Retexturation des prises : rencontre avec Thomas Candel
Les prises d’escalade, qui jusqu’à présent finissaient au rebut, sont désormais promises à une seconde vie, grâce à la retexturation. Les initiatives se multiplient dans ce domaine. La Fabrique verticale est partie à la rencontre de Thomas Candel, un ouvreur qui a créé Ecume verticale, une entreprise spécialisée dans le regrainage et le reconditionnement des prises et volumes d’escalade.
À La Fabrique verticale, nous avons été les premiers à vous parler des solutions de collecte, de recyclage ou de retexturation des prises ou des volumes qui se mettent, petit à petit, en place en France et en Europe. L’idéal étant bien sûr en amont de produire des prises sur un mode plus respectueux de l’environnement, comme le fait par exemple la société Greenholds aux Pays bas. Ou plus près de chez nous en France, la stat up Ghold.
Mais quid des prises déjà produites en PE ou en PU ? Des volumes et macros qui partent à la benne quand ils sont trop patinés par les passages répétés ? On estime à 50 T de déchets l’impact écologique des salles d’escalade, qui sont dans une logique concurrentielle et se retrouvent donc contraints de fournir toujours plus de belles prises à leur clientèle. Il était donc urgent de mettre en place une filière de reconditionnement des prises, macros en fibres de verre ou des volumes en bois.
La rextexturation, une démarche éco-responsable
Certes plusieurs acteurs oeuvrent désormais dans le secteur du reconditionnement des prises, comme Eco Climb In par exemple. Et un gros réseau de salles comme Climb Up réfléchit en interne, à sa propre retexturation des prises et des volumes. Il faut dire qu’une large prise de conscience a touché le monde de l’escalade. Mais surtout la mise en place de la loi AGEC a aussi fortement contribué à faire évoluer les choses, comme tout ce qui fait mal au portefeuille.
Parmi les différents acteurs du marché, nous sommes partis à la rencontre de Thomas Candel, à la tête de la start up Écume verticale. Ce n’est pas le plus gros. Ce n’est pas celui dont on parle le plus. Mais la démarche est sincère et de qualité. La prestation est basée sur des savoir-faire artisanaux pour favoriser une production locale et aider durablement dans l’entretien des structures d’escalade et restaurer les prises d’escalade usagées.
Comment en êtes-vous venus à créer Ecume verticale ?
Thomas Candel : Je pense que ça a été un cheminement évident… Une fois dans le milieu de la grimpe, j’ai souhaité partager et apprendre la discipline aux autres. Donc je suis devenu entraîneur. Puis j’ai appris à ouvrir pour créer des blocs et des voies adaptées à mes besoins pour encadrer. Maintenant je souhaite réparer les prises d’escalade pour maintenir cet outil de travail dans une super qualité.
Quel est votre credo en la matière ?
Thomas Candel : À ce jour, le point clef est la retexturation. C’est une démarche dans l’air du temps pour les salles et les clubs qui souhaitent entretenir leur structure. Ce sont les premiers concernés par ce sujet. Mais je constate qu’ils ne sont pas encore très informés, même si les choses évoluent peu à peu. Pour aller plus loin j’ai mis en place ma boutique en ligne de vente de prises d’escalade d’occasion et reconditionnées, afin d’encourager les salles et clubs à faire tourner leurs stocks. Mon idée initiale est de proposer à mes clients une forme de paiement en prises d’escalade usagées afin de dynamiser les échanges.
Ainsi je souhaite proposer à la vente à la fois des prises d’escalade d’occasion (en bon état mais non retexturées) et des prises d’escalade reconditionnées (en bon état et retexturées). Le but principal étant de ne plus voir de prises poussiéreuses au fond des caisses car on les a déjà trop vissées. Alors que d’autres grimpeurs peuvent trouver ces prises intéressantes ailleurs. Je pense d’ailleurs qu’une structure n’a pas besoin d’un gros stock de prises, un petit stock suffit dès lors qu’elle peut le renouveler régulièrement…
Vous êtes donc aussi ouvreur en plus de la retexturation ?
T. C. : Oui, un point important reste encore mes services d’ouvreur et d’entraîneur. C’est ma formation initiale et je continue de la proposer. Notamment pour la jumeler avec la retexturation. La contrainte avec la réparation des prises, c’est la livraison aller et retour. Sans oublier l’emballage qui finira à la poubelle… Du coup je propose d’éviter ces frais et ce gaspillage en me déplaçant pour plusieurs services. L’organisation devient plus simple et le compromis économique et écologique est préférable.
La spécificité de votre démarche en terme de retexturation ?
T. C. : Je dis : “Stop aux prises patinées en salle ! Je suis grimpeur, je suis ouvreur et je ne peux plus voir ces prises en mauvais état vissées sur les murs… Pour le côté manuel de la retexturation, j’ai été autodidacte. Mais je me suis bien entouré. J’utilise des méthodes de rénovation approuvées dans le milieu de la grimpe, et aussi utilisées pour la fabrication de prises neuves. A savoir le regrainage, le regrippage ou plus couramment la retexturation, le reshape… Bref, remettre du grain sur les prises !
Aujourd’hui ma particularité dans la retexturation se note dans la grande palette de couleurs que je propose. Très bientôt je vais proposer plusieurs types de grains. Mais j’ai encore quelques idées en tête pour l’avenir. Plus abordable que le recyclage de la matière première, l’achat de prises reconditionnées permet d’augmenter le cycle de vie du produit. Le regrainage de vos prises endommagées limite donc l’impact environnemental en augmentant la durée de vie de votre stock.
Génial !!! En tant que grimpeuse et très orientée écologie développement durable et recyclage, je trouve l’idée excellente et en plus économique ce qui remet parfaitement en question l’idée d’un recyclage des matériaux moins cher que le neuf !!!