Image corporelle : existe-t-il un corps idéal pour l’escalade ?
Si vous regardez autour de vous à la salle, vous verrez différents types de corps. Mais dans l’ensemble, ce qui ressort, c’est que ce sont des physiques avec moins de graisse corporelle et plus de muscles, en moyenne, que la population générale. Alors, comment cela affecte-t-il une personne lorsqu’elle passe beaucoup de temps à la salle en termes d’image corporelle et d’estime de soi ? Et au fait, y a-t-il réellement un type de corps idéal pour l’escalade ?
En tant qu’êtres sociaux, la plupart du temps, nous nous comparons les uns aux autres. Ce n’est pas forcément souhaitable mais c’est humain. Et il semble qu’en l’escalade, ce ne soit pas différent. Du coup, de nombreux grimpeurs peuvent avoir le sentiment de ne pas avoir le bon type de corps pour l’escalade. Alors ils expriment le souhait d’être plus minces, plus grands ou plus musclés. Ils regardent les corps des grimpeurs professionnels qu’ils admirent, ou les autres grimpeurs de leur salle et pensent : “Est-ce ce à quoi je dois ressembler pour être un bon grimpeur ?”
Pour dégrossir le sujet (c’est le cas de le dire ;-)), définissons d’abord ce que cela sous-entend. Dans un sondage publié sur un site anglo-saxon, consacré à la perception de l’image corporelle chez les grimpeurs, une des personnes interviewées a répondu : “Je me sens incitée à être plus mince pour l’escalade. Je suis musclée. Et je ne serai probablement jamais mince. En réalité, je pense que cela me limite… Parce que je n’ai pas ce corps classique de grimpeuse mince, filiforme…”.
Image corporelle et représentations
Ceci résume bien la situation. On le voit bien, le “bon” type de corps pour les femmes dans les représentations classiques véhiculées par la communauté des grimpeurs, serait quelqu’un de musclée mais pas massive, avec peu de graisse corporelle. Ce qui a tendance à générer des troubles du comportement alimentaire pour tendre vers cet idéal. Pour les hommes, les représentations sont similaires, à ceci près qu’elles sont peut-être un peu moins axées sur la légèreté. Bref, de bons gros biceps, des pectoraux et des épaules larges, des jambes pas trop développées, des abdos saillants, le tout avec peu de graisse corporelle. Mais d’où vient cette idée ?
Évidemment, on ne va pas se mentir, les muscles vous aident à grimper. Et la graisse constitue un poids inutile. En résumé, moins on pèse, plus il est facile de se hisser vers le haut, n’est-ce pas ? Bien sûr. Mais cet idéal physique avec un super rapport poids/puissance n’est pas aussi facile à atteindre ou à maintenir pour chaque personne. Certains d’entre nous prennent rapidement du muscle. D’autres ont plus de mal. Et certains d’entre nous ont plus tendance à stocker la graisse.
Prenez trois personnes et faites-les manger et s’entrainer exactement de la même manière. À l’arrivée, leurs corps vont tous réagir différemment. Donc, ceci étant dit, comment ce concept de corps idéal affecte-t-il ceux d’entre nous qui ont plus de difficultés à l’atteindre ou à le maintenir ? Quel impact tout ceci a sur l’estime de soi ?
Accepter son corps
Mentalement, cette idée peut être redoutable pour le psychisme. Dans l’ensemble, les pratiquants estiment que l’escalade améliore leur image corporelle. Mais une partie significative de notre communauté ressent une pression, à la fois interne et externe, pour avoir un certain type de corps. Sans doute ne serait-il pas préjudiciable pour les grimpeurs de tenter d’adopter une attitude plus bienveillante envers eux-mêmes et envers les autres dans leurs paroles et leurs actions.
En fait, l’escalade nous enseigne une grande leçon : il n’y a pas de type de corps parfait. D’ailleurs, même à haut niveau, on observe différents types de grimpeurs et de grimpeuses. Grands. Petits. Maigres. Charpentés… Bref, chacun s’adapte et trouve des solutions, en fonction de sa morphologie. Les grimpeurs apprennent rapidement que certaines morphologies avantagées dans une situation donnée rendent d’autres situations plus difficiles. Par exemple, les grimpeurs les plus grands sont avantagés dans les mouvements d’allonge mais en difficulté quand il s’agit de se regrouper ou de gainer les pieds dans de forts dévers.
L’escalade est un sport d’adaptation par excellence. Donc c’est à chacun d’imaginer des solutions en fonction de son propre corps. Il est facile de se laisser influencer et de subir toutes sortes de pressions extérieures. Mais ce serait oublier cette vérité sur notre sport, probablement l’une des choses qui attirent tant de personnes vers lui ! Enfin, la prochaine fois que vous vous surprenez à critiquer votre propre corps, réfléchissez à l’origine de ces pensées négatives et comment cela pourrait vous affecter, en termes d’estime de soi.