Alizée Dufraisse : de La Rambla à la thèse

Falaisiste de renommée internationale, Alizée Dufraisse vient de soutenir sa thèse de doctorat en STAPS : Le genre de l’escalade professionnelle. Analyse sociologique des modalités d’engagement et de professionnalisation selon le sexe et le milieu social. L’occasion pour La Fabrique verticale de l’interroger sur son positionnement médiatique dans le milieu de l’escalade et sur ses projets. De La Rambla à la thèse, une histoire de curiosité et de passion !
Tu as passé beaucoup de temps à travailler La Rambla extention à Siurana. Je trouve assez admirable la constance avec laquelle tu poursuis ton but. Comment est né ce projet ?
Alizée Dufraisse : La Rambla, au départ, je n’y suis pas allée pour une difficulté ou pour la cotation. En fait, j’avais fait une voie en 9a qui faisait le même départ et j’adorais ce mur. Et à la base (et toujours maintenant !) j’adore Siurana. Pour l’environnement naturel, la vue, le village, la communauté de grimpe qu’il y a là-bas… Et comme j’avais réussi cette voie, je me suis dit : “Pourquoi pas La Rambla ! ”. Et comme je grimpais avec Enzo Oddo qui essayait aussi, ça a commencé comme ça. C’était la suite logique de la voie que je venais d’enchainer. C’était, je dirais, en 2011 ou quelque chose comme ça. Donc c’était il y a plus d’une dizaine d’années…

Comment cette voie a-t-elle structuré ta vie et les choix que tu as faits ?
Alizée Dufraisse : Et en fait, je ne me suis pas dit tous les ans : “Allez, je retourne dans La Rambla”. C’est plus que j’ai fait ma vie et que ça a toujours fait partie de ma vie, jusqu’à présent, d’une certaine manière. Mais c’est plus parce que j’aime retourner à Siurana ! Donc du coup, je retourne dans la voie aussi. Et comme je n’ai pas réussi la voie, j’essaie de trouver de nouvelles choses. De réfléchir à des nouvelles choses qui pourraient faire que je puisse y arriver.
Bien sûr, il y a l’objectif d’enchainer en arrière plan. Mais en même temps, je ne suis pas dans la logique de m’entraîner beaucoup plus pour ça. C’est plus que j’aime bien retourner là-bas. J’aime retrouver cette ambiance, passer du temps avec mon père aussi parce que sa santé est fragile et que c’est important pour lui d’être en Espagne l’hiver. Donc ça fait partie de tout un rythme et d’un ensemble. Et c’est un projet quand même et tout ! Mais je l’aborde comme une voie qui m’accompagne dans mon chemin.

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Donc je ne dirais pas que c’est la voie qui a structuré ma vie et mes choix. Mais c’est plutôt mes choix qui m’ont amené à réessayer cette voie sur plusieurs années. En sachant que sur les 14 années, il y a beaucoup d’années où je n’ai même pas essayé ou très peu. Je faisais d’autres voies… Il y a des années où j’y suis allée mais c’était super difficile de faire des voies mentalement, en particulier pendant les années de thèse. C’était difficile d’avoir une dynamique où j’y allais vraiment pour enchainer. Les années de thèse, je n’étais pas aussi investie que les années d’avant. Cette voie, en fait, il n’y a vraiment que 3 années où j’ai été très proche d’enchainer et là j’étais investie à 100%.
On dit souvent, au sujet du travail de voie, que le plus important, ce n’est pas la croix mais le processus. De quoi as-tu fait l’expérience en te confrontant à La Rambla ?
Alizée Dufraisse : En fait, l’importance qu’on donne à la réalisation vs le processus, ça dépend des gens et de leur rapport au sport. Mais oui, pour moi, c’est sûr qu’à chaque fois que j’ai des projets, j’apprends beaucoup sur moi. Et pas seulement dans La Rambla… J’apprends beaucoup sur l’aspect technique de l’escalade, sur l’aspect mental, sur ce que je veux, sur ce que je ne veux pas. Mais au final, ce n’est que dans les projets en escalade… C’est dans la vie en général, c’est un peu la même dynamique.

