Qu’attendez-vous des JO de Paris 2024 ?
L’escalade figurera en bonne place dans le programme des JO de Paris 2024, avec plusieurs médailles décernées (en combiné mais aussi en vitesse). Quelles conséquences auront les Jeux sur le microcosme de l’escalade ? Y aura-t-il un effet “waouh” pour les salles, les magasins spécialisés, les fabricants, les fédérations ? La Fabrique verticale s’est intéressée aux retombées potentielles de cet événement et vous propose ce premier volet d’une série intitulée : qu’attendez-vous des Jeux ?
Dans ce premier volet de notre série qu’attendez-vous des JO de Paris 2024 ?, La Fabrique verticale a d’abord souhaité donner la parole aux grands réseaux français de salles d’escalade. Nous sommes donc partis à la rencontre de plusieurs acteurs majeurs du secteur : Arkose, Climbing District, Climb Up. Mais aussi plus globalement l’Union des Salles d’Escalade et l’Union Sport & Cycle.
Les retombées potentielles
Un premier constat s’impose. Certains professionnels et observateurs s’attendent à d’importantes répercussions là où d’autres anticipent finalement un impact plus mesuré. Alors oui, Paris accueillera les célèbres olympiades en 2024. Mais si l’heure est à l’euphorie chez les organisateurs, les retombées économiques pourraient être plus mitigées qu’on ne l’imagine. En tout cas dans les grands réseaux de salles français.
Toutefois, en toute logique, le rayonnement national et international de l’escalade lors des JO de Paris 2024 devrait inciter jeunes et moins jeunes à venir découvrir l’activité dans les salles. C’est en tout cas le pari que fait François Petit, à la tête du réseau Climb Up. “Cela va apporter une nouvelle dynamique dans le secteur avec une croissance du marché plus importante que les années précédentes”.
“Et même si nous avons [déjà] une croissance annuelle naturelle de 10 à 20% dans nos salles, rajoute-t-il, nous estimons un boost supplémentaire de 5% avec l’effet JO. Ce qui me paraît prudent… Tout cela dépendra [bien sûr] des médailles françaises !”. Il reconnaît toutefois que sa clientèle, dans son ensemble, semble peu intéressée par les Jeux.
“[En effet], notre clientèle est jeune et très volatile (16-30 ans), explique François Petit. Ce ne sont pas des compétiteurs à [proprement parler]. [À titre d’exemple], 10% seulement font du 7a et +. [En fait], ils viennent plutôt pour faire des rencontres et [à ce propos], votre sujet pour la Saint-Valentin était pas mal !”.
Accessibilité et fréquentation en Août
Par ailleurs, plusieurs inquiétudes se font jour. Elles sont liées à la période où vont se dérouler les JO. En effet, l’organisation globale et les perturbations qui semblent se profiler dans les transports en commun à Paris font craindre des problèmes d’accessibilité aux salles. C’est ce qu’évoque Gregoire de Belmont du réseau Arkose. “On redoute la période de l’été et l’impact des JO sur le business parisien…”.
Constat partagé par Henri d’Anterroches à la tête des salles Climbing District. “ En Août, à Paris, c’est vide. Les Parisiens sont à la plage, si ce n’est à la montagne. Admettons qu’une partie des clients reste pour les JO, je ne pense pas que nous connaîtrons une hausse significative de la fréquentation, même avec les touristes. Mais on peut avoir de bonnes surprises certains jours. C’est très difficile à prévoir”.
À première vue, et sans réfléchir, on pourrait s’attendre à un effet d’aubaine pour le tissu économique. Car la présence de l’escalade au programme des JO de Paris 2024 serait plutôt de nature à drainer des pratiquants. Mais est-ce si moteur ? Pour Virgile Caillet, de l’Union Sport & Cycle, “la question centrale sera plutôt : est-ce que l’on sera capable d’accueillir tous les jeunes grimpeurs qui pourraient se presser au pied des murs ?” !
Les Jeux de Tokyo ont-ils joué en faveur de la fréquentation dans les salles ?
De manière unanime, les professionnels de la branche sont d’accord pour dire que l’excellente santé du marché des salles d’escalade actuellement et l’effet de mode dont jouit l’escalade est sans rapport direct avec l’arrivée de la discipline aux JO. C’est un phénomène sociologique plus global. Comme le souligne Ghislain Brillet de l’Union des Salles d’Escalade, “nous ne pouvons pas dire que nous avons eu un effet Jeux Olympiques sur la fréquentation des salles d’escalade au moment des Jeux olympiques de Tokyo”.
