L’ouverture à Climb Up, le nerf de la guerre

Bien souvent, la qualité de l’ouverture fait le succès d’une salle. C’est pourquoi La Fabrique verticale a souhaité discuter avec les ouvreurs qui oeuvrent dans les salles Climb Up Cergy et Climb Up Aubervilliers, pour connaître leurs petits secrets. Rencontre avec Charles et Theo, qui concoctent les voies et les blocs de ces deux grandes salles parisiennes, unanimement plébiscitées par les pratiquants.

Le réseau Climb Up ne cesse de s’étoffer. Récemment, plusieurs grosses salles ont vu le jour en Région parisienne, comme celle d’Aubervilliers ou celle de Cergy. Dans un contexte ultra concurrentiel, avec une offre pléthorique en bloc, comment se démarquer des autres enseignes ? Quelle est la philosophie des ouvreurs ? Éléments de réponse avec Charles et Theo.

Quelles sont les problématiques d’ouverture auxquelles vous êtes confrontés à Climb Up Aubervilliers et Cergy ?

La première problématique à Cergy, c’est qu’il y a un niveau assez hétérogène. D’une part, on a beaucoup de nouveaux grimpeurs qui découvrent l’escalade, et à côté il y a des forts grimpeurs de chez BO. Il faut donc trouver un équilibre pour donner à manger à tout le monde. Mais je pense que toutes les salles parisiennes ont le même soucis. Peut-être ce qui nous concerne un peu plus, c’est la formation des nouveaux grimpeurs en difficulté.

Quel est le turn over idéal de renouvellement des blocs selon vous ?

À Cergy, le mur de bloc est relativement petit. Les grimpeurs n’ont donc pas beaucoup de blocs à travailler. Donc, selon moi, il faudrait renouveler entièrement le bloc en 1 mois (soit 3 blocs par couleurs par semaine).

Quelle proportion de blocs sont destinés aux débutants par rapport aux blocs de niveau intermédiaire et aux blocs extrêmes ?

Voici notre répartition des blocs. Les blocs roses et jaunes sont destinés aux débutants. Le niveau intermédiaire est le niveau le plus représenté dans la salle. C’est là où il y a le plus de grimpeurs. Donc ce sont les blocs que je peaufine le plus à l’ouverture. Enfin, les blocs durs (blancs et noirs) sont un peu moins nombreux. Je pourrais en rajouter quelques uns dans le circuit 😉

Voici la répartition des voies. Là encore, la cotation la plus représentée est le 6a (le niveau intermédiaire). Les grimpeurs dans ce niveau sont largement majoritaires dans notre fréquentation à Cergy. On voit quelques trous à combler dans cette jolie courbe gaussienne. Dans l’absolu, il manquerait 5 voies en 5c et 2 ou 3 voies en 7c, je vais y travailler !

Combien d’ouvreurs oeuvrent dans vos salles ? Comment sont-ils formés ?

Aujourd’hui je suis le seul ouvreur à Climb Up Cergy. D’ailleurs, si un ouvreur me lit, il est le bienvenu ! Pour être formé il y a plusieurs solutions : Climb Up a créé la Climb Up Académie, c’est une formation qui dure 6 mois, à raison de 35h par semaine. La prochaine édition de la Climb Up Académie arrive bientôt, restez connectés.

On peut aussi former les personnes motivées au sein des salles, c’est super intéressant parce que ton travail est directement testé par les clients qui ne manqueront pas de faire des retours. Le seul problème, c’est que ces formations sont longues et l’on ne peut former que quelques stagiaires par an. Enfin, il y a les Workshop Climb Up, c’est l’occasion de découvrir l’ouverture le temps d’une journée.

Quid du style des bloc ? Que des blocs avec des « coordo » ou aussi des passages un peu plus old school, en tenue de prises ?

(NB : je pose la question parce que parmi les grimpeurs que l’on entraine à distance à La Fabrique verticale et qui cherchent la performance en falaise, cela revient sans cesse, que de faire du bloc en salle ne sert à rien, tellement c’est éloigné, d’un point de vue gestuel, de ce à quoi ils peuvent être confrontés en falaise)

Ta question est intéressante parce que tu me parles du haut niveau, mais la question du style des blocs pour moi elle se pose à tous les niveaux : est ce que dans le Vert tu ne grimpes que des échelles ou on parle déjà de style ?

Voilà ce que je propose en bloc à l’heure où j’écris :

On remarque que dans les niveaux faciles (vert et bleu), je privilégie des qualités techniques. En clair, mon objectif c’est de faire en sorte que les grimpeurs qui débutent utilisent plus leurs pieds que leurs bras. Dans les niveaux intermédiaires (violet, rouge et blanc), c’est de nouveaux curseurs qui apparaissent.

En particulier la tenue de prise et les fameuses coordinations. C’est une réalité aujourd’hui, toutes les coordinations bras, jambes, etc… font partie de la palette gestuelle qu’un grimpeur complet doit connaitre. Par contre les blocs extrêmes, dans le noir, ne demandent pas tant de coordination. Mais je pousse les autres curseurs à fond.

Avec un nombre important de salles de bloc sur Paris, comment se faire sa place et sa réputation ? Quelle est la stratégie de Climb Up ?

Pour moi Climb Up tire son épingle du jeu grâce à deux choses.

Premièrement : la philosophie de l’entreprise c’est de rendre l’escalade accessible à tous. #GrimperEnsemble. Un exemple, c’est les Olymp’Up. En fait, c’est la compétition que je préfère chez Climb Up. C’est aussi celle que je préfère ouvrir. L’idée, c’est de faire un combiné accessible à tous, avec une catégorie débutant (grimpeur en moulinette) et expert (grimpeur en tête).

NB : la prochaine édition des Olymp’Up aura lieu à Cergy le 3 décembre 😉 Infos ici

Ça fait qu’en finale tu peux avoir, sous le projecteur, des grimpeurs qui ont commencé l’escalade il y a 6 mois et qui ont quand même la possibilité de vivre l’expérience d’une finale. Je connais des compétiteurs qui grimpent depuis des années en compétition et qui n’ont jamais vécu ça !

Deuxièmement : proposer une escalade plurielle. À ma connaissance, Climb Up est le seul à proposer dans toutes ses salles à la fois du bloc, de la difficulté et de la vitesse. Parfois même du fun climbing (escalade ludique). Donc, dans la forme, on propose plein de choses. Et sur le fond, on a aussi le soucis de satisfaire tout le monde. Ta précédente question le montre, on essaie de proposer tous les styles d’escalade.