Au final, qu’as-tu appris précisément ?
Alizée Dufraisse : Ce que j’ai appris sur moi-même en me confrontant à La Rambla, c’est… C’est super complexe ! En fait, c’est : “Comment je peux et comment j’ai pu me mettre à moi-même mes propres limites ? Et comment j’ai pu avoir ou j’ai (mais j’essaie de lutter contre !) cette tendance à m’auto-saboter quand j’approche de la réussite ?”. Par exemple, quand je sentais que la réussite était proche, ça m’est souvent arrivé d’avoir l’impression d’être blessée alors que je ne l’étais pas.
Je mettais des essais dans La Rambla et je sentais que je pouvais enchaîner à n’importe quel moment. Mais en même temps, je ressentais parfois des angoisses en me disant que je n’en étais pas capable. Et je commençais à avoir des allergies ou à me sentir blessée… Oui, vraiment, des trucs qui ne font même pas sens ! Mais sur le coup, à chaque fois, je me disais que j’étais vraiment blessée et j’arrivais à convaincre les autres autour de moi que je l’étais vraiment. Alors même que je pouvais grimper dans d’autres voies. Pendant un long moment, je ne m’en rendais pas compte.

Alizée Dufraisse : “J’ai connu la peur de la réussite”
Et ensuite, j’ai pris conscience que c’était des mécanismes de, comment dire, je ne sais pas si on peut dire, d’auto-sabotage, mais en tout cas de peur de la réussite. Ça m’a amenée à me questionner. Pourquoi j’ai cette peur-là ? Là, je ne dis pas que j’aurais réussi si je n’avais pas ces mécanismes-là. Je dis juste que ça m’a limité d’une certaine manière. Et ce sont des choses sur lesquelles, dans l’escalade, mais pas que dans l’escalade, dans la vie aussi, je veux travailler, pour arriver à faire des choses qui me rendent heureuses. Sans rentrer des mécanismes de limitations personnelles. Où même ton corps et ton mental jouent contre toi.
As-tu d’autres projets en falaise ou en bloc, dans d’autres secteurs, qui te tiennent à cœur ?
Alizée Dufraisse : Alors, oui, j’ai d’autres projets. J’ai une voie que j’avais essayé 2 fois près de Bishop : Everything is Karate (8c+/9a). Je voudrais vraiment y retourner, j’avais beaucoup aimé. Et pareil, parce que j’aimais l’endroit, la sensation dans cette voie avec vraiment l’espace autour, le style de la voie, le style de prises…
Et après en bloc, aussi. Mais c’est vraiment lié aux secteurs. Par exemple, j’adore Rocklands, parce que j’aime vraiment la dynamique de l’endroit. J’ai des blocs qui me motivent là-bas. Et aussi en Suisse, là il y a un bloc que j’essaie de terminer. Il y aussi des voies ou des secteurs que je n’ai jamais vus. Et le nom de la voie, ça va aussi me motiver.

Est-ce que tu penses que le fait de travailler La Rambla t’a – d’une certaine manière – bridée pour voyager et de découvrir d’autres endroits (et peut-être de faire des croix plus vite, que tu aurais pu médiatiser) ?
Alizée Dufraisse : Ce n’est pas La Rambla qui m’a bridée pour découvrir d’autres endroits. Mais en tout cas, maintenant, j’ai envie de plus voyager. Et de faire des moments où je reste en Europe. Et des moments où je voyage plus et j’essaie plus autre chose. Mais retourner à Siurana, c’est toujours un peu comme un pèlerinage pour moi. J’aime beaucoup y aller. Retrouver mes amis. J’ai acheté un appartement là-bas.
Pour mon père, c’est bien, c’est quelque chose qui est bien pour sa santé. Et comme ça, je peux passer du temps avec lui aussi dans l’année. Donc en fait, je pense que j’irai toujours à Siurana un petit peu et essayer d’autres voies et tout. Mais je fais un peu au feeling quand même ! Dans le futur, je suis quand même motivée pour revoyager un petit peu. C’est vrai que pendant mes années de thèse, je ne l’ai pas beaucoup fait. Il y a eu le COVID avant. Et maintenant j’ai mes chiens aussi, c’est un peu plus d’organisation. Mais je suis motivée pour bouger un peu plus.

