Atmosphère surchargée de magnésie : quelle nocivité pour la santé ?

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Snifer la magnésie, drôle d’idée ! C’est pourtant ce que nous faisons tous à notre insu en fréquentant les salles d’escalade, et surtout celles de bloc. “Respirer cette atmosphère surchargée en magnésie serait-il dangereux pour la santé ?”. C’est la question qui nous est parvenue hier, suite à la publication de l’article sur l’accidentologie dans les salles d’escalade.

Merci à ce lecteur attentif qui soulève là une question fort intéressante et qui a déjà été abordée dans un article de la Revue Les Alpes, du Club Alpin Suisse, en 2008. Son auteur, Christoph Meier, n’hésite pas à faire le parallèle avec les risques liés aux particules fines, auxquels s’exposent les ouvriers dans l’industrie.

“Les grimpeurs en salle respirent un air aussi vicié par les particules fines – composées, en l’occurrence, presque exclusivement de magnésie – que les ouvriers des secteurs industriels touchés par ce fléau. Tel est le verdict d’une étude effectuée par l’Université technique de Darmstadt. Les auteurs proposent des mesures simples pour réduire cette pollution.

Tout habitué des salles d’escalade sait que l’air n’y est pas des plus purs, tant s’en faut. Mais quel en est le degré d’insalubrité, et que contient-il ? Se penchant sur ces questions, des chercheurs de l’Université technique de Darmstadt, en Allemagne, ont mesuré et analysé cette pollution dans neuf sites. Ils se sont intéressés aux particules appelées PM10, d’un diamètre inférieur à 10 micromètres, soit un centième de millimètre.

Vu leur taille minuscule, les particules de magnésie pénètrent par le larynx dans les voies respiratoires, voire dans les alvéoles pulmonaires.

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Les salles de bloc sont les plus atteintes

Les résultats de ces recherches méritent d’être pris très au sérieux. En effet, le taux moyen de PM10 est de 3500 à 4200 microgrammes par mètre cube (micro g/m3) dans les salles de bloc. De 200 à 800 micro g/m3 dans les petites salles. Et de 400 à 1200 micro g/m3 dans les grandes.

Ces dernières enregistrent des pics de 1000 à 2000 micro g/m3, qui coïncident logiquement avec la densité maximale de visiteurs. Dans les industries concernées par cette pollution, la concentration de PM10 se situe souvent autour de 1000 micro g/m3.

Comme les particules pénètrent d’autant plus profondément dans les organes respiratoires qu’elles sont petites, les chercheurs ont également déterminé la quantité de celles dont le diamètre ne dépasse pas 2,5 micromètres (PM2,5). Ce taux peut atteindre 500 micro g/m3. La part des particules très fines est donc relativement modeste.

En outre, la poussière se compose presque exclusivement de magnésie, tandis que les particules provenant de l’usure des cordes et des chaussures ne jouent quasiment aucun rôle.

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Que signifient ces résultats ?

Si l’on se réfère aux valeurs limites fixées pour les particules fines dans l’atmosphère, ces concentrations sont extrêmement élevées. Puisque la moyenne journalière est de 50 micro g/m3 et que ce seuil ne doit pas être dépassé plus d’une fois par année. Une comparaison avec les taux admis dans l’industrie relativise ces chiffres.

C’est ainsi que le maximum a été fixé à 10 mg/m3 (= 10 000 micro g/m3) pour les particules qui atteignent les voies respiratoires. Et à 3 mg/m3 pour celles qui pénètrent dans les alvéoles pulmonaires. Cette limite, fixée pour les poussières inertes, s’applique également à la magnésie. “La grande différence entre ces seuils est due au fait que les particules fines atmosphériques sont généralement toxiques”, explique Roger Waeber, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Par ailleurs, les taux ont été déterminés pour des adultes en bonne santé. Et pour des périodes plus courtes en ce qui concerne les postes de travail, tandis que les limites applicables dans l’atmosphère doivent protéger, en plus, les personnes sensibles.

Améliorer l’aération

Cela dit, l’expert de l’OFSP conseille d’abaisser la quantité de particules fines dans l’industrie aussi. Car la loi sur le travail impose de réduire les atteintes à la santé à un niveau techniquement réalisable.

Confirmant cette obligation, Christian Monn, spécialiste des conditions de travail au Secrétariat d’Etat à l’économie, estime que les valeurs fixées pour les salles d’escalade sont trop élevées. Il est urgent d’agir. Car la concentration de magnésie a atteint 4,8 mg/m3 dans certains cas, taux supérieur au seuil admis de 3 mg/m3 dans le monde professionnel.

“En outre, il ne faut pas oublier que la respiration des personnes est plus intense dans les salles d’escalade. D’où une absorption accrue de particules fines”, ajoute ce spécialiste. C’est pourquoi les gérants de ces lieux devraient veiller à une meilleure aération. Des mesures effectuées à Hanau en Allemagne ont prouvé l’efficacité d’une telle action.

