Edge de Simond : test chaussons sans concession
La marque chamoniarde Simond, historique dans notre univers escalade est souvent connue pour ses mousquetons, piolets, crampons. Il faut toutefois savoir que depuis maintenant une quinzaine d’années, elle propose une gamme de chaussons qui s’est progressivement étoffée en vue de satisfaire toutes les catégories de grimpeurs et même les plus exigeants. C’est David Caude, grimpeur de haut niveau, qui avec ses collaborateurs est en charge de ce développement. On peut ainsi voir régulièrement certains modèles évoluer dans des compétitions nationales, portés par les athlètes du team, comme Benoît Heintz, voire au plus haut niveau en bloc à Fontainebleau – n’est-ce pas Thom ? 🙂
Parmi les derniers nés de la gamme, le modèle Edge. Il n’est pas à proprement parler ultra récent. Mais il nous a paru, à la Fabrique Verticale, tout à fait intéressant à tester. Car il peut sans doute satisfaire un large panel de grimpeurs.
Voici donc la synthèse des différents essais que nous avons pu mener, accompagnés en cela par Olivier Deroche, un fort grimpeur adepte de la falaise sous toutes ses formes. Ce dernier a baladé les Edge depuis la Corse jusqu’en Jordanie, en passant par la Sardaigne sur des profils plutôt en dalle et verticaux. Olivier grimpe habituellement avec des ballerines Simond. Il était donc bien placé pour comparer ses sensations en passant d’une gamme à l’autre.
À l’ouverture de la boîte
La première impression avec un produit est d’ordre esthétique. En découvrant les Edge, on y retrouve les codes des chaussons de pointe et un look qui nous a bien plu. Les couleurs sont vives et le design présente des lignes dynamiques.
Côté conception, on a affaire à un modèle assez plongeant. Le laçage ne descend pas extrêmement bas mais permet un serrage bien réparti grâce à un système déjà bien éprouvé. Une languette en mesh, relativement épaisse, permet d’absorber la pression des lacets sur le coup de pied.
Pour la semelle, rien moins que la gomme Vibram XS-grip a été utilisée. On peut donc s’attendre à une très bonne adhérence.
Nous avons cependant été un peu surpris par leur poids, légèrement plus élevé que d’autres modèles de cette catégorie.
Premier enfilage
Les Edge se révèlent plutôt faciles à enfiler. Ce sont des chaussons qui sont mieux adaptés à des grimpeurs aux pieds relativement étroits. Pour ma part, ayant le pied large j’ai ressenti au départ des points de pression au niveau de la tête des métatarsiens (base du petit orteil). Ils se sont un peu atténués au fil des séances.
Concernant le talon, les avis ont été diverses : bien enrobant pour Olivier ; il n’en n’a pas paru de même pour moi. Ainsi j’ai eu des difficultés à pousser le talon au fond du chausson avec pour conséquence un appui un peu bas.
Globalement, la tension du chausson n’est pas très forte. Elle s’applique de manière bien répartie sur tous les orteils, avec une petite dominante sur les deux premiers orteils, logique.
Le laçage est fonctionnel : il permet d’obtenir un bon maintien du pied et des orteils, sans trop contraindre ceux-ci.
À l’usage
À la première utilisation, l’impression est globalement bonne. Le pied est bien tenu dans le chausson. Et on ressent l’appui lorsqu’on pose le pied sur une prise. Mais il apparaît assez vite plusieurs signes qui laissent à penser que la conception de ce chausson a peut-être été trop marquée par le désir de le rendre polyvalent, à même de répondre à une grande diversité de situations d’escalade (dévers, vertical, dalle) pour différentes typologies de grimpeur.
Le Edge est ainsi très précis en pointe, même si la faible poussée du talon, associée à un enrobage avant sans doute un peu mou, confère au chausson une élasticité un peu particulière lorsqu’on pousse sur des réglettes, avec le gros orteil qui a tendance à passer « devant » la semelle.
En outre, pour des poids légers, l’épaisseur de gomme réduit un peu la sensation de proximité avec le rocher et rend les griffés moins faciles.
Sur des appuis en adhérence pure, ces caractéristiques se révèlent toutefois avantageuses, puisque le chausson accepte bien de se déformer, jusqu’aux métatarses.
Edge : un chausson typé falaise
Le Edge est tout de même un chausson clairement conçu pour la falaise et permet de s’exprimer sur des profils allant de la dalle positive au dévers léger. Par contre, Il ne faut pas compter l’utiliser en talon aussi efficacement qu’une ballerine par exemple.
Nous avons pu essayer le Edge sur une durée conséquente. Ce qui nous a permis de nous faire aussi une idée sur sa longévité. Les matériaux utilisés (croûte de cuir, polyester et polyuréthane), sont de bonne qualité. Cela se traduit par des chaussons qui tiennent bien dans le temps. Sur ce point, il faut bien considérer que les caractéristiques des grimpeurs (le poids en particulier mais aussi le niveau technique), peuvent grandement influencer les perceptions. Mais cela est valable quels que soient les chaussons.
En conclusion
En dépit de cette relative hétérogénéité dans le comportement du chausson, évoquée ci-dessus, le Edge nous est apparu être un chausson bien adapté pour aborder des voies techniques en falaise, sur lesquelles les prises de pieds se font plus petites qu’en SAE et où une certaine polyvalence est requise. Il conviendra à des grimpeurs de tout poids. Les plus légers même s’ils ont souvent avantage à grimper avec des ballerines, plus sensitives, trouveront dans le Edge la possibilité d’exploiter les petites prises en grattonnage, grâce à des appuis précis et solides.
À améliorer
- Le talon
- le poids
- la répartition des tensions
Les plus
- Le confort
- l’esthétisme
- la précision en pointe
- les qualités d’adhérence