Ino holds : le test de La Fabrique verticale
Ino holds est un petit nouveau sur le marché de la prise d’escalade. Son credo : proposer des prises moins impactantes pour l’environnement, grâce à de nouveaux process de fabrication. Cerise sur le gateau, c’est une marque française. Puisque son fabricant, Osmose, est basé dans la région grenobloise. La Fabrique verticale a voulu en savoir plus. Nous avons donc testé pour vous les Ino Holds.
La Fabrique verticale a découvert la marque Ino holds lors du Salon de l’escalade, en novembre dernier. Visuellement, le crush a été immédiat. Les formes originales et surtout les textures en 3D à leur surface nous ont illico donné envie d’en savoir plus. Mais en réalité, nous n’étions pas au bout de nos surprises. Car ces nouvelles prises se caractérisent par plusieurs concepts novateurs.
D’une part, le matériau qui les compose, le Greenmix, est une toute nouvelle matière, hybride, intégrant du chanvre et des matériaux recyclés. Ceci apporte une solution innovante à la question du recyclage des prises en PE et surtout en PU, que nous évoquions récemment, et qui à terme va se poser de manière cruciale dans toutes les salles d’escalade. Puisqu’actuellement, les prises partent à la benne en fin de vie….
D’autre part, la technologie AlpX qui a été utilisée pour produire les différents texturages à leur surface est un process tout à fait étonnant. Elle a impliqué toute une équipe lors de la conception, depuis le shaper Simon Favrot, architecte de formation, jusqu’à la société suisse de design industriel Youkaidi. Mais voyons ça de plus près !
Le greenmix, un tout nouveau mélange
Bye bye le polyester ou le polyurethane ! Ni en PE, ni en PU, les Ino holds sont fabriquées à partir d’un tout nouveau mélange, le Greenmix. Conçu dans une logique de diminution de l’impact environnemental, ce nouveau matériau intègre 11% de composants recyclés. En clair, des bouteilles plastiques PET qui sont broyées et réutilisées.
Habituellement, dans les prises en polyester, les fabricants utilisent du sable qu’ils mélangent à la résine. Ici, dans les Ino holds, pour la charge, le sable a été remplacé par des fibres de chanvre, une matière qui a plein d’avantages mécaniques dans les matériaux composites. De plus, la France est l’un des plus grand producteur de chanvre au monde, ce qui est un plus dans la logique des filières courtes.
Le Greenmix fait donc d’une pierre deux coups, en proposant un matériau biosourcé, à la fois plus solide et plus respectueux de l’environnement. Ces prises sont 40% plus légères mais surtout 23% plus résistantes que celles actuellement confectionnées en PE. À l’arrivée, les concepteurs des Ino holds ont obtenu des prises hyper légères. Si on ne savait pas qu’elles étaient faites en Greenmix, rien ne le distinguerait des habituelles prises en PU. À part peut-être, sur un plan esthétique, l’aspect un peu plus mat des zones lisses (vs le côté très brillant des prises bitexture en PU).
La technologie AlpX
Visuellement, il faut bien admettre que les Ino Holds sont une vraie réussite. Ces textures captent le regard. Et au touché, le résultat est assez bluffant. Car les Ino holds tranchent radicalement avec tout ce que vous avez pu voir jusqu’à aujourd’hui. Au lieu d’un grain lisse et uniforme, ces nouvelles prises proposent des surfaces en 3D, grâce à la technologie AlpX, développée en collab’ avec les designers industriels de la société suisse Youkaidi.
Comme l’explique Osmose, “nous avons commencé par travailler de façon très classique sur des mousses avec le shaper Simon Favrot. Les shapes ont ensuite été retravaillées par la Société Youkaidi qui a développé une technologie leur permettant l’application d’une texture. L’avantage de cette méthode c’est que nous pouvons appliquer ces textures sur n’importe quel shape et précisément sur les zones de notre choix.”
Ino Holds : la techno au service de l’originalité
Au programme, on a 3 textures possibles, au travers des gammes Alpha, Iota et Epsilon, avec les touchés Rîdges, Cracks et Summits. La texture Rîdges est la plus fine des trois. Elle se présente sous la forme de tout petits triangles en relief, qui ressortent de la prise, comme un fin maillage. Avec la Cracks, au contraire, les triangles sont gravés en profondeur, comme de fines fissures géométriques.
