Neox de Petzl : le test de La Fabrique verticale
Cela fait plusieurs années qu’une rumeur annonce la sortie d’un nouveau dispositif d’assurage chez Petzl. Un joujou extra qui ne fait pas crack boum hue mais permet de donner du mou beaucoup plus facilement qu’un GriGri. Longtemps annoncée, plusieurs fois repoussée, la sortie du Neox est enfin d’actualité. L’occasion pour La Fabrique verticale de le tester.
En cette rentrée 2024, Petzl lance le Neox, son nouveau assureur à blocage assisté. Ce joujou extra est destiné à tous les bébés à carrure d’athlète mais pas besoin d’être un playboy. Ça fonctionne aussi avec tous les grimpeurs et grimpeuses passionnées ! La marque iséroise a longtemps œuvré sur ce nouveau dispositif qui, extérieurement, ressemble beaucoup à un GriGri. Mais il s’en distingue toutefois grandement par sa conception. D’où le nom, très différent, donné au produit : Neox.
Pour la petite histoire, le préfixe -neo, qui le compose, est emprunté au grec ancien. Il sert à désigner, notamment en philosophie, certaines écoles qui se rattachent à une école antérieure dont elles prolongent la pensée. C’est le cas, par exemple, pour les Néo-platoniciens, qui se réclament de Platon. Quant au suffixe -ox, en latin, c’est un diminutif de oculus, qu’on peut traduire par : “qui a un air de, qu’on voit”. Il peut aussi donner une connotation d’exagération ou d’amélioration.
D’un point de vue lexical, le Neox annonce donc clairement la couleur. Il s’inscrit clairement dans la lignée du fameux assureur qui a fait la réputation de Petzl. En bref : “Ça ressemble à un GriGri, ça a la couleur d’un GriGri, mais c’est beaucoup mieux qu’un GriGri”. Un postulat que nous avons eu envie de vérifier cet été à La Fabrique verticale. Nous l’avons donc embarqué en falaise. Alors, c’est quoi la différence entre un GriGri et un Neox ? Et en quoi est-ce tellement mieux ?
Neox : le principe
À première vue, donc, le Neox ressemble étrangement à son célèbre prédécesseur. En fait, à part une très légère différence de poids et de taille, l’ergonomie reste la même. Il s’ouvre de la même manière qu’un GriGri. Et on dispose la corde dans le même sens. On retrouve les deux flasques qui basculent l’une par rapport à l’autre et se referment en clippant un mousqueton de sécurité sur le pontet du harnais. De plus, le Neox présente lui aussi une poignée ergonomique qui permet de débrayer le système et de redescendre le grimpeur en toute sécurité, en dosant la vitesse de défilement de la corde. Enfin il s’utilise aussi bien en tête qu’en moulinette. So what ?
En fait, la différence fondamentale réside au cœur de l’appareil, au niveau de la came. Car les ingénieurs R&D de Petzl ont intégré une roue en acier inoxydable à l’intérieur, autour de laquelle vient se placer la corde, lui permettant de coulisser à travers le dispositif avec très peu de frottements lorsqu’on assure. Au moment de la chute, dès que le brin de freinage est sous tension, même avec une faible intensité, la roue est tirée hors de son axe et s’arrête de tourner, ce qui fait pivoter la came et bloque la corde en la pinçant. Ingénieux !
Sur le terrain
Grâce à l’intégration de cette roue centrale, Petzl a donc réussi à améliorer la fluidité d’utilisation dans son dispositif sans compromettre ses performances de blocage assisté au moment de la chute. Car cette roue, qui tourne librement, réduit considérablement les frottements. Elle permet de donner le mou beaucoup plus facilement qu’avec un GriGri lors de l’assurage en tête. Pour autant, l’assistance au moment du blocage de la corde qui a fait le succès de l’assureur phare de Petzl reste très efficiente sur cette évolution.
Avec le Neox, la prise en main est immédiate. En fait, c’est même assez bluffant. Si vous êtes un habitué du GriGri et avez dû apprendre à optimiser cette phase cruciale de l’assurage qui demande à anticiper très légèrement pour ne pas entraver votre leader au moment des mousquetonnages, vous ne pourrez qu’apprécier la différence. Et si vous découvrez le dispositif, d’un point de vue pédagogique, c’est top. Car il peut s’utiliser exactement comme un assureur classique, en accompagnant la corde dans l’appareil et en dynamisant en avançant d’un pas au moment du vol.
Assurage en tête
C’est dans la situation de l’assurage en tête que le Neox démontre le plus sa supériorité sur le GriGri. Finis les blocages intempestifs de la came, quand il s’agit de donner le mou rapidement à son leader. La corde coulisse librement dans le dispositif. Si toutefois vous vous êtes faits surprendre, sachez que le Neox a conservé sa gorge métallique latérale. C’est elle qui permet, selon la méthode préconisée par Petzl pour un assurage totalement sécurit, d’y positionner son index droit pour garder le contrôle sur la corde avec les autres doigts, bloquer la came avec le pouce droit et tirer le mou simultanément avec la main gauche.
