La bière est-elle vraiment bonne pour la récupération ?
Ah, une bière bien fraîche… Voilà un véritable rituel que beaucoup de grimpeurs ne sacrifieraient pour rien au monde après une bonne journée en falaise ! Au-delà de la sensation de plaisir et de convivialité qu’elle procure, certains ajoutent que la bière serait une excellente boisson pour la récupération. Alors idée reçue ou pas ? La Fabrique Verticale fait le point accoudée au comptoir.
La bière est une des boissons les plus consommées au monde. Boisson alcoolisée, elle est obtenue par fermentation, à partir d’eau, de malt (céréale germée, généralement de l’orge mais aussi parfois du froment ou de l’avoine), de houblon et de levure. Cette fermentation produit de l’alcool et du gaz carbonique. En France, on note généralement la bière par son degré d’alcool (2,2° pour les bières dites de table et jusqu’à 5° et plus pour les bières dites de luxe).
Les effets sur la santé
En Grèce antique, Hippocrate utilisait cette boisson, déjà connue, pour faciliter la diurèse et combattre la fièvre. Au Moyen-Âge, elle était réputée pour stimuler l’appétit. Elle remplaçait aussi avantageusement l’eau, souvent contaminée en ce temps. Au XIXe siècle, elle était encore fabriquée et vendue en pharmacie. Et parée de diverses vertus. Oui, mais aujourd’hui ?
Apports nutritifs de la bière
La teneur en calories d’un verre de bière blonde (33cl) est de 90 à 120kcal. Elle est déterminée par la quantité de sucres fermentés et par l’alcool présent. L’alcool (5° en moyenne pour une blonde) est hypoglycémiant. Il apporte des calories et influence la consommation d’autres substances alimentaires.
Du côté des points positifs, la bière est riche en vitamines B, en raison des levures ajoutées pendant le brassage. On y trouve également des flavonoïdes, en particulier l’apigénine qui aurait des propriétés anti-inflammatoires. Et divers oligo-éléments et minéraux qui ont une influence sur le goût et la densité de la mousse : beaucoup de potassium, du fer, du silicium et du chrome. Attention toutefois, une bière filtrée ou clarifiée perd beaucoup de ses qualités nutritives.
Bière et récupération
Vient la question décisive : la bière est-elle vraiment utile pour la récupération ? Car c’est un alibi souvent facile pour s’envoyer une bonne petite binch’ après une séance. En fait, pour récupérer après un effort, l’organisme a surtout besoin d’eau, des sels minéraux, de glucides et de protides, et bien sûr de sommeil. Quid de notre petite binouze par rapport à ces différents aspects ?
Du point de vue de la réhydratation, elle a tout faux ! Aïe, ça commence bien… En effet, même si elle contient 90 % d’eau, ce qui explique son caractère rafraîchissant, notre petite mousse est diurétique. Elle aura donc plutôt tendance à accentuer la déshydratation liée à l’effort qu’à compenser les pertes hydriques. Mieux vaut donc boire de l’eau, à plus soif, après une séance d’escalade, qu’une tournée de chopines…
1664 raisons de ne pas boire de la bière après l’effort, ou presque
Du point de vue des sels minéraux, des glucides et des protides, là encore : mauvaise nouvelle ! La bière n’en contient pas suffisamment pour qu’il y ait un quelconque effet sur la récupération. De plus, l’alcool qu’elle contient perturbe la régulation de la glycémie, ce qui n’arrange pas les choses. Enfin, sa consommation a un impact néfaste sur la thermorégulation et sur les cycles du sommeil, car c’est un puissant stimulant du système nerveux…
Vade retro, cerveza
Contrairement aux idées reçues, cette boisson si prisée des grimpeurs s’avère donc plutôt inadaptée pour la récupération. À part bien sûr, le plaisir et les moments de partage qu’elle procure après une bonne journée d’escalade, rien ne plaide en sa faveur. Du moins d’un point de vue strictement scientifique.
Par contre, l’un de ses composés, la levure de bière, est idéal pour bénéficier des bienfaits de la vitamine B, sans les inconvénients cités précédemment… Je vous l’accorde, c’est moins fun. En résumé, rien n’empêche bien sûr de savourer une bonne bière après grimper. Mais avec modération, on est bien d’accord, et en ayant conscience de sa réputation très surfaite en matière de récupération 😉
Quid de la relaxation et de la baisse de tonus induits part l’alcool?