Moonboard, Kilterboard, etc. : les raisons du succès
De plus en plus de salles dans le Monde sont équipées de Moonboard ou de Kilterboard. Ces murs d’escalade inclinables, remplis de prises, ressemblent peu ou prou à ce que les plus âgés d’entre vous ont pu connaître à leurs débuts. C’est-à-dire de bons vieux pans. So what ?! En quoi ces nouveaux outils sont-ils révolutionnaires ? Moonboard, Kilterboard, etc. : les raisons du succès.
Si vous êtes présents sur les réseaux sociaux, vous avez sans doute souvent vu passer des vidéos de grimpeurs pros s’entrainant sur ces panneaux inclinables, remplis de prises équipées de leds. Plusieurs marques en proposent : Moon, Tension, Lattice, Grasshopper, Kilterboard… Jusque là surtout présents aux US, au Canada ou au Japon, ces panneaux deviennent tendance. Et ils commencent à débarquer en force dans les salles européennes. Le leader dans l’installation de ces panneaux ajustables est Le Mur, une entreprise canadienne, partenaire officiel de Kilter : déjà 175 murs installés sur 4 continents. Et tous fonctionnent !
On en trouve déjà pas mal au Royaume-Uni, mais aussi dans une moindre mesure en Espagne. Mais c’est surtout en Allemagne que le phénomène prend de l’ampleur. Au Pays de Goethe (ou plutôt de Güllich et de Megos ;-), quasiment tous les projets de nouvelles salles intègrent une zone d’entrainement pourvue d’un outil de ce type. Il faut dire que le prestataire allemand dans l’installation de boards de ce type, Benky Climbing, est très actif et propose un réglage d’inclinaison électronique très fiable, quoiqu’onéreuse.
Dans l’Hexagone, pour l’instant, le maillage est plus timide. Au niveau du marché français, le produit est encore nouveau et gagne à être connu. À l’heure actuelle en France, on compte les Kilterboard sur les doigts d’une main, environ 3. Mais si vous avez de la chance, vous en avez peut-être vu fleurir à votre salle préférée. Par exemple, la salle Atome d’Annecy qui a ouvert cette année est équipée de cet engin de guerre et force est de constater qu’il ne désemplit pas.
Moonboard, Kilterboard, etc. : quesaco ?
Imaginez un pan inclinable, de dimension respectable, avec une très forte densité de prises. Vous me direz : “C’est tout bêtement un pan des années 90”. Pas faux ! À ceci près que les prises sont disposées de manière standardisée et que l’on peut les activer via des leds. Ceci permet de répertorier par le biais d’une application tous les passages créés sur l’outil. On se connecte ensuite avec son smartphone, pour avoir accès au répertoire de blocs. Soit plus de 50 000 sur l’application Kilter et à ce jour, plus de 100 000 sur celle de Moon. Il s’agit donc d’un pan d’entrainement interactif.
Un peu d’histoire
Dès 2004, le grimpeur anglais Ben Moon a eu l’idée de construire un pan d’entraînement standardisé (8×12 pieds, incliné à 40°). Un outil basique qui pourrait être reproduit partout dans le monde. Basé sur les murs de The School Room, la célèbre salle de Sheffield, le nouveau MoonBoard a permis aux grimpeurs du monde entier de se challenger dans les mêmes mouvements de bloc difficiles.
Les utilisateurs pouvaient également ouvrir leurs propres blocs sur le pan et les télécharger sur le site Web de Moon Climbing pour que d’autres puissent les essayer, constituant ainsi une véritable communauté de grimpeurs. La MoonBoard telle que nous la connaissons aujourd’hui est apparu en 2016, lorsque la société a lancé un nouveau site Web, une application interactive et un système d’éclairage par leds.
Via le Bluetooth, les utilisateurs de la MoonBoard ont pu alors directement se connecter au pan et sélectionner un passage. Ceci ayant été rendu possible grâce aux voyants leds placés sous les trous correspondants, qui s’allument. Car le système est tout bête. Les lumières aident les grimpeurs à suivre l’itinéraire sans avoir à mémoriser la séquence.
Moonboard vs Kilterboard
Les deux systèmes sont similaires sur le principe. Mais on note tout de même quelques différences. Sur la Moonboard, les prises sont généralement en bois, avec un style qui reste assez old school (mais efficace). Le pan est réglable de 25° à 40°. Sur la Kilterboard, le système semble un plus abouti. Car ce sont les prises elles mêmes qui sont équipées de leds. Alors que sur la Moon, le système d’éclairage rend les prises de pied plus difficiles à voir d’en haut.
De plus, sur la Kilterboard, les prises sont un peu plus variées, avec des préhensions mains ouvertes. Une fois le passage sélectionné, il suffit de régler la Kilterboard sur l’inclinaison indiquée et d’utiliser uniquement les prises allumées. L’inclinaison peut se régler avec précision sur une large plage d’inclinaisons : de 20 à 70°. Grace à la structure hydraulique développée par Citywall, la stabilité de la board, même inclinée à 70°, est totale.
Comme ces pans sont standardisés, sur tous les Moonboard ou Kilterboard du globe, les prises sont disposées de la même manière. Donc, sur les uns comme sur les autres, on peut donc se tirer la bourre avec des grimpeurs au Japon ou aux US, simplement en consultant l’application et en allumant les prises du bloc que l’on souhaite réaliser. On a sous la main une base de données phénoménale. Tout un répertoire de blocs, classés par niveaux, ce qui facilite grandement la séance. Pas besoin de se creuser la tête à inventer un passage, comme on faisait dans le temps.
