Test du chausson method Black Diamond

Marque de référence dans le milieu de l’escalade, Black Diamond est sans conteste beaucoup plus réputée pour ses célèbres Camalots, harnais, sacs, vêtements ou mousquetons que pour ses chaussons. Cela ne fait que quelques années que Black Diamond s’est lancé sur ce créneau, avec la volonté d’offrir une gamme d’équipements complète. Force est de constater que les débuts dans ce domaine ont été laborieux. Avec des premiers modèles dont la qualité ne permettait guère de concurrencer les autres acteurs du milieu. Plusieurs générations de chaussons ont passé et pas mal d’évolutions dans leur conception. C’est donc avec curiosité que nous avons abordé ce test d’une des nouveautés de la marque, le Method.

Method : conception et fabrication

Comme beaucoup de modèles désormais, c’est de microfibre qu’est constituée la tige du Method. Cette matière douce et élastique répond parfaitement aux besoins actuels des grimpeurs, mettant le confort parmi les priorités. On peut donc porter ces chaussons pieds nus. D’autant plus que la languette en matière tissée, et doublée en microsuède procure une très bonne respirabilité.

Les method sont de forme asymétrique. Lors des appuis sur la pointe, la tension du chausson se dirige vers le pouce. Ils ne sont que modérement cambrés. Ce choix n’est pas surprenant. Cela offre plus de polyvalence, tout en restant performant dans des profils verticaux à légèrement déversants. Profils dominants dans les falaises fréquentées par la majorité des grimpeurs.

De façon classique, la mise en pression du pied se fait grâce à une bande de tension, contournant le talon et se terminant au niveau de la voûte plantaire. C’est l’ajustement de la tension de cette bande qui permet, s’il est bien fait, de procurer la puissance et l’appui nécessaires au grimpeur.

Pour la semelle, c’est une gomme « maison » qui est utilisée, la Black Label Fuse. Son épaisseur est de 4.3 mm. Elle présente la particularité d’être moulée. Une façon, selon Black Diamond, d’optimiser le processus de fabrication en réduisant les déchets, le poids réduit, en optimisant l’homogénéité de la structure.

Il en va de même pour le talon, qui bénéficie d’un moulage 3D. Ce qui assure un ajustement parfait à la structure sous-jacente.

La fermeture du chausson s’effectue au moyen de deux sangles Velcro, de direction opposée. Elles sont suffisamment écartées l’une de l’autre pour ajuster le serrage et optimiser le maintien des différentes parties du pied.

Le Method Black Diamond. Pour qui ?

Le Method est un chausson qui a été conçu pour grimper en falaise. Et sa mise au point s’est faite en pensant prioritairement à celles et ceux qui, pratiquant déjà en salle, souhaitent aborder la pratique outdoor en confiance. C’est donc, a priori, à un modèle assez élaboré auquel nous avons affaire.

Le choix qui a été fait par Black Diamond est de proposer un chausson relativement rigide. Ceci afin de limiter la déformation des carres lors des appuis sur les petites prises.

Une option somme toute logique. Car une des difficultés majeures que rencontrent les néo-pratiquants lorsqu’ils passent du mur à la falaise est justement liée à la réduction drastique de la taille des prises de pied.

Cette tenue sur les prises est la résultante de la forme, légèrement cambrée, de la bande de tension, et pour partie de l’épaisseur de gomme.

Le Method Black Diamond à l’usage

Enfilage

Pour ce test, j’ai utilisé un modèle en taille 41, correspondant à ma taille de ville.

Avec cette taille, la pression ressentie une fois les chaussons enfilés, est plutôt forte. Cela ne m’a pas surpris. Je suis habitué à grimper avec des chaussons tendus. Probablement que quelqu’un qui découvre la falaise pourra prendre une demi-pointure plus grand.

Rappelons tout de même que la compression dans un chausson d’escalade est normale et nécessaire. Sans mise en pression des orteils dans leur « boîte » (toe box), pas de possibilité de produire un appui correct sur des petits angles. Lors des essayages, il faut donc bien distinguer cette pression, certes inhabituelle pour les grimpeurs débutants, de la douleur. Douleur qui, elle, apparaît si les pressions sont mal réparties ou que la forme du chausson ne correspond pas à la forme du pied. Et qu’il faut absolument éviter.

