Sécurité en salle : et si on parlait des chutes en bloc ?

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Les salles de bloc fleurissent partout en France. Et la pratique se démocratise. Pour autant, pour beaucoup de néo-pratiquants, la culture escalade et la conscience des problèmes liés à la sécurité restent une préoccupation très secondaire. Voire inexistante. La Fabrique verticale fait le point sur l’accidentologie en salle de bloc. Et sur les bonnes pratiques à adopter, pour limiter les risques.

Vous avez été nombreux à réagir à notre article lié aux problématiques de sécurité dans les salles à corde. Car l’accidentologie pose question. Et elle est directement en lien avec deux facteurs humains, l’inattention et l’inexpérience. Si les accidents en salle à corde monopolisent les débats, car les conséquences sont souvent plus graves, les accidents en salle de bloc existent – eux aussi – bel et bien. Et méritent qu’on y consacre un article de prévention.

Accidents en salle de bloc, petit tour d’horizon

La présence de tapis, dans les salles de bloc, permet de limiter l’impact des chutes. C’est un fait, l’environnement est beaucoup plus “sécure” en indoor qu’en extérieur. Car dehors, les zones de réception peuvent s’avérer mauvaises (sol en pente ; épaisseurs de crashpads insuffisantes ; crashpads non jointifs avec présence de racines ou de blocs). Et surtout, les blocs peuvent être beaucoup plus hauts.

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Pour autant, et malgré un environnement plus aseptisé, les accidents en salle de bloc se multiplient. Citons pêle-mêle, les luxations d’épaule, les entorses de la cheville et du genou, les entorses des doigts, poignets ou coudes, toutes liées à des mauvaises réceptions sur les tapis… Car c’est sans aucun doute un effet pervers de la présence des tapis. Les grimpeurs sont moins vigilants et se comportent comme si le matelas de réception allait absorber la chute à 100%.

Les grimpeurs engagent donc les mouvements à fond, sans se préoccuper de la trajectoire que va prendre leur corps quand ils vont chuter. Sans penser à garder un minimum de tonicité au moment de l’impact. Pire, sans vérifier que personne ne stationne à proximité, sur les tapis ou dans un bloc très proche du leur… Bref, pour résumer, complètement en vrac !

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La chute en salle de bloc

En bloc, la présence des matelas de réception facilite grandement la gestion de la sécurité. Il faut cependant bien les étudier avant de grimper. Car ils sont plus ou moins denses selon les salles. En effet, étant donné les hauteurs d’évolution, les chutes, la plupart du temps involontaires, peuvent s’avérer violentes.

Il faut donc apprendre à chuter ! C’est d’abord en effectuant des chutes volontaires que vous allez vous familiariser avec cet aspect de la pratique. Entraînez-vous d’abord à faible hauteur, puis de plus en plus haut.

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Lorsque la chute survient à faible hauteur, il est judicieux, si vous en avez le temps, de fixer visuellement la zone d’atterrissage. Puis de pivoter d’un quart de tour afin de ne pas vous réceptionner face au mur. En cas de déséquilibre avant, cela évite d’aller taper le bloc tête première. Pliez les jambes à la réception pour amortir l’impact.

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Si la chute se produit en haut d’un bloc, il devient beaucoup plus difficile de l’amortir à la force des cuisses. La meilleure technique consiste donc, au moment où les pieds touchent le tapis, à s’asseoir. Puis rouler en arrière, comme le font les judokas. Il est possible, à l’instar de ceux-ci, de frapper sèchement le tapis avec les bras lors de l’impact.

La parade, une technique à maîtriser pour plus de sécurité

Si vous grimpez en bloc à plusieurs, la maîtrise de la parade est un plus – qui devient essentiel quand vous grimpez dehors. En fonction de la hauteur depuis laquelle chute votre partenaire, vous allez l’assister de deux façons différentes :
– Quand le grimpeur évolue à faible hauteur, placez-vous derrière lui, les mains à hauteur de son bassin. Au moment de la chute, vous le saisissez fermement. Et accompagnez l’amortissement.

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– Dès que le grimpeur n’est plus à portée (mais qu’il n’est pas trop haut tout de même, car au-delà d’une certaine hauteur, la parade devient illusoire), vous allez tenter de freiner sa chute autant que faire se peut, tout en plaçant le grimpeur dans la meilleure position d’atterrissage. Placez-vous un peu en arrière par rapport à l’aplomb du grimpeur, mains levées. Au moment de la chute, votre action dépendra de la position du grimpeur :
– s’il chute debout (dans un bloc vertical par exemple), placez vos mains sous ses fesses quand il arrive sur vous. Cela aura pour conséquence, outre le fait de réduire la vitesse, de placer le grimpeur en position assise. Lors de l’impact avec le sol, il pourra « naturellement » rouler en arrière ;
– si le grimpeur chute d’un dévers, il faudra plutôt le parer au-dessus du centre de gravité, au niveau du dos, afin d’éviter qu’il se retourne.

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Sécurité : pour finir

Lorsque vous parvenez en haut d’un bloc, ne sautez pas systématiquement. Question de sécurité ! Il est parfois possible de sortir par le haut et redescendre par une voie facile. Vous pouvez aussi désescalader un peu avant de vous lâcher. Sur le long terme, votre dos et vos genoux vous diront merci ! Et quand il y a beaucoup de monde dans la salle, ne circulez pas sous les blocs et écartez-vous : chute de grimpeur possible !

Cet article est extrait du livre Escalade en salle, aux Éditions Glenat, en vente ici

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