Etat des lieux et perspectives pour les salles d escalade en France
C’est peu dire que les deux dernières années écoulées ont été difficiles économiquement pour beaucoup de secteurs d’activité. Mais bonne nouvelle, la pandémie n’a pas eu raison de l’essor des salles d escalade en France. Les salles se portent bien et les grands réseaux continuent leur développement. Etat des lieux et perspectives.
On aurait pu craindre le pire après deux ans de pandémie placés sous le signe des confinements, couvre-feux et autres fermetures des commerces non essentiels. Fort heureusement, cette période difficile a finalement assez peu impacté l’escalade, qui reste un sport tendance dans les zones urbaines. Et très porteur en termes de développement, à l’approche des Jeux Olympiques de Paris en 2024.
À la rentrée de septembre dernier, les salles d escalade ont plutôt bien redémarré. Et la filière se porte bien, en témoignent toutes les nouvelles salles qui sortent de terre. D’ailleurs, comme l’explique l’Union Sport et cycle, un observateur attentif des évolutions du marché, “les salles privées est l’un des rares secteurs (avec le Padel) à avoir vu son chiffre d’affaires en augmentation sur les 8 derniers mois (vs 2019).”
Les salles d escalade sortent bien leur épingle du jeu
Plus, selon Damien Jacquart, responsable du marketing et du développement, en charge des loisirs sportifs à l’Union Sport et cycle, “ce chiffre d’affaires est même en hausse de +2%” depuis la réouverture des salles à la rentrée de septembre dernier. Alors que les autres loisirs sportifs accusent une baisse globale de 23%. Un constat extrêmement positif par rapport aux autres pratiques indoor. Surtout si l’on considère le contexte anxiogène dans lequel on a pu baigner par moments.
Au passage, il faut noter que les salles de fitness ont été beaucoup plus affectées par la pandémie et la mise en place du pass sanitaire. Elles ont perdu beaucoup plus d’abonnés que les salles d escalade. Ceci s’explique par plusieurs facteurs. D’une part en raison du profil socio-économique des pratiquants d’escalade (des CSP+ pour la plupart, qui en grande majorité se sont fait vaccinés). D’autre part, le boom des activités connectées, qui s’est produit à la faveur des confinements, a aussi joué un rôle.
Un bouleversement des pratiques
Adopté par un grand nombre d’entreprises pour s’adapter aux restrictions sanitaires, le télétravail a modifié le rapport au sport. Beaucoup de pratiquants qui, avant la pandémie, allaient faire du cardio à leur salle de fitness, ont pris l’habitude de le faire soit en extérieur, soit à la maison. Par exemple avec des vélos d’appartement et des applications type Swift. Ils ne ressentent donc plus le besoin maintenant de se réabonner à une salle de fitness…
Bref, on assiste à une véritable mutation et à une explosion des pratiques à domicile. En effet, le télétravail a habitué les Français à réduire leurs déplacements. Et s’est aussi révélé être une belle opportunité pour de nombre de Français de consacrer davantage de temps libre au sport. Sans surprise, les activités nécessitant peu de matériel et d’espace ont été plébiscitées : le yoga (69%), la musculation (65%), le fitness (57%) et le pilates (50%).
L’escalade, qui – elle – nécessite des infrastructures, a été moins touchée par cette tendance. Et les pratiquants ont rapidement retrouvé le chemin des salles. De plus, d’une manière générale, la crise sanitaire a eu un effet positif sur la pratique sportive. En effet, 77% des Français assurent pratiquer autant voire plus qu’auparavant. Une hausse de l’activité physique qui s’explique par un besoin accru d’interactions sociales, suite aux confinements successifs. Et surtout par une attention plus importante portée aux bienfaits du sport sur la santé.
Quelques nuances
Bien sûr, sur les derniers mois, le secteur des salles d escalade a quand même marqué le pas avec l’extrême contagion du variant Omicron (-10% de fréquentation en moyenne sur décembre 21 et janvier 22). Mais la dynamique reste bonne et selon l’Union Sport et cycle, les professionnels sont “très optimistes sur un retour rapide de tous les pratiquants dans les infrastructures”.
Un constat, néanmoins, qui reste à nuancer. Car le nombre élevé de contaminations ces derniers mois, même s’il ne se traduit pas par des formes graves, entraîne toutefois mécaniquement une fréquentation moindre des lieux de pratique, en raison de la période d’isolement à respecter lorsqu’on est testé positif. Une désorganisation que l’on observe aussi dans les entreprises.
Par ailleurs, au moment où le pass sanitaire était encore obligatoire pour accéder aux lieux de pratique, certaines salles en France ont été plus impactées que d’autres. Les disparités géographiques quant à la vaccination expliquent en partie le phénomène. Mais pas seulement. À ce titre les grandes métropoles demeurent plus dynamiques que les villes moyennes.
Les salles d escalade en France : état des lieux
Selon l’Union Des Salles d’Escalade, le syndicat de professionnels qui s’est créé durant la pandémie, la France compte actuellement 170 salles (décompte effectué en avril 2022). Par ailleurs, rien que pour cette année 2022, plus de 20 salles vont sortir de terre. Au passage, notez que la plupart d’entre elles sont de nouvelles salles appartenant à des acteurs déjà existants.
Même constat concernant les salles déjà en activité. La moitié des 170 salles françaises appartiennent à un réseau. L’autre moitié sont des salles indépendantes. Le marché français est le plus structuré du monde. De ce point de vue, les Français font figure de leaders mondiaux. À titre d’exemple, le groupe Arkose est numéro un mondial en terme de chiffre d’affaires avec plus de 20 salles.
Quant à lui, le groupe Climb Up est numéro un en nombre de salles, avec plus de 27, aux dimensions impressionnantes. En témoigne la dernière née du réseau, la salle d’Aubervilliers, dont nous vous avons parlé récemment. De quoi satisfaire la demande ! Car on estime qu’il y a en France plus de 3 millions de pratiquants, que ce soit en salle ou en extérieur. Et 10 millions d’entrées par an dans les salles d’escalade françaises (scolaires, jeunes, adultes) !
Photos © Thomas Caleyron pour le réseau Climb Up