A vue : les tactiques imparables pour faire des croix
Rien de tel que d’être dehors ! Surtout avec les beaux jours… En fait, à La Fabrique verticale, nous sommes des falaisistes de longue date. Alors, nous sommes convaincus que nous pouvons vous donner quelques conseils utiles 😉 Donc voici les tactiques imparables pour faire des croix a vue.
A vue ou après travail, les deux approches se défendent. Car le après travail permet d’enchainer des voies plus difficiles sur le papier. En tout cas, si on regarde la cotation absolue. C’est pourquoi elle est souvent privilégiée par les grimpeurs en quête de croix. Pourtant la grimpe a vue est aussi une forme très intéressante de la pratique.
Contrairement au après travail, le a vue ne laisse aucun droit à l’erreur. En effet le challenge est maximal. Car on n’a droit qu’à un seul essai pour enchaîner. Avant tout il va vous falloir un bon feeling. Plus une lecture de sioux pour décrypter, du premier coup et dans le feu de l’action, toutes les séquences de mouvements. La Fabrique Verticale vous donne quelques astuces pour améliorer vos qualités a vue.
A vue, pas facile après la coupure de l’hiver
D’une manière générale, réussir un a vue à sa limite en falaise se fait rarement en claquant des doigts. Sauf coup de bol exceptionnel ou voie spécialement binaire et facile à lire… Mais c’est encore plus difficile quand on n’a pas pu grimper en extérieur pendant une période donnée. Comme cela a pu vous arriver pendant l’hiver.
Donc plus que jamais, il va vous falloir mettre en œuvre un certain nombre de stratégies, sous peine de tomber avant d’avoir épuisé toutes vos réserves physiques, ce qui peut s’avérer frustrant… Le a vue en falaise est complexe et nécessite une phase d’adaptation. Surtout si vous fréquentez majoritairement les salles.
A vue dehors, les principales difficultés
A priori, la falaise se prête moins à une observation du bas que les voies sur mur. Effectivement, il y a plusieurs contraintes :
- la hauteur
- le relatif manque de recul dont on dispose au pied des voies
- la complexité du rocher et de l’homogénéité des couleurs qui ne facilite pas la prise d’information (ah ! la magnésie sur le rocher blanc…).
Par conséquent, la lecture du bas reste importante à réaliser au préalable. Mais elle devra nécessairement être complétée par des informations prises au cours de la tentative a vue. Car on trouve parfois des repos qu’on n’avait pas imaginé !
Bien lire le topo
Souvent, le choix de la voie est le premier pas vers la performance. Alors, épluchez bien le topo et notez les infos importantes que vous pourriez y glaner. Tout d’abord, la cotation qui évidemment devra être adaptée à votre niveau de forme du moment.
Par ailleurs, le nombre de dégaines est parfois indiqué, ainsi que le style de la voie. Par exemple en force ou en continuité. Ou potentiellement morphologique. Enfin, notez qu’un nom de voie n’est jamais anodin… A priori une voie qui s’appelle Piège à cons, par exemple, est rarement facile à cocher pour sa cotation. On vous aura prévenu…
Repérer la ligne que vous souhaitez essayer
Ensuite, une fois votre choix arrêté, repérez bien la voie en question. C’est-à-dire son démarrage, son cheminement général et l’emplacement de son relais. Ainsi, s’il y a beaucoup de lignes très proches les unes des autres, ou des voies qui se séparent en fourchette avec un départ commun, soyez attentif. Car cela vous évitera d’aller vous fourvoyer dans l’abomination située juste à côté de la voie que vous vouliez essayer…
Prendre le plus d’informations possibles sur le matériel nécessaire
Avant tout, comptez le nombre de dégaines à prendre (s’il n’est pas indiqué dans le topo). Car c’est inutile de vous charger de 14 dégaines si la voie ne comporte que 8 points… A contrario, arriver deux points sous le relais et s’apercevoir qu’on n’a plus de paires est assez râlant !
De plus, repérez précisément l’emplacement des ancrages. Ainsi que la présence d’éventuelles “chasses d’eau” (longues cordes qui pendent à partir d’un point). Parce que cela indique souvent la présence d’un crux d’où il est difficile de mousquetonner. Par ailleurs, checkez s’il y a déjà des dégaines en place. En passant il ne sera pas inutile d’en vérifier l’état de vétusté…
Enfin regardez aussi près des points s’il y a des prises évidentes à partir desquelles vous pensez pouvoir cliper.
A vue, des observations essentielles
Toutes ces précieuses informations glanées depuis le bas vont vous permettre d’aborder plus sereinement la voie. Elles vont déterminer non seulement le nombre de dégaines mais aussi leur positionnement à droite ou à gauche sur votre harnais. Enfin, si la voie navigue beaucoup ou franchit des petits toits, l’observation préalable vous permettra de vous munir de dégaines longues pour vous éviter le tirage.
Repérer les points de repos éventuels
Toutes les zones dans lesquelles il y a beaucoup de magnésie sont intéressantes à localiser : les volumes, les concrétions, les colonnettes, les gros trous, bref tout ce qui est caractéristique et pourra peut-être constituer un point de décontraction pour récupérer et observer la suite (pensez aux coincements de genoux, lolottes, verrous, combines en tout genre pour lâcher les mains et vous refaire une santé).
Regarder la voie depuis différents angles de vue
N’hésitez pas à vous décaler à droite ou à gauche. Puis à vous reculer, pour prendre le maximum d’infos et identifier les prises. Ainsi une prise peut sembler bonne regardée depuis le bas. Mais en se décalant latéralement, on s’aperçoit que ce n’est qu’un plat et non le bac tant espéré.
En procédant ainsi, vous aurez peut-être l’occasion aussi de repérer une prise cachée derrière un angle ou une arête et vous aurez une vision plus précise de l’inclinaison de la voie. Observez aussi toutes les éléments extérieurs (arbustes, résurgences, grimpeurs dans les voies d’à-côté…), ils vous aideront à évaluer les distances entre les prises ou à vous souvenir d’une prise que vous aviez repérée.
Certains grimpeurs de haut-niveau n’hésitent pas à se munir de jumelles pour observer précisément les prises sommitales des voies qu’ils souhaitent essayer a vue ! Too much ou why not ? À vous de juger !
Mémoriser
En conclusion, toutes ces informations ne vous seront réellement utiles que si elles sont bien en mémoire, clairement imprimées. Donc, avant toute tentative, une phase de mémorisation et de visualisation mentale vous permettra de vous programmer, en vue de la réussite de ce a vue.
Aussi, c’est un bon moyen de se relaxer et d’aborder la voie dans de bonnes dispositions d’esprit. Évidemment, ceci sera surtout efficace si la lecture du bas vous a permis de décrypter d’importantes séquences de mouvements. En particulier celles qui concernent le départ de la voie. Sinon, si vous n’avez pas vu grand chose, il faudra compter sur l’intuition !
Retrouvez très prochainement la suite de notre dossier consacré à la lecture, avec des stratégies à mettre en œuvre pendant la tentative a vue !