Ouvreur en salle : un nouveau métier, de nouvelles contraintes
L’escalade en salle est passée en quelques années d’un petit sport de niche à un véritable phénomène de masse. En témoigne le développement des grands réseaux sur tout le territoire. Le maillage des salles devient de plus en plus resserré dans les zones urbaines. Un nouveau métier est donc apparu : celui d’ ouvreur en salle, qui requiert des compétences spécifiques, en termes de gestuelle et de création évidemment, mais aussi en termes de gestion de la sécurité.
Ouvreur en salle : un nouveau métier, de nouvelles contraintes. Des voies d’escalade variées, des blocs créatifs et bien réglés : voilà maintenant le principal produit qu’une salle va devoir offrir à ses clients pour les fidéliser. Il ne suffit pas d’avoir une belle structure, un bar cosy et un espace sauna. Il faut aussi que le turn over des voies ou blocs à essayer soit à la hauteur. Et que les itinéraires proposés soient stimulants. Car la concurrence est vive entre les salles. Surtout dans les grandes villes.
En fin de compte, la qualité des lignes vissées va décider le client à revenir ou non à la salle. Cela fait de l’ ouverture l’un des principaux piliers de la réussite d’une salle. C’est ainsi que le métier d’ ouvreur en salle est devenu le nerf de la guerre en très peu de temps. Cela soulève aussi la question de la formation de ces mêmes ouvreurs. Et en corollaire celle de la gestion de la sécurité.
En fait, les gestionnaires de salle sont confrontés à une double contrainte. D’une part, pouvoir proposer de plus en plus de nouveaux itinéraires pour leur clientèle. D’autre part, assurer la sécurité des salariés qui oeuvrent à la création de ces itinéraires et qui, de fait, évoluent en hauteur. Car d’un point de vue légal, on se situe dans le domaine des travaux acrobatiques. Avec toutes les implications que cela peut avoir d’un point de vue juridique, en cas d’accident.
Ouvreur en salle, de nouvelles contraintes
L’établissement de nouveaux itinéraires, notamment pour ce qui concerne les voies, est un domaine très complexe. Les responsabilités sont régies par le code du travail. Visser les prises n’est pas seulement une question d’esthétique du mouvement, de détermination du bon niveau de difficulté et de réflexion sur les positions les plus appropriées pour clipper. Outre le travail créatif, l’ouvreur en salle maîtrise les règles du travail en hauteur et le matériel nécessaire pour assurer sa propre sécurité. Il évolue dans un cadre légal.
Car en cas d’accident, la responsabilité du gestionnaire de la salle (qui est aussi bien souvent de l’employeur de l’ouvreur) est engagée. Bref, pendant de nombreuses années, les ouvreurs ont navigué dans une sorte de flou juridique. Mais désormais les process de création de voies sont très encadrés. Par exemple, il y a toujours plusieurs personnes qui travaillent en même temps. Cela permet d’intervenir rapidement en cas d’accident. “Le travail est programmé et supervisé”, dit la loi. “De telle sorte qu’un secours puisse être immédiatement porté au travailleur, en cas d’urgence”.
La sécurité
La question de la sécurité des ouvreurs est donc devenue un aspect primordial. Toute personne travaillant dans le cadre de l’ouverture de voies en salle doit être formée aux travaux sur corde. Elle “a reçu une formation adéquate et spécifique aux opérations envisagées et aux procédures de sauvetage”. Toujours selon le code du travail (articles R. 4141-13 et R. 4141-17). Cette formation à l’utilisation ou de la maintenance des équipements de travail doit être renouvelée et complétée aussi souvent que nécessaire pour prendre en compte les évolutions de ces équipements (article R. 4323-3).
L’ ouvreur en salle est donc censé connaître le maniement du matériel de sécurité. À savoir, l’utilisation de deux cordes distinctes (une corde de travail et une corde de sécurité), des poignées et système autobloquant spécifique aux travaux acros (c’est-à-dire pas un Grigri, qui a été détourné dans ce cadre, mais dont ce n’est pas l’usage en théorie), d’un harnais + un harnais torse (pour éviter le retournement), d’une longe avec absorbeur d’énergie… (article R4329-89).