Grâce à l’ouverture d’une seule porte, la concentration de PM10 a diminué de moitié en quelques minutes. Si ces dispositions ne suffisent pas, Christian Monn préconise des mesures techniques qui empêchent la dissémination de la poussière. Et éventuellement en installant une aération performante.

Les conclusions et limites de l’étude

Faute de recherches, il n’est toutefois pas encore possible de dire quelle est la méthode la plus efficace pour réduire les particules fines. Malgré les limites méthodologiques – absence de données toxicologiques sur la magnésie, mesures effectuées à un seul endroit – de leur travail, les auteurs de l’étude précitée estiment eux aussi qu’il y a lieu d’intervenir.

Les personnes qui ont des problèmes de respiration, les bébés et les enfants qui ne grimpent pas eux mêmes devraient éviter les salles d’escalade. Par ailleurs, il est conseillé aux grimpeurs de limiter la consommation de magnésie. Et de s’adonner à leur sport en dehors des heures de grande affluence.

Enfin, les gérants des salles devraient avertir leurs collaborateurs de la pollution qu’ils subissent au travail. Ces derniers sont physiquement moins actifs que les visiteurs. Ils n’en sont pas moins les principales victimes. Dans les salles d’escalade, presque tous utilisent de la magnésie pour absorber l’humidité.”

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26 réponses

  1. N. dit :

    Erreurs dans l’article:
    * micro s’écrit µ
    * 10 mg/m³ ne fait pas 10000g/m³, mais 10000µg/m³

    D’autre part, la magnésie liquide est pas mal du point de vue des particules fines, car les particules de magnésie sont moins volatile.

    • Laurence dit :

      Faute de frappe rectifiée, merci ! Oui, la magnésie liquide est sans doute une solution, reste à savoir quel impact son usage régulier peut avoir sur la peau ?!

      • N. dit :

        La composition de la magnésie liquide de Décathlon(première trouvée sur google) est la suivante:
        «Eau, Alcool, Carbonate de Magnésium, Épaississant, Parfum»
        Malheureusement, on ne sait pas quel est le composé épaississant, par contre il y a du parfum, et il est connu et reconnu que les parfums sont de parfaits allergisants. Il existe d’autre marques qui ne contiennent pas de parfums, et même d’autres sans alcools (mais avec quels additifs?).
        Peut-être le sujet d’un de vos prochains articles ? 🙂

        • Superworm dit :

          Franchement je préfère mettre des produits potentiellement « louche » sur la peau des mains (qui est quand même resistante), plutot que de respirer de la merde dans les poumons qui sont très vulnérable aux particules fines. La meilleure solution est la magnésie liquide, je l’utilise depuis 2 ans, jamais eu de problème de peau. Mais les gens préfèrent la magnésie en poudre, c’est dommage…. Et ça fait chier

        • bleauzard dit :

          L’épaississant de la magnésie liquide de Décathlon (Simond) est de la glycérine! Source: la Fiche de Données de Sécurité fournie (à ma demande) par Simond.
          Une fois l’alcool éthylique évaporé, la glycérine n’est pas l’idéal pour l’adhésion des mains.

    • JoDesMontagnes dit :

      Puis c’est quand même bien moins efficace que la poudre, ça rend les mains poisseuses et impossible d’en mettre dans la voie

      • Aurélien dit :

        Au vu des quantités généralement utilisées en salle et de la longueur des voies, il n’est pas nécessaire de remettre de la pof en cours d’ascension.

        La pof liquide ne rend pas les mains poisseuses si elle est utilisée correctement.

    • Gaël B.J Beltrémieux dit :

      oui mais une portion non négligeable des adeptes sont allergiques a la magnésie liquide qui leur provoque de la dishydrose la plupart du temps ou des eruptions cutanées de type eczéma

  2. David dit :

    10 mg/m3 = 0,01 g/m3 !

    10 000 g/m3 serait 1Kg/m3 ça fait un peu beaucoup non?

  3. sha dit :

    La surconsommation de magnésie dans les salles d’escalade me laisse sans voix… Des débutants qui se mettent de la magnésie jusqu’au coude, alors qu’ils grimpent sur des bacs énormes, des grimpeurs qui se tartinent dès l’échauffement, parfois même qui se tartinent une première fois, discutent avec leurs copains, et paf ! Re-pof, alors qu’entre temps ils n’ont même pas grimpé. En revanche je vois très peu de grimpeurs s’essuyer les mains sur leur pantalon, alors que ça permet de réduire sa conso de magnésie, si si !
    Il m’est déjà arrivé d’arrêter ma séance de grimpe en salle à cause de l’impression de manquer d’air. Il faut que le monde de la grimpe se remette en question par rapport à la magnésie…
    Et pour finir, je pense à celles et ceux qui travaillent dans ces salles, toute la semaine… Quelles conséquences à long terme sur leur santé ?

    Merci pour cette article en tout cas !

    • Laurent dit :

      Mêmes observations, tout à fait d’accord !