Les dimensions
Les Kilterboards sont déclinés en 4 tailles, exprimées ici en pieds ou en mètres :
- 8 x 12 (environ 2,4 x 3,6 m)
- 10 x 12 (environ 3 x 3,6 m)
- 12 x 12 (environ 3,6 x 3,6 m)
- 16 x 12 (environ 4,8 x 3,6 m)
Les avantages
Ils sont nombreux. Le principal est celui de pouvoir disposer d’un répertoire quasi illimité de blocs à essayer, parfois ouverts par des grimpeurs pros comme Daniel Woods ou Jimmy Webb. L’application rend l’utilisation de l’outil à la fois pratique et conviviale. La densité de prises est conséquente (198 sur une Moonboard, 305 sur une Kilterboard). Et en termes d’ergonomie et de variété de prises, rien à redire ! Si ce n’est que c’est très, très, à doigts… En particulier sur la Moonboard.
Ça tranche en tout cas avec que ce que l’on retrouve dans les ouvertures modernes en salle, qui jouent plus sur les coordinations que sur la tenue de prise. C’est donc, dans les faits, un outil de progression très puissant. Puisqu’on a accès à des trames de blocs extrêmes, ouverts dans des styles qui ne sont pas forcément dans notre style de prédilection. On peut aussi reproduire assez facilement des crux de voies. Cela en fait l’outil d’entrainement privilégié des falaisistes ou des bloqueurs, pour se préparer à leur projet en extérieur.
De plus, la variation de l’inclinaison du mur, combinée à des prises ergonomiques, en fait un outil d’escalade adapté aux grimpeurs et grimpeuses de tout niveau, qui dès lors peuvent pratiquer ensemble. Un même bloc coté 8A à 60 degrés devient beaucoup plus abordable si on incline le pan à 30 degrés ! Par ailleurs, le système d’éclairage par leds vous permet d’ajouter des pieds à un passage lorsqu’il est jugé un peu morpho. Manière de rendre l’escalade un peu plus inclusive !
Les limites des Kilterboard et autres pans interactifs
La première limite reste et restera sans doute toujours le prix ! Comptez par exemple un budget de 26 500 € à 31 500 € pour une Kilterboard, selon les dimensions et la société qui se charge du montage (Dreamwall, Citywall, etc). Au passage, le prix ne comprend pas le transport et l’installation, ni le matelas de réception. Bref, ce n’est pas à la portée de Mr Tout le Monde. Difficile d’acquérir ce type d’outil pour l’installer à son domicile. Et il vous faudra donc attendre que votre salle s’équipe. Mais de plus en plus de salles semblent vouloir sauter le pas. Tout comme elles ont réintroduit des Spray wall, ces murs colorés gavés de prises et de volumes, pour compléter leur offre. Alors, patience…
Toutefois, il est difficile d’estimer le nombre de salles en France qui souhaiteraient s’équiper. Mais ce qui est sûr, c’est que peu de salles pourront acquérir une Kilter si cela n’est pas pris en compte au départ dans le plan de financement avant l’ouverture. Cela reste cher et surtout, bien souvent, il n’y a pas la place nécessaire, qu’il convient d’intégrer au projet en amont. La concurrence vient surtout des pays de l ‘Est mais le rapport qualité prix n’est pas toujours à la hauteur.
Autre inconvénient, le caractère bien bourrin de l’outil. Car il est bien clair que ce n’est pas sur ce type de support que vous apprendrez à poser les pieds. C’est très physique, certes très gainant pour les pieds mais dans un gestuelle très orientée vers le haut niveau. Un grimpeur débutant ou de niveau modéré pourra peut-être jouer dessus. Mais il aura aussi intérêt à grimper dans les blocs de la salle. Et en particulier dans les dalles, pour parfaire son jeu de jambes 😉
Kilterboard, Moon board, etc. : en conclusion
Sur ces panneaux, les prises sont fixées selon un positionnement précis, fixe et définitif. C’est la condition nécessaire à un partage communautaire des passages ouverts par les utilisateurs partout à travers le monde. C’est avant tout le système de leds qui a fait le succès de la Kilterboard. Les amateurs autant que les grimpeurs de haut niveau sont séduits par le produit. Car avec une base de données offrant de plus de 50 000 blocs, les possibilités en terme de niveau et de variété sont immenses. Conti, force ou résistance, toutes les filières peuvent être travaillées.
À La Fabrique verticale, nous coachons nombre de grimpeurs qui travaillent des voies en extérieur. Or ils se retrouvent de moins en moins dans ce que proposent les salles de bloc en termes d’ouverture. Trop de mouvements atypiques, de skates, de coordo, dont la réalisation est certes difficile mais qui sont d’un intérêt limité sur un plan gestuel pour s’entrainer dans la perspective de leur projet.
En revanche, la présence d’une Moonboard ou d’une Kilterboard à leur salle leur permet toujours de developper la puissance dans le geste. Et ce dans un style bien en rapport avec les exigences de l’escalade en extérieur. C’est un outil efficace pour l’entrainement, quand les grimpeurs ne peuvent pas aller régulièrement dehors. Et un complément indispensable à la poutre et au pan Gullich, pour maintenir des sollicitations bien spécifiques.
Merci à Frédéric Pellevet de la société Grimpalimpa (distributeur Citywall pour la France) pour ses informations et les photos mises à disposition.