Comment choisir sa corde pour les grandes voies : à simple ou à double ?
Avec les beaux jours, vous avez décidé de faire des grandes voies. Une étape de plus dans votre progression de grimpeur. Mais comment choisir sa corde pour les grandes voies ? Et quelles sont les options possibles ? Corde à simple ou à double ? Explications.
Après un premier article dédié au choix des cordes en fonction de votre niveau et de votre pratique, La Fabrique verticale a décidé de consacrer un article au cas particulier des grandes voies. Qu’est-ce qui est préférable : corde à simple ou corde à double ? Et quelles sont les implications de ce choix ?
Voir aussi :
- notre check list du matériel indispensable en grandes voies
- nos conseils d’aide au choix du casque pour les grandes voies
Grandes voies : le choix classique de la corde à double
Si votre pratique en extérieur se fait uniquement en grandes voies, le choix qui s’impose le plus naturellement est la corde à double. Aussi appelée corde de rappel. Son diamètre sera compris entre 7,7 et 8,5 mm. Et sa longueur pourra varier de 100 à 120 m. Si vous faites aussi de la cascade de glace l’hiver et/ou de l’alpinisme, vérifiez bien que le modèle choisi possède un traitement Dry, c’est-à-dire hydrophobe, ce qui améliorera sa résistance à l’humidité. Par exemple, la corde Rumba de Petzl, en 8mm, possède un traitement Duratec dry qui accroit ses performances.
Tout comme les cordes fines, à triple homologation, évoquées précédemment dans notre article dédié au choix des cordes, une corde de rappel peut se présenter d’un seul tenant. Par exemple un seul brin de 100m, avec marquage au milieu pour faciliter l’encordement du leader ou la mise en place des rappels. Elle peut aussi revêtir la forme de deux brins distincts (par exemple 2 x 50 m ou 60 m, de couleurs différentes). Sur ce créneau, on peut conseiller la corde Tango de Petzl, 8,5 mm, dont l’épaisseur de gaine contribue à une bonne durabilité.
Vous noterez qu’il existe sur le marché des cordes à double et des corde jumelées. Les cordes jumelées à destination des grimpeurs sont des cordes à double allégées, car plus fines. Elles bénéficient alors de la double certification (corde à double / corde jumelée). Avec ces deux modèles, le leader fait en sorte d’alterner le brin mousquetonné, afin de limiter le tirage et aussi réduire la force de choc en cas de chute.
Attention aux cordes ne bénéficiant que de la norme « corde jumelée » : Contrairement aux cordes à double, on doit mousquetonner systématiquement les deux brins ensemble et on ne peut pas grimper « en flèche », c’est à dire en cordée comprenant un leader et 2 partenaires.
En fait on utilise plus volontiers les cordes jumelées en rando glacière, ou pour des courses de neige par exemple.
Les avantages des deux brins de rappel
L’utilisation de deux brins de rappels offre plus de flexibilité :
- possibilité de changer seulement un des deux brins quand celui-ci est endommagé
- et pour le leader de se désencorder pour libérer un brin en cas de manœuvre de réchappe
- bien sûr possibilité de répartir le poids des cordes entre deux membres de la cordée lors de la marche d’approche.
- et enfin assurage de deux seconds possible
Mais il faudra être vigilant à la descente, au moment du raboutage des cordes et utiliser un nœud approprié. En général, on recommande deux nœuds de plein poing collés l’un à l’autre. Voir ici un article sur les nœuds de jonction pour les rappels, avec des cordes de même diamètre.
Choisir sa corde pour les grandes voies : l’option corde à simple + corde de hissage
En grandes voies, en fait, deux options s’offrent à vous. Soit la corde à double, qui est la solution la plus traditionnelle, celle qui a fait ses preuves et permet la descente en rappel classique.
