Récupération en escalade : optimisez les repos dans les voies
Nombreux sont les grimpeurs qui pensent que les voies longues, dans lesquelles on peut certes trouver des crux bien marqués mais qui offrent aussi des positions de récupération, sont plus anodines que leurs homologues, courtes et résistantes, où l’on doit grimper « senza respiro » comme disent nos amis italiens.
Récupération : encore faut-il être capable d’optimiser ces repos ou simples décontractions, sous peine de choir lamentablement à la dernière difficulté ou juste sous le relais. La Fabrique Verticale vous en dit plus sur cette capacité, déterminante pour la réussite.
Un peu de stratégie
Au moment de tenter un essai à vue, la première prise d’information sur la présence éventuelle de points de décontraction se fait au pied même de la voie. Il s’agit de repérer les zones de « rupture » qui peuvent jalonner le parcours (changements d’inclinaisons, arêtes, dièdres…), puis de chercher s’il y a des prises très magnésiées à proximité : possible qu’on puisse s’y reposer un peu.
Récupération : une question de pente
Vous l’avez ressenti lorsque vous grimpez sur une face inclinée ou à peine verticale, les muscles qui réclament le plus les haltes réparatrices sont ceux des avant-bras, bien sûr, mais aussi des bras et des mollets. Il faut donc idéalement trouver une ou deux prises de pied suffisamment épaisses, vous permettant de reporter la plus grande partie de votre poids sur les jambes et de libérer une voire les deux mains et de vous relaxer le temps nécessaire.
Malheureusement, plus la cotation monte, plus il devient rare de rencontrer de telles situations, encore que…
Dans des voies verticales ou déversantes, les occasions de délester totalement les bras deviennent de plus en plus rares, mis à part les itinéraires remontant des rails de colonnettes ou riches en concrétions de toute sorte comme on en trouve sur l’île de Kalymnos. Quoique l’on fasse, nos membres supérieurs doivent très souvent soutenir une partie de notre poids, aidés des abdominaux qui par leur contraction permettent d’utiliser au maximum les prises de pied.
Dans les voies à colonnettes, la clé de la réussite tient beaucoup à la capacité d’utiliser différentes formes de coincements de pied, genoux, bassin, au prix parfois de belles contorsions
De la méthode
La forme la plus courante de délayage consiste à laisser pendre les bras, un après l’autre, et agiter la main libre en relâchant autant que possible l’épaule. Cette alternance est au début rapide (toutes les 5 secondes environ) puis il faut tendre quand on le peut vers des temps plus longs (10 à 20 secondes par bras). Si la phase de récupération est longue, il faut, peu avant de repartir, se réactiver mentalement et physiquement, en adoptant à nouveau une fréquence plus rapide.
Les points de décontraction sont des moments idéaux pour tenter de lire le passage à venir si on est à-vue, ou se remémorer les prochains mouvements dans une voie après travail
Il existe une variante de cette méthode, malheureusement trop peu usitée : on agite toujours le bras qui délaye, mais tantôt dans la position classique (en bas), tantôt au-dessus de la tête, avec une rythmicité de 5 secondes. L’intérêt de délayer les bras en position haute favorise en effet le retour veineux au niveau de l’avant-bras, par simple effet gravitationnel, et par conséquent le drainage musculaire.
Récupération : une question de temps
Alors décontraction ou repos ?
En fonction des prises, de l’inclinaison, du confort de la position trouvée, le repos peut se révéler dans sa plus simple expression, à savoir une simple décontraction. Vous n’aurez alors que quelques secondes de répit, peut être le temps de ne délayer brièvement qu’un bras. Mais si cela vous permet d’atteindre la prise suivante, cela vous conduira peut-être aussi au sommet de la voie !
Lire aussi ici un article sur la récupération, après l’escalade