D’une manière plus générale, comment analyses-tu les changements qu’on a pu observer ces dernières années dans les modes de médiatisation, notamment avec l’avènement des réseaux ?
Alizée Dufraisse : C’est vrai, il y a de plus en plus les réseaux sociaux. Après c’est quelque chose dont je parle dans ma thèse. Par rapport à moi, je ne sais pas trop. Je ne sais pas comment me positionner par rapport à ça. Je n’apprécie pas l’utilisation des RS. Ce n’est pas quelque chose qui m’est naturel. Ce n’est pas quelque chose qui me fait du bien. (Rires). J’ai du mal à poster autre chose que des choses qui me tiennent à cœur. J’ai du mal à poster régulièrement. Sur les stories c’est plus facile mais c’est un apprentissage aussi. On poste de plus en plus des choses qu’on n’imaginait pas pouvoir poster il y a 5 ans…
Mais j’ai du mal à accepter que, de nos jours, pour être soutenue dans notre projet professionnel, ça passe essentiellement par une médiatisation qu’on fait par nous-mêmes. Donc c’est quelque chose qui moi, ne me plaît pas trop. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas positif. Il y a aussi des aspects positifs dedans. Mais moi, c’est quelque chose avec laquelle j’ai du mal !

À côté de ta carrière pro en escalade, tu as poursuivi tes études et as récemment soutenu une thèse de doctorat en STAPS : Le genre de l’escalade professionnelle. Analyse sociologique des modalités d’engagement et de professionnalisation selon le sexe et le milieu social. Qu’est-ce qui t’a conduit à choisir ce sujet ?
Alizée Dufraisse : Au départ, j’hésitais. Je voulais continuer en russe, puisque j’avais fait un Master de russe. Mais il fallait quand même envisager le futur, j’ai 38 ans. Et directement, ma potentielle directrice de recherche en russe m’a dit que j’aurais du mal à trouver des débouchés et qu’il serait difficile d’avoir des financements pour la thèse. Comme je travaillais parallèlement sur la notion de genre et la professionnalisation en sport, j’ai creusé dans cette direction. Et je me suis réorientée en STAPS. Donc ça s’est construit autour de l’escalade, avec ma directrice et un co-encadrant.
Alizée Dufraisse :“ j’ai eu un financement par Climb Up pour soutenir mon projet”
Au début, j’étais un peu réticente à faire un thèse dans le milieu de l’escalade. Parce que le russe, ça me permettait de m’évader du milieu de l’escalade et de construire quelque chose que je construisais pour moi. Parce que personne ne m’a jamais dit qu’il fallait que je fasse du russe. C’était quelque chose de vraiment à moi. Mais au final, je suis contente d’avoir travaillé sur l’escalade, même si ça a remué beaucoup de choses. Dans mon rapport aux grimpeurs, et dans mon rapport à tout en fait.

À la rentrée de septembre, tu vas avoir un poste d’ATER à l’Université de Montpellier comme enseignante-chercheuse, une super opportunité mais avec forcément un bouleversement dans ton mode de vie. Comment tu te projettes dans tout ça ?
Alizée Dufraisse : Pour l’instant, je ne sais pas trop, je n’y pense pas trop, ça me fait peur ! Pour moi, c’est quand même un gros changement dans ma vie. Puisque j’ai toujours eu cette “liberté” (enfin entre guillemets, parce que liberté ça veut tout et rien dire). Mais enfin, j’ai toujours pu faire ce que je voulais, où je voulais, être avec les personnes que je voulais, et travailler dans les conditions que je voulais. Et là, un poste d’ATER, c’est plus de présence et de rigueur, même s’il y a beaucoup de temps libre. Et ça ouvre en tout cas une porte pour une transition professionnelle.
Après, ça va se concentrer sur une période de 4-5 mois dans l’année. Ça représente 192 heures d’enseignement par an. Donc dans cette période, j’essaierai d’avoir des projets autour de Montpellier et de m’entrainer. Et le reste du temps, de voyager et de faire ce que je veux. Après, ça fait quand même peur, parce que je vais m’installer dans une ville où je ne connais personne, où je n’ai pas de partenaire de grimpe. Alors que jusqu’à présent, j’ai toujours orienté ma pratique pour être avec mes proches, pour partager l’escalade avec eux…