La « toe box » du Method est bien étudiée. L’avant du pied trouve rapidement sa place dans le chausson. Et il se trouve bien calé grâce au serrage des velcros.

C’est un peu moins bien pour moi au niveau du talon. Celui-ci ne remplit pas complètement l’espace dédié. Il persiste une sorte de bulle dans la partie basse. Ce n’est pas forcément une erreur de conception. Plutôt que la forme de mon talon ne correspond pas tout à fait au moule ayant servi de gabarit. La conséquence est que l’appui de la bande de tension se fait un peu bas sur l’arrière du talon, et que je peux déchausser celui-ci sans trop de difficulté,

Velcros fermés. Comme on le verra plus loin, pour la pratique que j’ai eu avec les Method, cela n’aura pas trop porté à conséquences.

Rodage

Dans la fiche technique du Method, on peut lire : « le Method donne priorité au confort de l’avant-pied après une période de rodage minimale ».

Pour moi, cette période aura été minimaliste, puisque ma première utilisation s’est faite sur les petits grattons en granit d’un site de bloc près de la maison. Le jeu étant alors de voir jusqu’où je pouvais me dresser sur les pointes avant qu’elles ne giclent des prises.

Constat numéro 1 : en dépit de l’épaisseur de gomme, qui a priori me laissait dubitatif, je sentais bien les moindres reliefs.

Constat numéro 2 : les Method tiennent leurs promesses en procurant des appuis tout à fait satisfaisants sur les petites prises. En ce sens, ils sont comparables à pas mal de modèles situés en haut de gamme de marques concurrentes.

Comme indiqué plus haut, la tension exercée par le chausson (pour la taille que j’ai utilisée) est assez forte. Forte mais pas douloureuse. J’ai ainsi pu garder les chaussons aux pieds par périodes assez longues durant ma session de bloc.

Quelques situations types pour le Method Black Diamond

Étant donné le constat fait plus haut sur les talons, je n’ai pas cherché à pousser les chaussons vers ce type d’appuis. J’ai tout de même pu être en mesure de réaliser des crochets satisfaisants lorsque les prises étaient plus généreuses, comme sur des rétablissements par exemple. Juste, je sais qu’avec ce modèle, à la forme duquel mon talon ne correspond pas, je ne pourrai pas tirer à l’extrême sur les talons. Ce qui, pour refaire le lien avec le programme de ce modèle, ne me semble pas rédhibitoire.

J’ai enfin voulu tester les Method dans du dévers plus prononcé. Il m’intéressait d’observer jusqu’à quel point ils permettaient d’agir sur les prises avec efficacité. Là encore, je n’ai pas été déçu. Jusqu’à une pente assez forte, il m’a été possible de bien sentir les prises, en dépit de l’épaisseur de gomme assez importante. Ainsi, même si la cambrure n’est pas très prononcée, le Method apparaît comme un chausson qui permettra sans nul doute d’aborder les dévers sereinement.

En conclusion

Comme je l’ai indiqué en début d’article, j’étais très curieux vis-à-vis de ce Method. Plus généralement des évolutions qui s’étaient faites chez BD depuis quelques années sur la gamme des chaussons.

Suite à plusieurs semaines de test, mon sentiment initial s’est confirmé. Le Method est un bon chausson, qui répond sans nul doute au programme qui lui a été assigné.

J’ai bien apprécié le compromis efficacité / confort et la brièveté du temps de rodage. On a tout de suite des sensations et on peut appuyer fort. Certes comme lorsqu’on découvre un nouveau chausson, il y a besoin de pas mal de temps pour l’exploiter à fond. Le fait est que le Method est un chausson homogène au comportement sain.

J’ai très peu grimpé sur le plastique avec ces chaussons. Néanmoins, il est clair pour moi qu’il présente suffisamment de polyvalence pour y être aussi utilisé.

Ce que j’ai particulièrement aimé :

Le compromis confort / précision

Ce qu’il y a sans doute à améliorer :

Rendre le talon plus englobant