À ce propos, il n’est pas inutile de rappeler qu’en aucun cas, l’assureur ne doit lâcher le brin de corde qui sort du dispositif. C’est-à-dire celui qu’on tient traditionnellement main droite, le brin de freinage. C’était déjà le cas avec le GriGri. Ça l’est plus encore avec le Neox. Puisque la corde navigue très librement dans le dispositif et que le brin de freinage doit être sous tension pour stopper la rotation de la roue et déclencher le basculement de la came. Cette spécification est d’ailleurs inscrite sur le produit.
Le vol avec un Neox
En terme d’utilisation, le Neox est compatible avec des cordes dynamiques de diamètre compris entre 8,5 et 11 mm. Pour notre part, nous avons utilisé le Neox avec une corde de 9,2mm, la Volta de Petzl. Concernant l’expérience du vol, la seule différence notable que nous avons relevée par rapport à l’assurage avec un GriGri, c’est le très léger temps de décalage avant que la roue ne cesse de tourner et que la came ne bascule. C’est minime mais cela a deux conséquences.
Tout d’abord, le freinage du vol est plus souple. Puisque quelques cm de corde sont entrainés dans la roue avant le blocage de la came. Ceci est clairement un plus en terme de dynamisation. Mais parallèlement, ce temps de latence nécessite aussi une vigilance accrue, en particulier dans les départs de voie. Donc, comme toujours, la maxi prudence !
Neox : Assurage en moulinette et descente
En moulinette, l’utilisation du Neox présente peu de différences par rapport au GriGri. Si ce n’est deux choses. Lorsqu’on assure “souple”, il faut être encore plus attentif à contrôler la corde de sortie avec la main du bas. Car la corde circule de manière très libre dans les deux sens. Et quand on commence à tendre un peu plus la corde, par exemple pour aider un partenaire en difficulté et l’alléger, ça va d’abord placer le système roue/came dans un entre-deux avec des petits clics bien audibles. Mais dès que la tension s’accroit, par exemple lorsque le grimpeur s’assoit dans le harnais, l’ensemble du système bascule et le blocage est effectif.
Outre une utilisation en falaise avec une corde relativement fine, nous avons été amenés également à assurer en salle, en moulinette, avec le Neox. Un vrai régal ! Car la fluidité procurée par la roue s’avère un atout particulièrement appréciable avec des cordes de collectivité, parfois raides et épaisses. Enfin, dernier cas de figure, nous avons aussi utilisé le Neox pour descendre sur une corde fixe, au Verdon. Aucun soucis dans ce cadre. Ça fonctionne exactement comme un GriGri !
Les plus
- permet de donner le mou plus facilement
- dynamise mieux les chutes
Les moins
- Légèrement plus lourd qu’un GriGri ( 235g vs 170g)
- Plus cher qu’un GriGri (130 euros)
Bonjour
Après 1 mois d’utilisation du Neox :
– C’est vrai que la prise de mou est sans commune mesure avec les grigris précédents
– Avec les cordes un peu épaisses et/ou raides, c’est quasiment magique
– Par contre attention avec une Joker neuve : il faut être encore plus prudent qu’avec un grigri traditionnel !
– Mais pour bien l’utiliser, il faut savoir revenir à la méthode d’assurage traditionnelle : c’est la main de maintien qui donne d’abord le mou en premier et ensuite l’autre main tire la corde. Exactement comme avec un assureur de type tube.
– Fini donc le réflexe d’appuyer sur la came avec la main de maintien, tandis que l’autre main tire la corde vers le haut
– Et visiblement l’abandon de ce réflexe + la coordination mais gauche en premier et droite en suivant sont compliqués pour les grimpeurs de longue date
– Ce d’autant plus que le blocage de la roulette se produit beaucoup plus facilement qu’un grigri classique. Cela peut déranger !
– Lors d’un vol, la latence inhérente au blocage de la roulette est imperceptible
– Le blocage de la roulette produit un « clac » bien sonore –> cela surprend un peu pour un dispositif d’assurage qui a toujours été totalement silencieux
– En moulinette, le Neox bloque parfaitement le grimpeur qui travaille un pas. Et contrairement au Revo de Wind Country , théoriquement la main de maintien pourrait lâcher la corde (même si c’est non conseillé).
– Par contre il suffit de tirer légèrement la corde pour que le Neo se déverrouille. Donc attention aux phases statiques !
– En moulinette, la roulette permet de prendre très « sec » le grimpeur avec beaucoup moins de force.
– Plus lourd d’un grigri
– Onéreux !!!!!!!! Mais bon, sur 10ans d’utilisation ce n’est finalement pas si cher.
– Au final, un bien joli joujou qui se révèle inutile si vous utilisez des cordes fines !
Salut et merci pour votre retour !
D’accord sur tout sauf sur la dernière remarque : même avec les cordes fines, le confort d’assurage est augmenté par rapport au grigri. Pourquoi alors s’en passer ??
En passant, les cordes fines sont géniales (et je suis le premier à les apprécier). Mais dans 90 % du temps de notre pratique, autrement dit, toutes les fois où on grimpe autrement que pour faire un run a muerte dans une longueur de 60 mètres, elles sont superfétatoires. Donc si on grimpe avec des cordes fines on peut aussi se concessionner le neox 😉