Alizée Dufraisse : “Un poste d’ATER, c’est tout nouveau”
Donc là, ça va être différent, je vais tester ! J’ai quand même toujours eu cet esprit – non pas anti-institution – mais outdoor, qui rejette les règles, l’autorité, la présence… Donc il faut voir comment ça se passe. C’est quand même motivant de faire des choses différentes. Et jusqu’à présent, je faisais toujours les mêmes choses et un peu en boucle ! Donc là ça va changer. Toujours un apprentissage sur soi-même 😉 Voir si l’enseignement et l’Université, ça me plait, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles falaises, de m’entrainer plus régulièrement. On verra ! Il va aussi y avoir du partage et de la transmission avec les étudiants.
Quid de ta transition professionnelle ?
Alizée Dufraisse : Je suis toujours super motivée à 100%, je n’arrêterai jamais de grimper, je veux toujours me surpasser dans ce que je fais. Je n’ai pas envie d’arrêter de grimper, en tout cas tant que mon corps me le permet. Mais la recherche me motive dans le futur, et aussi l’enseignement, j’en ai fait un petit peu et j’ai trouvé intéressant l’adaptation par rapport aux étudiants. Quand tu parles de transition professionnelle, ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas envie de faire une transition professionnelle dans l’escalade, parce que j’ai toujours eu cet esprit consistant à donner le meilleur de moi-même, apprendre, être meilleure, progresser.
Et en fait la recherche me permet de rester dans cette dynamique de performance, dans un cadre qui est complètement différent puisque ce n’est pas dans un environnement sportif et qui permet de le faire à un âge plus avancé, en fait. Parce que cette compétitivité qu’il y a dans le sport, ce serait possible de la garder dans un cadre différent. Et du coup, je me réinventerai, en imaginant que j’y arrive (rires).

C’est sûr que j’ai 38 ans, le corps vieillit, le corps a besoin de plus d’attentions, ce qui n’empêche pas de faire du sport, ce qui n’empêche pas de faire du sport au plus haut de son niveau, mais pas forcément à 50 ans les performances les plus élevées de ce que tu as fait, quoique 😉. Alors que dans le milieu de la recherche, sur des disciplines intellectuelles, c’est quelque chose qui me permettrait en fait d’avoir l’impression de continuer à progresser et à performer, sans que ce soit toujours dans le même milieu. Et ça, c’est quand même à la base de mes motivations.
Comment te positionnes-tu par rapport à la recherche universitaire en général ?
Alizée Dufraisse : Bien sûr, faire carrière dans la recherche, ça demande beaucoup de choses. Ça demande de la “chance”, ça demande d’être performante, c’est un milieu très compétitif. Quand je dis tout ça, je ne dis pas : “Ah oui, je veux être la meilleure chercheuse du monde” (rires). Je dis juste que pour moi, c’est une manière de me réinventer. Par rapport à mon âge et par rapport à ce que je veux faire dans le futur, sans enlever l’escalade, en fait !
Ce que j’aime dans la recherche, c’est la théorie. Par exemple dans ma thèse, ce qui m’a intéressé, c’est l’articulation des théories, les socialisations, les éthiques, les théories du genre. Je compte bien continuer. Et que ça ne soit pas sur l’escalade, ça ne me gêne pas du tout, au contraire.
M’engager dans une carrière universitaire, c’est aussi parce que je n’ai pas envie de rester juste dans le milieu de l’escalade. Du genre “l’escalade de haut-niveau, maintenant j’ai fait le tour, maintenant je peux faire de l’entrainement, je peux faire de l’ouverture”. Mais en fait, j’aime bien l’idée de me diversifier. D’essayer de pousser ce que j’ai appris jusqu’à présent dans d’autres domaines. Donc la recherche et l’enseignement, ça peut être pour moi une porte pour continuer à pousser ce que j’ai accumulé jusqu’à présent, en termes de connaissances, de curiosité et de transmission. Écrire aussi, parce qu’il y a aussi la dimension créative, qui m’intéresse.

