Comment faire la croix vite et bien : les conseils d’Alex Megos !
En mars 2013, Alex Megos a été le premier grimpeur à réaliser un 9a à vue. C’était à Siurana. Avec Estado critico, il a ainsi coiffé sur le poteau l’inénarrable Adam Ondra, pourtant lui aussi en quête de cet exploit. La suite, on la connaît : La Rambla presque flash et Biographie torchée dans la séance… Les 9a+ ne lui résistent pas très longtemps ! C’est donc le point de vue d’un spécialiste de la concrétisation rapide que La Fabrique Verticale a décidé de vous donner ici. Attention, conseils de pro.
“C’est juste que je n’aime pas tomber, voilà !”, explique Alex Megos. Ce serait si simple que ça pour enchaîner les voies dures en deux coups de cuiller à pot ? Oui et non, mais Alex Megos donne aussi des conseils simples et éprouvés, qui aident dans le processus global de travail d’une voie : avoir une approche positive, se projeter et bien réfléchir, mettre en place des essais efficaces.
“Je me convainc moi-même que c’est totalement possible”, explique Alex Megos. Et une fois dans la voie, il prend le temps de caler mouvement par mouvement, jusqu’à ce qu’il ait trouvé une méthode pour chaque passage, y compris le plus retors. “Après je me dis juste : j’ai fait tous les mouvements, pourquoi je ne parviendrai pas à tout mettre bout à bout ? Ce que j’ignore purement et simplement, ce sont les bouteilles ou la fatigue ! Et ça marche très bien !”.
Alex Megos a débuté à l’âge de 5 ans. À 16 ans, il avait déjà fait la croix sur plusieurs voies phares du Frankenjura, dont Drive by shooting, 8b+/8c au 3e essai, et Pain makes me feel stronger every day, 8c/c+, ce qui lui avait valu sa petite réputation à la salle du coin. “J’ai un bon niveau de force et de la continuité, explique Megos, et surtout je récupère très bien entre les essais”. Des qualités qui lui permettent de faire plusieurs runs d’affilée, même dans des voies de force, et qui augmentent ses chances de réussir dans la journée.
En janvier 2015, il a passé 11 jours dans le bloc de Paul Robinson, Lucid Dreaming, V15, à Bishop. “Je n’avais jamais eu de projet au sens strict du terme jusqu’à présent”. Pour ce highball sur le fameux Grandpa Peabody, il a travaillé les mouvements pendant 6 jours de suite, puis après une journée de repos, a commencé à faire des essais “sérieux”. Sur le dernier essai de la journée, il s’est steaké et a dû encore prendre deux jours de repos pour que la peau se régénère. Le steak ne s’était pas complètement refermé mais Alex Megos n’en pouvait plus de tourner en rond. Alors il a strappé et il a fait la croix !
Voici donc les quelques conseils d’Alex pour faire la croix vite et bien !
Ne pas trop pinailler
Parfois il est nécessaire de caler toutes les méthodes à la perfection mais parfois aussi, la meilleure solution c’est d’avancer comme ça vient, même si ça paraît dur, en étant convaincu que ça va marcher. Ne vous dispersez pas trop dans les détails, grimpez vite, allez de l’avant, à travers les difficultés !
Améliorer la vitesse et la continuité
Quand on veut faire la croix, le temps est peut-être le facteur le plus limitant, celui qui, bien souvent, fait la différence entre réussite et échec. Apprendre à grimper vite est donc déterminant mais aussi développer la continuité pour pouvoir durer plus longtemps.
Être positif
Depuis toujours, je n’ai jamais laissé le doute s’insinuer dans mon esprit. Le mantra de tout grimpeur, qu’il soit débutant ou plus fort, ça peut donc être ceci, n’avoir aucune expectative quant au résultat, que ce soit en bien ou en mal. Se concentrer sur chaque mouvement pour bien le faire. Si vous doutez de vous-même, la bataille est perdue d’avance. Soyez confiant et conscient de vos atouts.
Limiter le stress
Si je réfléchis trop avant un essai à vue, ça génère un stress inutile. Ce stress induit de la nervosité qui peut me faire faire des erreurs bêtes. J’essaie donc de gérer mes émotions et je fais en sorte de rester calme. J’ai fait Estado critico à vue presque par accident, réalisant seulement dans les derniers mètres ce que j’étais en train d’accomplir !
Se faire plaisir
Si vous ne faites pas abstraction des aspects les plus stressants de l’activité (les cotations, les attentes, la compétition), vous perdrez de vue l’essentiel : le plaisir ! Vous laisserez s’émousser la motivation et l’enthousiasme dont vous avez pourtant besoin pour être performant. La beauté de l’escalade, c’est que lorsque vous commencez à ressentir de la frustration, il y mille autres choses auxquelles penser dans l’activité !
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