L’escalade comme thérapie
L’escalade, une expérience intime et primitive. Être suspendu à 20 mètres du sol, avec les bras farcis, la sueur qui perle au front, incapable d’avancer et de terminer une voie, voilà une expérience stressante. Mais elle peut être riche d’enseignements.
Pourquoi ? “Parce que la chute et l’échec sont des valeurs à découvrir, surtout dans notre société dominée par la demande tyrannique d’être en permanence performant.” C’est ce que montrent deux psychothérapeutes italiens, Marco Graver et Chiara Scialanca, spécialistes en bioénergétique et en analyse transactionnelle. Depuis 2012, ils organisent à Rome des séances d’escalade comme thérapie, en association avec le grimpeur Giorgio Tuscolano.
L’escalade peut être pratiquée par ceux qui sont suivis en psychothérapie et qui n’ont jamais grimpé, mais aussi par ceux qui veulent simplement participer à des journées à thème, consacrées à l’anxiété, la peur ou la dépendance affective, qu’ils soient grimpeurs ou non.
L’idée de combiner deux activités apparemment lointaines – l’une très physique, l’autre totalement mentale – découle de la conviction que “l’escalade met les gens en contact avec des thèmes récurrents dans la psychothérapie comme la régulation des émotions : la peur, la colère, l’impuissance, l’orientation vers des objectifs, la gestion de la frustration, de l’autonomie, de la dépendance ou de la confiance en soi”, précise Chiara Scialanca.
Le ratio de “contact avec la paroi” et de “contact avec soi” est “le tremplin et le point de départ pour la construction du modèle thérapeutique proposé”, souligne l’analyste. “L’escalade est une expérience intime et primitive”.
Une expérience intime et primitive
“Intime – poursuit Chiara Scialanca – car elle permet de ressentir des émotions et des sensations sur un mode amplifié ; des émotions et des sensations que nous pouvons facilement rattacher à la vie, d’un point de vue métaphorique, qui faite d’objectifs, de passages difficiles, de succès et d’échecs. Primitive parce que nos racines sont constamment en contact avec la nature et que nous devons sans cesse nous y adapter, et c’est la même chose lorsque nous grimpons et lisons le rocher.”
Un processus qui souligne l’importance de “l’éducation à l’expérience de la peur, de la vacuité, des limites”. L’escalade comme thérapie vise à récupérer la capacité à reconnaître et à gérer la peur dans toutes ses nuances, voire la panique. Notre travail peut donner un sens, et donc de la maîtrise, à l’expérience du vide, que ce soit le vide au sens strict du terme ou plus largement le vide existentiel ou émotionnel”.
Après tout, ajoute la psychothérapeute, le corps, l’esprit et l’émotion parlent un langage qui “appartient à tout le monde, même si beaucoup l’ont oublié. Pour comprendre cela, nous devons restaurer la confiance et le lien avec notre part sensible, l’intégrer à notre rationalité. L’escalade comme thérapie facilite cette intégration parce que, en grimpant et en cherchant atteindre un objectif, la personne est amené à gérer tous ces aspects et à les relier entre eux, sans en nier l’importance respective”.
Très pertinent en effet.. on avance dans la vie comme dans les voies! faire des projets, se donner les moyens d’atteindre ses objectifs, se lancer, réussir ou échouer, comprendre, relativiser, … définir ses priorités… avancer toujours et ne garder que le meilleur! pour mieux le partager bien sûr… le bénéfice de l’escalade est indéniable à tout niveau, sur le plan physique et psychologique. Merci pour vos articles très intéressants et bien documentés…