As-tu vu une modification de ta motivation en escalade à mesure que tu avançais dans ta thèse ? Est-ce que ce travail t’a permis d’analyser différemment ton propre engagement dans l’activité ?
Alizée Dufraisse : Oui, j’ai changé beaucoup de choses, en parallèle à ma thèse. Déjà, j’ai travaillé sur les relations de genre. Donc ça m’a fait prendre conscience de mon rapport à l’escalade accompagnée par des hommes. Et les propres limites que je me posais moi-même. Ça, ça a été un gros truc ! En fait, j’ai été amenée à l’escalade par mon père, puis j’ai toujours partagé l’escalade avec mes petits copains, et je me limitais beaucoup par rapport à ça, dans le sens où “je ne peux pas aller grimper seule”, “je ne peux pas grimper avec des filles”, parce que je veux plaire aux yeux des hommes (rires)…
Du coup, ces dernières années, j’ai beaucoup testé d’aller grimper seule, de porter mes propres crashpads, d’essayer des blocs durs seule ou avec des amies. Mais vraiment en essayant de me distancier de la présence des hommes. Ce n’est pas du tout dans une démarche accusatrice. C’est vraiment moi qui me mettait dans une position du type “s’ils ne sont pas là, je ne peux pas réussir”. Et pas que dans l’escalade, dans les études aussi… Ça m’a permis d’essayer de me refocaliser sur “faire les choses pour moi”, “être fière de moi” et “croire en moi” (rires). Croire en ma possibilité de réussite par moi-même. Et ça, ça a été vraiment le gros point de ce que m’a apporté la thèse sur mon escalade. Et je travaille encore dessus. Parce que c’est des trucs que j’ai intégré pendant toute mon enfance et mon adolescence.

Alizée Dufraisse : “J’avais envie de me refocaliser”
Ça m’a fait prendre conscience de plein de choses dans le monde professionnel, dans le monde de l’escalade en général. Et des rapports entre les hommes et les femmes en particulier. Donc forcément, ça m’a questionné sans arrêt. Avec des questions du genre : “Quel est mon rapport à la professionnalisation ?”. “Quel est mon rapport aux hommes ?”. “ Quel est mon rapport à l’escalade ?”. Et là-dedans, j’ai testé beaucoup de choses et j’ai essayé de comprendre, maintenant, avec la connaissance que j’ai, “quelle est la position que je veux avoir dans le futur ?”.
Et dans quelle mesure, il est possible de changer. Parce que quand on a intégré, incorporé des croyances tout au long de son parcours, de sa trajectoire, est-ce qu’il est facile de les changer et est-ce qu’on a envie de les changer ? Donc tout ça, ce sont des questions qui restent encore ouvertes dans le sens où je teste encore beaucoup de choses (rires). C’est comme dans tout, c’est un chemin et il n’est jamais terminé.
Quel est ton rapport à la performance ?
Alizée Dufraisse : Quand je dis que je vais à un endroit parce que j’aime le lieu et que j’ai envie d’être avec des amis, bien sûr qu’il y a aussi le rapport à la performance. Moi j’ai toujours envie de repousser la limite. J’ai fait 9a, j’essaierai bien de faire 9a+. J’ai fait 8B bloc, je vais essayer de faire 8B+. Mais c’est vrai que je vais orienter le choix de blocs ou de voies en fonction d’un environnement dans lequel je vais me sentir bien. Où en tout cas, jusqu’à présent !
Ce qui est sûr, c’est que le moteur de mon engagement en escalade, c’est la curiosité, la créativité. Et ça, je ne sais pas dans quelle mesure c’est possible de continuer à l’avoir, voire de le transposer dans une carrière universitaire.
Photos coll. Alizée Dufraisse, sauf mentions (c) Jacopo Larcher ou Javipec
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