Solo intégral

Parmi les belles surprises de ce printemps 2016, mentionnons Solo intégral d’Alex Honnold et David Roberts, un livre à deux voix qui relate le parcours hallucinant du jeune prodige américain, spécialiste des big walls et des ascensions en solitaire. Quand escalade rime avec engagement total. Critique.

La Fabrique Verticale a lu et aimé ce récit, où Alex Honnold se dévoile avec sincérité : timide mais passionné, capable d’affronter le risque et d’en parler avec un égal sang-froid. Au passage, Solo intégral est aussi l’occasion de croiser d’autres figures inspirantes, comme celles de Tommy Caldwell, de Cedar Wright ou du regretté Dean Potter, dont la trajectoire aussi fugitive que radicale, est évoquée avec beaucoup de finesse dans un post-scriptum émouvant.

Peu d’images dans cet ouvrage qui vient de paraître aux éditions Paulsen. Il faut dire que le texte tient suffisamment en haleine ! Réunie en deux cahiers distincts, l’iconographie fait tout de même la part belle aux grands noms de la photographie américaine (Jimmy Chin, Ben Moon, Andrew Burr…). Du Yosemite au Sendero luminoso, en passant par Zion ou la Patagonie, l’amateur de belles images de grimpe pourra tout de même rassasier sa soif de grands espaces !

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Solo intégral

En 2008, l’Amérique découvre un surdoué de l’escalade. Alex Honnold, 22 ans, vient d’enchaîner dans la même journée deux voies majeures en solo intégral : seul, sans corde, dans les parois parfaitement verticales de l’Ouest américain. Depuis, Alex a tracé sa voie sur les big walls du Yosemite. Au fil des réalisations époustouflantes, servies par des films qui laissent les mains moites, sa notoriété n’a cessé de grandir.

Alex Honnold, né en 1985, a commencé à grimper à l’âge de 11 ans dans les salles d’escalade de sa ville natale, Sacramento (Californie). À 19 ans, il a abandonné ses études à Berkeley pour vivre sa vie de grimpeur nomade. Une décennie plus tard, malgré une célébrité internationale, le van qu’il gare au pied des parois est toujours sa seule maison. Il est sans conteste le plus doué des adeptes du solo intégral, l’escalade solitaire et sans corde, qu’il pratique dans l’immense verticalité des big walls. Solo intégral est son premier livre.

Il y raconte ses ascensions avec un art consommé du suspense. Parallèlement, l’écrivain David Roberts y décrypte le jeu radical d’Alex et les raisons de sa célébrité : “Alex a poussé la forme la plus extrême et dangereuse de l’escalade bien au-delà des limites de ce qui semblait possible. Dans sa parfaite simplicité, cette quête peut être comprise par l’observateur le plus néophyte. L’enjeu est ultime : tomber, c’est mourir.”

Alone on the wall

S’il ne fallait retenir qu’un extrait, ce serait peut-être celui-ci, qui en dit long sur le mental de l’animal : “Le 6 septembre 2008, à 300 mètres au-dessus du sol dans la face nord-ouest du Half Dome, je sens la menace d’un nouveau cul-de-sac. Je progresse dans des fissures poussiéreuses et parsemées de végétation, me demandant si j’ai perdu la voie dans cette variante Higbee Erickson. Mon anxiété n’atteint pas le niveau de la peur véritable, mais j’y prête attention. Alors je me concentre à fond, prends une respiration et étudie mes options. Je me dis que ce n’est pas une question de vie ou de mort.

Désescalader est presque toujours plus difficile que progresser vers le haut, mais je sens que je pourrais encore redescendre ces 300 premiers mètres de la voie si je devais le faire. Si je me retrouvais dans une situation vraiment critique, je pourrais toujours m’asseoir et attendre, même un jour ou deux, jusqu’à ce que des grimpeurs passent.”

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2 réponses

  1. fred from nowhere dit :

    ……………..que dire face à cette pratique ultime……
    je reste sans voix ou sans voie…

    juste une chose peut être, c est une pratique très individuelle , individualiste qui met de côté peut être la notion de cordée qui ne fait pas de l’escalade un sport collectif … mais quand même

    à lire certainement et à pratiquer avec modération

    bonne(s) grimpe(s)

  2. Philippe dit :

    Très beau livre!
    Et l’autodérision d’Alex n’est pas le moindre intérêt de cette lecture…
    Je recommande vivement!

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