Technique : les clefs pour grimper en dièdre

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Vous êtes-vous déjà retrouvé dans cette situation ? Un pied de part et d’autre d’un dièdre, en appui sur les mains, priant pour que la friction des chaussons se maintienne ? C’est sûr, l’escalade en dièdre n’est guère rassurante ! Vous auriez aimé pouvoir serrer de (vraies) prises, comme à la salle, oui mais voilà, il n’y en avait pas ! C’est parce qu’en dièdre, vous ne pouvez compter que sur votre seule technique d’opposition. Explications.

En escalade, un dièdre est formé par deux pans de rocher (ou de mur) qui se rejoignent pour former un angle plus ou moins rentrant. Imaginez un livre ouvert. Le modèle du genre est bien sûr le Dièdre de 90 mètres, à la Face ouest des Drus (ou ce qu’il en reste). Sans aller jusque-là, maîtriser l’escalade en dièdre peut vous sortir de bien des situations : franchir des sections totalement lisses et même récupérer sans les mains, juste en écart, en appui sur les pieds.

Car la clef pour grimper en dièdre, c’est bien sûr la pose de pieds ! Vous êtes peut-être en train de vous imaginer en train d’essayer de verrouiller les doigts au fond du dièdre, dans une fissure quasi inexistante, ou bien de crisper des micros-réglettes, latéralement, dans la dalle. Pourquoi pas ? Ça peut fonctionner. Mais avant toute chose, pour vous élever le plus sûrement en dièdre, vous devrez faire confiance en vos pieds. Et pousser de part et d’autre, éventuellement les mains à plat, en opposition.

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Poussez Madame, poussez…

Toutes les suspensions que vous aurez faites à la poutre cet hiver ne vous seront d’aucun secours en dièdre. Tout est affaire d’opposition. Les bras et les jambes doivent œuvrer de concert et pousser vers l’extérieur du dièdre pour supporter votre poids. Les mains servent surtout à maintenir l’équilibre, plus qu’à tirer comme on a coutume de le faire classiquement en escalade.

Vous allez vous repousser des deux mains, les bras en écart, pour déplacer et monter un pied plus haut dans le dièdre. Les paumes de mains appuient alors sur le rocher (ou le mur), en gardant le maximum de contact, les doigts tournés vers le bas ou l’extérieur. Poussez fort, remontez un pied puis l’autre et renouvelez l’opération. N’oubliez pas que l’escalade en dièdre se résume souvent à une lente et patiente reptation 😉 Chaque cm gagné est une lutte, au cours de laquelle vous vous retrouverez parfois dans des positions alambiquées !

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L’expérience du dièdre

Selon l’angle et l’inclinaison du dièdre, plusieurs techniques vont pouvoir fonctionner (ou pas). Par exemple, la technique classique (en photo en tête de cet article, de face, jambes et bras écartés) peut ne pas être la plus optimale. Expérimentez pour trouver la position la plus confort (ou la moins inconfortable). Parfois, il faut basculer d’un côté ou de l’autre du dièdre, jouer avec la fissure, en dülfer, pied à plat en face, la hanche contre une partie du dièdre.

Si l’angle est très fermé, vous allez vous retrouvez presque comme dans une cheminée. Et toutes les techniques de “renfougne” seront alors de mise. Le dos coincé contre une des faces, une jambe repliée sous vous, en appui sur cette même face, l’autre jambe tendue avec le pied à plat de l’autre côté du dièdre… Courage ! Au contraire, si l’angle est très ouvert, vous devrez peut-être utiliser la technique du pont. Les deux mains sont alors en appui d’un côté, les deux pieds de l’autre, le corps presque à l’horizontale… Courage toujours ! Le succès réside dans la confiance que l’on accorde à ses appuis.

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Cherchez toujours les petites imperfections du rocher pour appuyer les mains, si le rocher n’est pas totalement lisse. N’hésitez pas à prendre beaucoup de magnésie, pour bien assécher la paume de vos mains, qui aura d’autant plus tendance à suer que vous vous sentirez en situation précaire ! Autre piste qui découle de la remarque précédente, relaxez-vous ! Soyez calme, ça vous aidera à être créatif et à trouver des pistes pour vous élevez progressivement dans le dièdre. Les méthodes sont parfois complexes. En tout état de cause, soyez toujours bien posé sur vos pieds, la friction, c’est la clef !

S’entraîner physiquement

Ces techniques d’opposition mettent en jeu les muscles qui servent à se repousser, spécifiquement pour les bras les triceps et les épaules, et pour les jambes les mollets et les cuisses. Le gainage est aussi très important dans ces situations pour maintenir l’équilibre sur des petits pieds précaires. Pour progresser physiquement et vous entraîner au dièdre autrement que techniquement (ce qui reste quand même la base…), vous pouvez opter pour des exercices de musculation. Par exemple, les dips, les pompes, les planches et autres joyeusetés aux anneaux. Tous les exercices de jambes ne seront pas du luxe non plus (squatts à une jambe, presse, etc). Visez plutôt un travail en endurance de force. En effet la difficulté dans les dièdres est souvent de tenir la distance, tant physiquement que mentalement.

Se reposer en dièdre

Paradoxalement, vous pourrez trouver en dièdre (et malgré la difficulté à progresser dans cette configuration) des positions de repos complets, sans les mains, dont il vous faudra savoir tirer partie, notamment pour souffler mentalement, car cette longue reptation peut s’avérer pénible ! Chaque fois que cela est possible, délayez ! Les mains bien sûr, mais surtout les jambes. Car les mollets finissent souvent par dauber. Ce sont rarement les avant-bras qui explosent les premiers en dièdre, contrairement à d’habitude.

Sur les appuis, gardez les talons bas, pour maintenir la friction et limiter la survenue de la fatigue dans les mollets. Beaucoup de positions peuvent être des positions de repos dans un dièdre ! Secouez bien les jambes, même si ce n’est que quelques secondes, chaque fois que vous trouvez un équilibre qui le permet.

Travailler la souplesse

Bien souvent, c’est l’ouverture de bassin qui risque de vous limiter en dièdre. Pour être plus à l’aise dans ces situations, travaillez la souplesse ! Le grand écart peut aider, afin de pouvoir mieux tirer partie du dièdre. L’idée c’est de pouvoir remonter les pieds très hauts, ou très décalés, en opposition. Le yoga peut être une piste plus intéressante que la poutre, pour randonner les dièdres !

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Photos Corey Rich et Andrew Burr

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1 réponse

  1. Julie Roussel dit :

    Pas mal la corde à simple qui frotte sur l’arête dans la photo de la personne en chicken wing ! 😉
    Personnellement j’adore les dièdres mais des fois je « daube des mollets » ! 😀

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