Interview d’ Hugo Parmentier : « J’étais en grande forme et ça a payé »
Après plusieurs belles croix en 9a cet été, Hugo Parmentier a fait tomber son premier 9b, Eagle 4, à Saint-Léger-du-Ventoux. Une performance exceptionnelle ! Car c’est l’une des voies les plus dures de l’hexagone, libérée et seulement enchaînée par Adam Ondra en 2018. Interview du jeune prodige.
Avec Eagle 4, le jeune grimpeur parisien Hugo Parmentier intègre le club très fermé des Français ayant fait du 9b. Puisqu’ils ne sont qu’une poignée de frenchies à ce jour à avoir atteint ce niveau, dont Seb Bouin dont nous vous avons déjà souvent parlé.
La Fabrique verticale est partie à la rencontre d’ Hugo Parmentier tout d’abord pour recueillir ses impressions sur la voie. Mais aussi pour en savoir un peu plus plus sur ses méthodes d’entraînement et son approche de la performance.
Tu viens de réaliser ton 1er 9b, Eagle 4. As-tu mis en place un entraînement spécifique pour y parvenir ?
Hugo Parmentier : Tout à fait. J’ai intégré dans l’entraînement général du spécifique. J’ai recréé (grossièrement) au pan de mon club le crux de ma voie. Pendant quelques semaines entre les trips de la Toussaint/Novembre/Noël j’ai pu m’entraîner dans les mouvements qui me posaient problème et surtout m’habituer à l’intensité.
Quelle place a occupé le spécifique par rapport à l’entraînement global ?
Hugo Parmentier : J’ai passé au total 23 jours dans la voie à essayer encore et encore, à progresser tout doucement, voir quelles méthodes étaient les plus optimales, à faire le lien entre les mouvements pour les empiler et tout enchainer jusqu’en haut. Je suis monté entre 40 et 45 fois, répartis sur cinq trips.
Sacré engagement !
Hugo Parmentier : Effectivement ! En fait, j’ai essayé d’aller à Saint Léger le plus régulièrement possible. Pendant les vacances et dès que j’avais la possibilité de m’absenter de l’école pour quelques jours. De plus, il fallait aussi trouver des partenaires motivés, ce qui n’est pas une mince affaire avec les emplois du temps de chacun. Au début lorsque j’étais encore dans la grosse phase de travail des mouvs/sections et que l’enchaînement était loin, j’ai privilégié l’entraînement global. Sans chercher à arriver reposé.
Puis, tu as changé d’approche et tu as adopté une logique plus basée sur l’affûtage ?
Hugo Parmentier : Oui, juste avant d’y retourner, après les fêtes de Noël, j’ai repris un rythme plus calme. Plus de repos, moins de renforcement, voire plus du tout (TRX, Gullich, poutre etc.). Lors de ce trip j’ai fait de gros progrès dans la voie mais plus les jours passaient plus je me fatiguais, finissant par régresser. Finalement en rentrant à Paris début janvier j’ai continué sur un rythme très tranquille, en attendant un créneau à Saint Léger. Puis 2 semaines sont passées durant lesquelles j’ai fait de petits rappels de force, mais pas beaucoup plus. Au dernier trip j’étais en grande forme et ça a payé.
Qu’est-ce que tu as fait comme préparation dans la période où la voie était mouillée ?
Hugo Parmentier : En fait la voie a toujours été un peu mouillée mais j’ai continué à y aller. Ainsi, les 4 jours du trip de Novembre presque la totalité des prises de la section dure étaient mouillées. Heureusement j’ai appris à ce moment là la technique du PQ pour détourner le ruissellement des résurgences. Et à partir de là j’ai pu grimper dedans sans trop de problèmes.
Qu’est-ce qui te manquait le plus pour réussir cette ligne ?
Hugo Parmentier : A priori il me manquait surtout de l’endurance de force. Car je subissais l’empilement de tous ces mouvements très intenses. C’est pourquoi mon entraînement a été basé sur une reproduction de la voie. A l’approche de la réussite j’ai fait de la préparation mentale, pour me préparer à mettre des essais d’enchaînement. Car effectivement, je pense que c’est un facteur clé pour ne pas gâcher des essais. Être focus aux moments clés.
Quel est le type de séance à laquelle tu réagis le mieux en phase finale ?
Hugo Parmentier : A court terme et en dernière préparation pour tenter le projet j’ai souvent fait des rappels de force. Proposé par mon coach (Benjamin Buissou) avant les gros évènements : compétitions, séjours clés en falaise. Je trouve cette recette très efficace. Car bien reposé ça permet d’avoir un petit gain de power pur. Presque un petit level up temporaire.
Par exemple faire 2/3 séances de stato-dynamique. Cela joue sur le recrutement nerveux des fibres musculaires. De fait, on récupère très vite de cette séance et à l’approche de l’évènement la récupération est primordiale. Sur une barre à traction: Démarrer une traction et bloquer à 90° trois secondes. Puis finir la traction le plus vite possible en explosant. (lâcher la barre pour ne pas prendre d’excentrique). 5 répétitions. 4 séries.
Merci à Mountain Hardwear, sponsor d’Hugo, pour les photos signées © Aurèle Bremond
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