Le matériel pour assurer la sécurité de l’ ouvreur en salle mais aussi celle des clients
S’ajoutent à cela des équipements classiques dans les travaux en hauteur. Par exemple le casque, les gants, les lunettes de protection… On a vite fait de pendre des corps étrangers dans les yeux, par exemple de la poussière de résine, en dévissant un volume. Les bouchons d’oreille sont utiles (surtout avec une visseuse à chocs). Les chaussures de sécurité sont préconisées également. En particulier quand on évolue au sol. L’idée : éviter tout problème en se faisant tomber une prise ou une caisse sur les pieds.
Pour protéger la clientèle, on établit un périmètre de sécurité dans la zone où les ouvreurs travaillent. Le risque de recevoir une balle perdue, à savoir une prise, une vis, une clé, voire un volume, n’est pas nul. D’ailleurs, la question du transport des prises en hauteur en toute sécurité se pose aussi, évidemment. Car à quoi sert de faire évoluer l’ouvreur dans un cadre hyper sécurisé, si par ailleurs les seaux et les caisses utilisées ne sont pas aux normes… Car l’article R4329-89 précise bien les choses. “Les outils et autres accessoires à utiliser par un travailleur sont attachés par un moyen approprié, de manière à éviter leur chute.”
Le Setter bag Edelrid
Ainsi, dans le domaine du transport sécurisé des prises en hauteur, plusieurs fabricants ont planché sur la question. Et il nous est apparu qu’Edelrid avait su proposer une solution maligne pour gérer la manutention, avec son Setter bag. À La Fabrique verticale, nous avons eu l’occasion de le tester, pour l’ouverture de voies ou de blocs, et l’avons trouvé très fonctionnel.
C’est une aide au transport pratique et sûre pour les ouvreurs de voies en salle d’escalade. Les caisses Eurobox (couramment employées dans l’ouverture pour le rangement et le nettoyage des prises) s’y logent facilement. C’est une réelle solution au quotidien. Car le système peut supporter jusqu’à 150 kg de charge. Plus d’infos ici.
Le Setterbag dispose de découpes aux coins pour plus facilement accueillir les caisses en plastique. Il a aussi des bords renforcés pour augmenter la durabilité. Il possède des sangles securit pour fixer le contenu en hauteur et le hisser. Tout comme des poignées latérales, pour faciliter le transport au sol. Par ailleurs, il peut être suspendu en deux angles pour permettre la fixation de deux Setter Bags conjoints. Il accueille en outre des coffrets d’une contenance de 3L pouvant se scratcher latéralement. On peut y stocker les vis, les clefs, les petits outils, embouts de visseuse, etc. Bref tout ce qu’on a toujours tendance à perdre et à chercher.
Le cas particulier de l’ouverture à la nacelle
Quiconque a déjà eu accès à une nacelle pour l’ouverture s’estime toujours heureux de cette expérience. Car les murs d’escalade sont de plus en plus hauts et surtout surplombants. Quel confort quand on ouvre depuis la nacelle ! Quel gain de temps aussi ! Mais là encore, on utilise des équipements de protection individuelle contre les chutes (EPI). Afin d’éviter les chutes depuis la nacelle par effet de catapulte ou de fouet. On préconise un système antichute composé d’un harnais de sécurité et d’une longe avec absorbeur d’énergie. On se vache lorsqu’on œuvre dans la nacelle. Au passage, la loi régit aussi l’utilisation d’une nacelle. L’ouvreur suit une formation spécifique et passe un permis.
Le cas particulier de l’ ouverture sur échelle
La réglementation précise que d’une manière générale, “il est interdit d’utiliser des échelles, escabeaux et marchepieds comme poste de travail. Il ne peut y être dérogé qu’en cas d’impossibilité technique de recourir à un équipement assurant la protection collective des travailleurs ou lorsque l’évaluation du risque a établi que ce risque est faible et qu’il s’agit de travaux de courte durée ne présentant pas un caractère répétitif” (article R. 4323-63).
La question du “risque faible” et du caractère non-répétitif du travail se pose de manière évidente pour l’ouverture en bloc. En effet, les ouvreurs sont régulièrement amenés à évoluer plusieurs heures jusqu’à 4m de haut, sur des échelles ou escabeaux posés de manière plus ou moins stable sur les tapis. Là encore, la vigilance est de mise. Surtout quand on visse un volume à bout de bras. Les réseaux de salle sensibilisent d’ailleurs leurs employés à ces problématiques. Ils cherchent à mettre en place les process les plus sécurit possibles. Mais on voit bien à quel point cet article de loi est sujet à interprétation.
Photos coll. Climb Up, Edelrid et La Fabrique verticale
Bravo pour ce rappel des regles elementaires de securité. Michel referent securité caf Montbrison