Mais on peut aussi opter pour la solution corde à simple + corde de hissage. Dans ce cas, vous allez utiliser votre corde de falaise habituelle, auquel vous adjoindrez une cordelette annexe (par exemple un brin statique de 6mm, comme la corde Pur line de Petzl, ultralégère et ultrarésistante) qui va servir au hissage du sac. Et ensuite permettre la redescente. Lorsqu’on grimpe, on laisse pendre le brin de hissage. Il ne sert pas à l’assurage. On l’utilisera seulement une fois arrivé au relais pour treuiller le sac.
Lors de la descente en rappel, vous allez rabouter les deux cordes. Puis une queue de vache sur la « grosse corde » qui va venir se bloquer, en butée, dans le maillon de l’ancrage de rappel (sous réserve que ce maillon soit suffisamment étroit). La descente va alors pouvoir s’effectuer sur la corde à simple, que vous pourrez récupérer ensuite facilement en tirant le rappel côté cordelette.
Il est recommandé de sécuriser l’ensemble en passant un mousqueton à vis dans la queue de vache et de le reclipper sur l’autre brin. Quand on tirera la corde (attention à bien tirer du bon côté ;-)), l’ensemble viendra tout naturellement.
Les situations où l’usage d’une corde à simple s’impose
La méthode corde à simple + corde de hissage est privilégiée quand la grande voie est bien verticale, voire surplombante. Car cette configuration facilite le hissage du sac, plein gaz, sans frottements sur le rocher, ni risque de blocage dans une fissure ou un arbre. Et lors des rappels, on aura aussi moins de chances de coincer le nœud de raboutage, en tirant la cordelette.
Dans les terrains couchés ou très végétalisés, notez que le nœud de raboutage a plus de chances de se coincer qu’avec une corde de rappel d’un seul tenant. Surtout si on a sécurisé l’ensemble avec un mousqueton à vis.
La méthode corde à simple + corde de hissage est également intéressante lorsque la grande voie comporte des longueurs difficiles. En effet, pour le leader, avec une corde à double, le frottement des deux brins, même alternés, dans les dégaines, est un frein à la performance. Et pour l’assureur, le choix d’une corde à simple permet l’utilisation d’un GriGri, plus pratique pour bloquer si le leader doit travailler certaines sections après un vol.
Enfin, avec le système de la corde de hissage, le leader pourra faire des tentatives à son max dans les longueurs dures, sans avoir à porter un sac à dos. Quand on est dans une logique de performance, avoir un sac sur le dos n’est en effet pas le top. D’une part, ça représente du poids. D’autre part on trouve plus difficilement l’entrée du sac à magnésie 😉
Les limites de la corde à simple
La corde à simple, utilisée seule et sans corde de hissage, est plutôt à proscrire en grandes voies. Car elle rend la descente beaucoup délicate. En effet, sa longueur est insuffisante pour atteindre d’une manière classique les différents relais de rappel, généralement disposés à intervalles réguliers et logiquement espacés pour des cordes de 50m. Bien sûr, si la descente se fait à pied, on peut être tenté de ne prendre qu’une corde à simple.
Mais il faut savoir que ce choix va limiter les manœuvres de réchappe en cas de besoin (sauf recours au rappel débrayable). En effet, il faut garder en tête qu’on peut avoir besoin de redescendre plus tôt que prévu. En particulier s’il y a un orage. Ou par exemple après une chute de pierres, si la corde a été endommagée ou que l’un des deux membres de la cordée a été blessé.
Dans ces situations, vous serez contents d’avoir une corde de hissage en plus. Toutefois, nous attirons votre attention sur les risques d’accidents générés par l’utilisation de nœuds inappropriés pour le raboutage de deux cordes de diamètre différent et/ou de matériaux différents. Attention en particulier au dyneema. Sa résistance au nœud de jonction est très faible et génère des glissements.
Attention, la méthode corde à simple + corde de hissage n’est valable que si l’on grimpe à deux. Elle ne fonctionne pas dans le cas d’une cordée de 3, avec leader fixe et 2 seconds en flèche. Car on a besoin de deux brins, pour assurer et faire monter chacun des seconds.
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Photos (c) Petzl et La Fabrique verticale