Un constat partagé par François Petit. La présence de l’escalade aux JO de Tokyo n’a pas vraiment généré une nouvelle clientèle. “Car c’était en septembre 2021, dans des moments compliqués post COVID. [En fait], c’est plutôt après les Championnats d’u Monde’Europe de Munich en août 22 que nous avons vu un boom dans nos cours enfants ! Car l’événement était bien médiatisé sur les chaînes de France Télévision”.
“Difficile d’imaginer que l’impact [des JO] puisse être négatif”, nuance néanmoins Ghislain Brillet. “Mais honnêtement une émission comme Ninja Warrior ou des salles de fun Climbing comme Hapik, ont fait beaucoup plus pour booster la fréquentation des salle d’escalade que les JO de Tokyo”. Toutefois, tout ce qui apporte de la visibilité pour l’escalade est bien évidemment vu d’un bon œil par les professionnels du secteur.
Les JO de Paris 2024 vs le profil sociologique des néo-grimpeurs
Comme La Fabrique verticale a déjà eu l’occasion de l’expliquer, le fait que l’escalade – et en particulier le bloc – soit devenu hype, est finalement une tendance de fond. On pourrait la qualifier de sociétale. Pour Henri d’Anterroches, elle correspond à une évolution récente, “un réel besoin de rencontres, d’échanges, de pratiques sportives et des nouveaux lieux qui vont avec”.
“Le sport de compétition, surenchérit Ghislain Brillet, de l’Union des Salles d’Escalade, [c’est-à-dire] le sport de sélection, le sport de sacrifice, véhicule de moins en moins les valeurs de la jeunesse actuelle qui est à la recherche d’inclusivité, de bien-être et de santé. Nos salles d’escalade sont aussi des lieux de vie, des lieux de socialisation et de bien-être. Il se trouve que c’est ce que recherchent nos clients.”
Pour François Petit, “la progression exponentielle de l’activité est plutôt due à notre activité en elle-même. L’escalade permet du bien-être physique, psychique et social pour tous. C’est même la raison d’être de Climb Up. Car les jeunes (et moins jeunes) ont besoin d’échanger, de se retrouver… Dans des lieux de vie et de rencontre. Surtout post COVID, où nous avons tous été confinés chez nous…”.
JO de Paris 2024 : l’effet de la médiatisation sur la fréquentation à long terme
Poursuivant sa réflexion, Ghislain Brillet soulève d’ailleurs une question intéressante quant à la perception des JO par la jeune génération. “Il semblerait que, d’un point de vue accessibilité, manque d’inclusivité, problématiques environnementales, non-pérennité des installations, organisation patriarcale du CIO… Tout ceci éloigne la jeunesse de l’olympisme qui, semble-t-il, est perçu aujourd’hui comme un truc de boomers”.
Toutefois, la médiatisation et le coup de projecteur mis sur les athlètes est plutôt vue de manière positive. “Disons que nos athlètes, Mejdi [Schalk] et Oriane [Bertone], sont hyper suivis sur les réseaux. Et aussi quand ils viennent dans nos lofts, poursuit Gregoire de Belmont. Leur popularité est en partie liée aux JO. Donc, à ce niveau, oui, on peut dire qu’une partie de notre clientèle s’intéresse aux Jeux. Mais c’est tout. Et ça reste la frange éduquée des grimpeurs. C’est-à-dire celle qui se tient au courant.”
Pour Henri d’Anterroches de Climbing District, la présence de l’escalade aux Jeux permet “une très belle mise en avant des sportifs et des fédérations. C’est certain qu’à ce niveau, ça a déjà (et ça aura encore plus [avec Paris 2024]) un impact. [Mais] je crois [surtout] qu’au final, nous aurons plus probablement un effet de longue traîne, qui sera décuplé si nous remportons des médailles”.
Le contexte des Jeux aide-t-il pour monter une salle d’escalade ?
Là encore, les avis sont partagés. Oui, répond François Petit pour Climb Up. Mais il nuance. “C’est surtout parce que nos chiffres sont meilleurs que les 3 années précédentes”. Non, estime de son côté Henri d’Anterroches :“[les Jeux n’ont] rien à voir avec ça. Lever des fond dans le contexte actuel est difficile”. L’enseigne vient pourtant de faire une levée de fonds de de 10 millions d’euros auprès de la société de capital-risque Pléiade Venture et de 123 Investment Managers.
En 2024, Climbing District ambitionne d’ailleurs de s’implanter à Milan et à Londres et d’ouvrir trois nouveaux établissements à Paris et en petite couronne. “Les JO ne facilitent pas une levée de fonds. C’est bien pour la comm’. Un investisseur regarde un marché, la structure et le management de l’entreprise dans laquelle il investit et son retour sur investissement. Ce sont des choses bien différentes et déconnectées des épiphénomènes. ”
Merci aux réseaux Climb Up et Climbing District pour les photos mises à disposition
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