    • hherve dit :

      100% d’accord, la poussiére de bois est cancérigène, les menuisiers doivent porter des masques FFP2, pourtant le bois c’est naturel, alors la magnésie…..

      • Olivier dit :

        La magnésie aussi est naturelle. Ceci c’est aussi une question de finesse de particules… Et nos alvéoles pulmonaires ne sont pas plus conçues pour composer avec le bois que la magnésie 🙂

  4. Laurent dit :

    Une petite erreur dans l’article : « Dans les salles d’escalade, presque tous utilisent de la magnésie pour améliorer la friction.”
    Pour être exact, la magnésie n’améliore pas la friction, elle absorbe l’humidité.

    Article très intéressant par ailleurs !

  5. Cremades dit :

    Bonjour, et la magnésie liquide en flacon mélangée à un solvant?
    est-ce les même conséquences?

    • Marie dit :

      Le problème est qu’il n’y a pas de prise de conscience de la part des salles, ni des grimpeurs ! Quand on voit les employés passer leurs journées dans ce nuage, et les grimpeurs amener leurs jeunes enfants…c’est que probablement ils ne connaissent pas l’ampleur du problème.
      Sans obligation de mesures du taux de pollution et communication sur le sujet, dur dur de faire bouger les choses !

  6. Eric dit :

    c’est très simple de faire sa magnésie liquide soi même : alcool 70° / magnésie / résine de pin

  7. cédric dit :

    j’aimerais savoir d’où vient l’étude. Avais vous un lien sur la véracité de ces chiffres?
    Qui a fait l’étude ou sont les résultats?

    • Laurence dit :

      Comme indiqué dans l’article, il s’agit au départ d’une étude menée par l’université technique de Darmstadt. Elle a été reprise dans la Revue du club Alpin suisse en 2008, à laquelle nous nous sommes référés pour cet article, ne maîtrisant pas la langue de Goethe 😉

  8. Marion dit :

    Article très intéressant. L’étude mériterait d’être largement diffusée, notamment aux salles d’escalade. Je suis asthmatique et en ce moment, avec l’arrivée de l’hiver qui empêche les grimpeurs de sortir en extérieur, les salles sont sur-fréquentées et donc encore plus de magnésie est utilisée. Cela fait trois fois que je suis au bord de la crise d’asthme alors que mon asthme est correctement traité depuis 10 ans et que je n’ai aucun problème pour pratiquer la montagne (escalade, alpinisme, randonnée jusqu’à plus de 5000 mètres, ski de fond, etc.) en extérieur.
    Ce problème mériterait une sensibilisation accrue des grimpeurs et des responsables de salles.

  9. Jacques dit :

    Merci pour cet article. Je pense qu’une autre faute de frappe s’est glissée dans l’article : les valeurs moyennes de PM10 doivent se situer aux alentours de 350 à 420 micro g/m3 plutôt que 3500 à 4200, valeurs qui représentent 3 fois les taux constatés lors des pics, ce qui, pour une moyenne, est un peu curieux

  10. Robert MICHEL dit :

    Petites précisions magnésie liquide :
    1/ Très souvent le liquide volatil n’est pas de l’alcool éthylique mais de l’alcool isopropylique. L’avantage c’est que c’est moins inflammable. D’autres mettent de l’alcool de ménage ou à bruler, cela contient de 15 à 20% alcool méthylique qui est neurotoxique.
    2/ La glycérique n’est pas le top comme épaississant ! Beaucoup mettent des épaississants alimentaires à base de cellulose. Certains mettent de la résine de pin (colophane), le résultat est très bon, mais DANGER, La colophane est soluble dans les alcools, et l’alcool permet la pénétration de la colophane dans la peau, avec risque d’allergie sévère.
    Il y deux marques, à ma connaissance de magnésie liquide avec colophane, la STRONG de Simon et la DRY 5 de Rock Technologies.
    Normalement, tous les vendeurs devraient fournir la Fiche de Données de Sécurité (FDS) de ces produits, c’est une obligation légale!

    • Alex dit :

      Bonjour
      J’ai la (mauvaise) impression que la magnésie m’assèche les yeux.
      Du coup je mets des lunettes pour grimper en espérant que ça limite l’effet

  11. Lassalle dit :

    Pas de méthodologie scientifique, juste mon expérience personnelle. Suite à un scanner l’an dernier et après un an d’attente pour avoir un diagnostic,je souffre d’une sarcoidose provoquée par l’inhalation de particules fines en l’occurrence Magnésie. Si elle n’est pas toxique en tant que telle, sa finesse fait qu’elle se propage au plus profond des poumons à provoqué des réactions inflammatoires. Celles-ci peuvent être graves. J’ai la soixantaine et une pratique régulière et ancienne en salle. Je paye certainement les anciennes pratiques ou c’était open bar dans l’utilisation mais je suppose que des mesures de pollution à l’heure actuelle ou l’usage est plus modéré seraient édifiantes. À réfléchir des solutions pour préserver la santé des pratiquants notamment les enfants ainsi que des professionnels qui sont bien exposés.

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