Où se trouvent les plus grandes salles d’escalade au Monde ?

Depuis ces dernières années, plusieurs salles d’escalade XXL ont vu le jour à travers le monde. Elles offrent des espaces impressionnants en bloc et en voie, flirtant souvent avec les 4500 m² de surface grimpable. Voire 5000. Parmi celles-ci, en France, on compte les salles Climb Up d’Aubervilliers et de la Porte d’Italie. Des salles d’ampleur, multi-activités et tout public, où on ne fait pas la queue pour grimper. Mais au fait, ne seraient-ce pas tout simplement les plus grandes salles d’escalade au Monde ?

Tout autour du globe, de nombreuses salles d’escalade revendiquent le titre ronflant de “plus grande salle d’escalade au Monde”. Prenons pour exemple la salle Pacific Pipe à Oakland (Californie). Elle a été construite pendant la pandémie dans une ancienne usine, par le réseau américain Touchstone Climbing, qui possède 18 salles dans l’Ouest américain. Avec ses 4275 m² de surface grimpable et ses 17m de haut, elle peut, sans conteste, s’enorgueillir d’être la plus grande salle… des USA.

Car en réalité, si on fait un rapide tour d’horizon des salles d’escalade dans le monde, c’est en Europe que se trouvent les plus beaux et les plus vastes complexes dédiés à la grimpe. Étonnant, non ? La salle Sharma Climbing de Madrid, par exemple, offre 4500 m² de surface grimpable, répartis entre le bloc et la voie, avec des murs allant jusqu’à 20m de haut. Gigantesque ! Et pourtant, d’autres salles la surpassent, à commencer par les mégas centres d’entrainement d’Autriche et d’Allemagne.

Ainsi font figure de monstres le KI (Kletterzentrum Innsbruck et ses 6 375 m² dédiés au bloc ou à la voie) ou encore le mur de la fédé allemande (DAV) à Munich Thalkirchen (avec ses deux salles adjacentes reliées entre elles sur 5100 m² et des murs allant jusqu’à 25m). Bien sûr, ce ne sont pas des salles privées stricto sensu. Mais elles ont aussi été conçues pour accueillir du public et pas seulement les équipes nationales.

Les plus grandes salles d’escalade privées sont en France

Mettons de côté ces colossaux centres d’entrainement partiellement détournés de leur fonction originelle. Dès lors on s’aperçoit que les plus grandes salles d’escalade privées sont en France. Et même en région parisienne, avec les salles Climb Up d’Aubervilliers et de la Porte d’Italie. Or contrairement au KI, qui a nécessité 12 millions d’investissement (financés à hauteur de 4,6 M d’euros par la ville d’Innsbruck, de 4,6 M d’euros par la région du Tyrol et de 2,7 M d’euros par le Ministère des Sports), elles appartiennent à un réseau privé, Climb Up.

Et c’est là que se situe la prouesse. Car on n’est pas sur un partenariat public-privé pour faire sortir de terre ce type de salle d’escalade XXL. Le modèle est tout autre. Ce sont des levées de fonds auprès de grands groupes d’investisseurs qui ont permis de mener à bien ces projets. Il faut savoir que côté budget, ce sont des salles à 5-6 millions d’euros d’investissement. Soit 2 à 3 fois plus que pour une salle de bloc de taille moyenne, comme nous vous l’expliquions dans un récent article consacré au futur des salles d’escalade en France. Mais à l’arrivée, le client s’y retrouve. Puisque la qualité est au rendez-vous. L’expérience client est bien meilleure.

Les salles Climb Up : la démesure au service de l’humain

Pousser la porte des salles d’Aubervilliers ou de la Porte d’Italie, c’est prendre la mesure de ce que peut maintenant proposer Climb Up, leader français des salles d’escalade multi-activités (bloc et voies), en terme d’offres et de services. Comme le résume François Petit, “Aubervilliers, c’est 6300 m² de surface au sol, 4800 m² de surface grimpable, 200 lignes de cordes, 450 voies, des blocs, du fun climbing pour les enfants”. Si on peut être un peu étonné par la hauteur toute relative des murs, rapidement on constate que la présence des arches compense largement ce petit bémol. “Seulement” 10 m mais un beau développé !

“Il est clair que c’est compliqué de trouver des espaces qui peuvent accueillir une salle d’escalade. Encore plus avec de la hauteur sous plafond” explique Thomas Caleyron, directeur communication du réseau Climb Up. “Donc il y a toujours des compromis à faire. Si on avait pu avoir 3 ou 5 mètres de plus par endroit, on aurait pris ! Mais du coup, c’est aussi le pourquoi des grandes arches à Aubervilliers pour gagner en développé sur ces secteurs où, au final, tu grimpes vite sur plus de 15 mètres”.

