciles. Ce qui est sûr, c’est que pour la grippe, qui est une atteinte virale aigüe qui génère fièvre et courbatures, ou pour la COVID, les médecins (et en particulier les cardiologues) recommandent de ne pas faire de sport de manière intense. Ni pendant ni après, en tout cas dans les 8 jours qui suivent l’épisode infectieux.
Au rayon des idées reçues, certains pensent qu’en faisant un footing et en prenant une bonne suée, ils pourront se débarrasser de leur virus. Or c’est une hérésie. Car on impose à son organisme un stress supplémentaire. Et aucun virus n’est éliminé par la transpiration. Dans ces cas-là, seul le repos s’impose.
Un peu de prévention
Quelques conseils de bon sens peuvent s’avérer utiles. L’alimentation et le sommeil jouent un rôle important dans le maintien de l’immunité. Une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée et diversifiée pourront, dans une certaine mesure, constituer un rempart face aux agressions. Et limitez les effets fâcheux de cette “open window”.
Entraînement : gestion de la crève à La Fabrique Verticale
À La Fabrique Verticale, nous levons le pied systématiquement quand nous sommes malades. Inutile de fatiguer plus encore un organisme qui est déjà bien occupé à lutter contre une infection. Et de toutes façons, il est bien illusoire d’attendre des résultats extraordinaires d’une séance faite sous état grippal…
Nous allégeons aussi systématiquement les programmes des grimpeurs que nous suivons, quand ils couvent la crève ou sont déjà malades. Le coaching, tel que nous l’envisageons, passe avant tout par l’écoute et par des réajustements permanents. Ça n’empêche pas de prévoir une séance d’escalade tranquille, ou même une séance d’entraînement (mais alors très légère) si c’est un petit rhume. En tout état de cause, ce sont les sensations du grimpeur qui dictent le programme !