Technique escalade : Centre de gravité et performance
La trajectoire du centre de gravité d’un grimpeur est-elle un indicateur fiable de la performance en escalade ? C’est la question que s’est posée Pierre Legreneur, chercheur spécialisé en biomécanique en STAPS à l’Université de Lyon. Une étude pertinente, que La Fabrique verticale vous propose de découvrir.
L’une des problématiques essentielles de l’entraîneur, quelque soit l’activité, est d’avoir à sa disposition des indices objectifs d’évaluation de la performance de ses athlètes. L’idée étant de pouvoir orienter son action pédagogique dans le temps. Et ainsi planifier l’entraînement de la manière la plus optimale qui soit. Si La Fabrique Verticale a choisi de vous présenter cet article, c’est que son intérêt nous paraît dépasser largement le cercle des entraîneurs. Car tout un chacun pourra en effet y trouver des clés pour progresser. Ou aider ses compagnons dans ce sens.
L’escalade consiste à déplacer son centre de gravité du bas de la voie vers un point situé plus haut. Celui-ci peut être le sommet de la voie/du bloc. Ou une hauteur maximale en compétition. Comme l’explique Pierre Legreneur dans son étude, cette trajectoire du centre de gravité est la conséquence du déplacement des différents segments du grimpeur au cours du temps. Or si cette trajectoire n’est pas optimale, l’énergie consommée par le grimpeur sera si importante que tous les efforts consentis n’auront au final que peu d’effet…
Ainsi, la trajectoire permet de discriminer le niveau d’expertise des grimpeurs. Et d’évaluer leur apprentissage moteur. On pourra même distinguer, pour un même niveau de performance, les grimpeurs de type force et ceux de type technique. Bref, on aura toutes les clefs pour faire une analyse ! Il est généralement de bon aloi d’expliquer la performance par les seules qualités physiques. Toutefois, il paraît nécessaire de rappeler que la technique joue un rôle essentiel dans la performance en escalade.
Télécharger l’étude en pdf pour mieux comprendre l’ensemble des mécanismes mis en jeu et leurs implications dans la performance en escalade.
Pierre est Maître de Conférences HDR (Habilité à Diriger des Recherche) à l’UFR STAPS de l’Université de Lyon où il enseigne la biomécanique. Ses premiers travaux sur la recherche en escalade datent de 1992 et il pilote actuellement des recherches sur la modélisation de la performance en escalade. Premier champion de France de vitesse en 1989, président de Minéral Spirit de 2012 à 2015, il est aujourd’hui vice-président de la ligue Auvergne Rhône-Alpes en charge de la compétition. |
Chaque fois que le centre de gravité se trouve à l’extérieur du polygone d’effort ou polygone de sustentation , l’effort à fournir pour créer du mouvement est limité …par conséquent la prise de conscience de ces éléments aura été le principal vecteur de ma démarche pédagogique sur la technique gestuelle de mes jeunes grimpeurs …
C’est brillant sur le point de depart (le centre de gravité) mais ça semble trop simple, ou alors c’est loi qui comprend mal.
En termes simples, sa distinction revient à dire qu’un grimpeur privilégiant des méthodes statiques et un rythme homogène est plus technique qu’un autre alternant des sections dynamiques et des repos…même si la voie imposerait la deuxième solution!!!
D’où une question que j’espère utile: est que le nombre de kcal qu’on brule lors de notre ascension est le facteur limitant majeur? Pour caricaturer est que, en dehors d’une grande voie de 800 mètres, on tombe quand on a épuisé les stocks énergétiques accumulés au petit dejeuner?
Mais aussi:s’il y a un cercle vicieux dans les styles « puissants », est qu’on en a pas un aussi dans les styles « techniques », cette fois ci dans le sens de la minceur et d’un grimpeur qui serait un squelette doté de bons avant bras et tendons des fléchisseurs?
Je dirai plutot qu’un grimpeur dynamique est plus technique car il travaille selon le principe de la conservation de l’energie. Un grimpeur statique cherchera des positions d’equilibre qui induiront une augmentation du trajet parcouru par le CG avec des phases d’acceleration et de decceleration qui elles memes seront couteuses en energie.
Par contre le facteur limitant, comme dans tout sport, est la réserve énergétique du grimpeur, à cela pret que les substrats consommés dependent de la filière utilisée. Donc pas directement le petit déjeuner mais la maniere selon laquelle il est transformé.
J’espere avoir répondu à vos questions.
C’est très intéressant et on l’observe assez bien empiriquement:)
Concernant les styles en revanche je serais peut-être plus partagé…
Comme dit gianluca, la méthode la plus efficiente va dépendre des caractéristiques de la voie. S’il faut jeter mais qu’un grimpeur essaie inlassablement de passer en statique il finira par se dauber et chuter.
De la même manière, est-ce que la morphologie du grimpeur n’influencerait pas énormément le type d’escalade qui lui correspond le mieux énergétiquement?
Je remarque que -à niveau égal de performance- les fins et secs, sont 1° généralement meilleur en vertical ou léger dévers que les plus costauds; 2° sont beaucoup plus statiques lors de l’escalade très déversante.
Qu’en pensez-vous?
Merci pour votre commentaire 🙂
oui de fait, pour franchir un passage, il y a obligatoirement une « méthode » idéale qui est fonction des caractéristiques de la voie ET de celles du grimpeur : c’est là que se révèle l’expertise d’un grimpeur, dans sa capacité à mettre en oeuvre un algorithme qui intègre au mieux toutes ces variables, certaines étant stables (caractéristiques de la voie), d’autre non, qui évoluent en cours d’effort comme par exemple son niveau de fatigue à un instant T 🙂