Mais surtout le bâtiment est immense. Avec 170m de linéaire en bloc et des lignes de corde à n’en plus finir, sans parler des vestiaires spacieux et de la zone d’accueil très chaleureuse. Car plus d’espace au sol se traduit aussi par une offre plus riche, touchant tous les publics, aussi bien le débutant que l’expert. Il y a de la place pour organiser des cours et des ateliers sans déranger les autres pratiquants. Il y a aussi de la place pour un spray wall dantesque où peuvent s’ébattre les pros. Au final, Aubervilliers a des espaces vraiment ouverts, ce qui permet de faire de beaux événements. Et au quotidien, les ouvertures impactent moins les clients dans la salle.

Les problématiques liées aux salles XXL

Car de par leur taille, et le côté multi-activités de ces deux salles XXL d’Île de France, la gestion de l’accueil et des ouvertures est sans commune mesure, comparée à des structures plus modestes. Comme le raconte Thomas Caleyron, “sur ces deux salles, on a entre 200 et 300 000 personnes à l’année. Et entre 500 et 1000 personnes par jour et par salle”. Les contraintes pour accueillir le public sont donc importantes. Cela nécessite beaucoup d’anticipation. “C’est une logistique à part, qui a presque été réinventée pour ces salles. Rien à voir par exemple avec des petites salles à 1 ou 2 ouvreurs”.

Selon Bastien de Lattre, directeur des ouvertures pour le réseau Climb Up, ce sont “7 ouvreurs dont 1 responsable bloc et 1 responsable diff’” qui oeuvrent à l’année à Aubervilliers. Et “6 ouvreurs dont 1 référent ouverture” à Porte d’Italie. Une vraie brigade ! Il faut dire qu’en termes de gestion des ouvertures, à Porte d’Italie, la zone de bloc met entre 2 et 3 mois à être renouvelée. Et dans les deux salles, les voies doivent être changées au minimum 2 à 3 fois par an, en renouvelant secteur par secteur.

“La gestion est globalement la même [dans les deux salles], à la petite différence que, à Aubervilliers, on a un responsable par secteurs de voies et que, à Porte d’Italie, on met légèrement plus l’accent sur le haut niveau”, précise Bastien de Lattre. Donc, chaque semaine, tel Sisyphe poussant son rocher, les ouvreurs remettent le couvert. À Porte d’Italie, cela représente 3 journées d’ouverture en bloc à 3 ouvreurs et une journée d’ouverture en voie à 2 ouvreurs. Et à Aubervilliers : 2 journées d’ouverture en bloc à 3 ou 4 ouvreurs et 2 journées d’ouverture en voie à 2 ouvreurs. Sacré taf !

Les salles d’escalade XXL : pour le meilleur ou pour le pire ?

On entend parfois des critiques portant sur ces lieux démesurés, perçus – un peu à tort, il nous semble – comme des usines à grimpe. Mais à tout prendre, il nous semble préférable de fréquenter une salle d’ampleur, bien éclairée, où les ouvertures sont régulièrement renouvelées et où on n’attend pas des heures en file indienne pour faire un run, après s’être changé dans des vestiaires ou des sanitaires sous-dimensionnés. Chacun son truc !

Bien évidemment, on peut rêver de lieux plus intimistes, moins standardisés, plus roots. Comme ceux qu’on a connus dans les années 90. Les pans ne s’appelaient pas encore Spray wall. On en faisait varier l’inclinaison avec des charnières et des chaines, et pas avec des vérins hydrauliques comme sur les Kilter ! Les Moonboard n’existaient en germe que dans l’esprit dérangé d’anglais mutants. Mais ça n’empêchait pas, déjà, de tirer sur des petites réglettes en bois, souvent faites main avec amour. Enfin, le partage des blocs se faisait en direct ou sur un cahier où ils étaient compilés (et non via une appli)…

Bref, la nostalgie ne nous rendra pas nos 20 ans. Et on peut aussi se réjouir du bond phénoménal qu’ont fait les murs et les prises d’escalade au cours des 3 dernières décennies. Exit les croûtes infâmes… En définitive, plus globalement, l’environnement proposé par ces salles, avec des matelas dignes de ce nom et un soin particulier accordé aux ouvertures, à l’accueil et à la propreté, ne peut que guérir de la tentation réactionnaire d’affirmer haut et fort : “L’escalade, c’était mieux avant !”. Et puis il reste toujours la falaise !