Enfin, la texture Summits présente, comme son nom l’indique, de tout petits sommets. Imaginez des Cervin en miniature, aux arêtes arrondis, qui émergeraient à la surface de la prise, dans la zone de la préhension. Résultat des courses, on est contraints de tâtonner et de bien travailler la prise à l’arrivée. Super intéressant !
À La Fabrique verticale, nous voyons trois avantages à ce système de texturation :
- sur le plan gestuel, cela procure de nouvelles sensations au niveau de la préhension
- à l’usage, ensuite, on peut attendre une plus grande durabilité qu’avec le PU qui a tôt fait de se transformer en savonnette avec les passages répétés
- sur le plan pratique, enfin, cela offre une grande facilité de nettoyage au brossage
Ino’holds, le test
Nous avons reçu un assortiment des prises Ino Holds, incluant diverses tailles de prises et de textures :
- Alpha 005 : une grosse pince assez exigeante à tenir puisqu’un côté est lisse et l’autre texturé, serrage garanti !
- Iota 010 : deux bacs en creux évasés qui, positionnés en vertical, permettent des talonnages plutôt sympas
- Epsilon 012 et 013 : deux séries de 3 grosses règles plus ou moins bonnes, bien adaptées au dévers et qu’on peut aussi visser sur des pyramides, pour les utiliser en compression
À l’ouverture, du fait de la légèreté de leur conception, les Ino Holds sont faciles à disposer. Même en hauteur perché sur l’échelle, ce qui est un vrai plus. Les prises se vissent comme des volumes, à l’aide de vis à bois (VBA). Ce qui donne plus de latitude dans l’ouverture. À La Fabrique verticale, où nous avons un pan à l’ancienne, ça nous a bien plu 😉 Surtout que nous cherchons à le gaver de prises en bouchant le moindre interstice, façon spay wall.
Les formes
Les shapes, originaux, permettent de créer des mouvements bien sympas. On les doit à Simon Favrot, architecte, designer et shaper de prises, qui les a sculptées en fonction d’un cahier des charges bien précis en terme de préhensions, de taille etc. Comme l’explique la société Osmose, un espace de créativité propre à son activité lui a été laissé. Mais “dès la création des shapes, les zones à texturiser ont été identifiées”.
Nous avons ouvert plusieurs blocs intégrant des prises des séries Alpha, Iota et Epsilon. Et nous avons particulièrement aimé les nouvelles sensations induites par ces textures. En particulier avec les Summits, qui demandent beaucoup de précision au niveau du placement des doigts sur la préhension. Tous les petits sommets en reliefs reproduisent un peu l’irrégularité des prises qu’on peut avoir en extérieur. Mais en conservant le côté agréable de l’escalade indoor en termes d’ergonomie.
À l’usage, il est assez facile de nettoyer les prises. Nous nous interrogions un peu sur ce point, inquiets de voir la magnésie s’accumuler et s’incruster dans les zones en creux, sur les zones texturées. En fait, il n’en est rien. Les préhensions se brossent facilement. Et pour ce qui est des zones laissées lisses, les traces de gomme laissées par les pieds partent aussi très bien.
Ino holds, l’avis de La Fabrique verticale
En résumé, nous avons été conquis par ces nouvelles prises, qui apportent un vrai plus en escalade et se distinguent vraiment de l’offre du marché. Le greenmix est probant. Car les Ino holds sont légères et solides. On ne craint pas de les faire tomber au sol. Et en grimpant, on n’a pas le touché un peu gras qu’on retrouve parfois avec le PU.
La techno AlpX offre de nouvelles sensations en termes de préhension. Visuellement, les shapes sont aussi très beaux. Enfin, c’est assez satisfaisant de grimper sur des prises produites selon des process moins impactants pour l’environnement. Bref, ce sont des prises à la fois éthiques et esthétiques, qu’on a eu plaisir à utiliser. Et en discutant avec des ouvreurs et des salles qui ont eu l’occasion de tester eux-aussi ces nouvelles prises, le ressenti est similaire.
Les Ino Holds se sont parfaitement comportées et ont présenté un équilibre parfait entre poids, durabilité du grain et résistance aux chocs. Les prises en Greenmix ont eu une durée de vie plus longue que les prises en PU. C’est très intéressant pour les collectivités qui ont des budgets plus restreints et qui changent leurs prises moins souvent.