Scarpa Instinct VSR : le test de La Fabrique Verticale
C’est inévitable. Lors de vos sessions à la salle, en bloc ou en falaise, vous les avez vus. Eux ou leurs frères aînés : Les Instinct de Scarpa. Pour les reconnaître, facile : leurs couleurs sont différentes. Oranges pour les aînés (les Instinct VS). Bleus pour les VSR. Simple évolution de couleur ? Pas tout à fait car il y a eu des changements aussi côté conception avec des conséquences sans doute sur leur comportement. Alors, Les VSR, vraiment différents des VS ? Encore meilleurs ? C’est ce que nous avons cherché à établir lors de nos essais.
Trois points de vue pour un test
Pour ce test des Instinct VSR, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur Borja Parra, un excellent grimpeur madrilène qui a élu domicile en Corse. Son avis était pour nous très important, d’abord parce qu’en sa qualité de kinésithérapeute, il a une analyse précise des interactions pied-chausson, ensuite car il utilise depuis quelques temps les « grands frères », les Instinct VS. Notre ami François Vecchi, Moniteur d’escalade à la salle The Roof de Brest et ouvreur émérite sur résine et caillou nous a aussi apporté son expertise.
Nous avons pu essayer les chaussons en salle, bloc et voie mais aussi en falaise, verticale calcaire. C’est nos avis croisés qui sont présentés dans la partie à suivre.
L’instinct VSR : What’s new ?
Le VSR est donc une évolution du VS. Elle a été impulsée entre autre par les grimpeurs compétiteurs équipés par la marque. En effet, ceux-ci désiraient un chausson un poil plus souple pour plus d’efficacité sur les gros volumes présents sur les compétitions. Cette évolution est passée par un changement de gomme. On est passé à la Vibram X-Grip 2, le VS étant lui chaussé de la XS-Edge. Cependant, la gomme n’a qu’une petite part dans la souplesse d’un chausson. Le VSR a donc eu d’autres modifications, en jouant sur l’épaisseur des intercalaires. Et très probablement aussi au niveau du réglage de la tension longitudinale du chausson. Celle-ci est bien sûr toujours établie à l’aide du système Bi-tension. Celui-ci est visible sur les Furia par exemple. Sur les VSR, on le devine lors d’un examen détaillé de la semelle.
Premier contact
On retrouve sur les VSR le même design que sur les VS, aux lignes épurées. Mais une nouvelle combinaison de couleurs (noir/bleu) apparaît, très réussie. « Superbe, sobre et imposante » dixit Borja ! On peut juste se poser la question de l’utilisation du noir, pour une utilisation en extérieur si le soleil tape fort.
Elles sont toujours aussi légères (230 gr / chausson taille 40 NDLR).
Enfilage
Les VSR ont une conception qui permet au talon de pousser très fort. Cela a donc des conséquences sur la facilité d’enfilage. L’ouverture des VSR, assez large compense en partie ces difficultés. Reste qu’il n’y a pas beaucoup de marge dans le choix de la taille du chausson et que lors des premières séances le petit morceau de sac plastique placé derrière le talon est d’une grande aide. De notre expérience à tous les trois, il ressort que prendre 1 pointure sous sa taille « baskets » est proche de la limite inférieure. En tout état de cause, sous cette limite, le chaussage deviendra quasi impossible. Et la tige étant synthétique, le chausson ensuite ne bougera pas beaucoup. Une bonne raison pour aller essayer, puis acheter vos chaussons en magasin !
La première séance donc, apprêtez-vous à devoir enlever les chaussons presque après chaque bloc. Ceci-dit, lors du chaussage, le pied se place naturellement bien dans le chausson et ne nécessite quasiment aucune manipulation pour le replacer. Dans notre trio, nous avons les pieds assez larges en moyenne et nous nous sommes accordés sur cet avis : pour ce type de pieds, les VSR fonctionnent parfaitement et on ressent vraiment un effet « chaussette ». Il ne faut cependant pas avoir la partie médiane du pied trop large. J’ai pour ma part ressenti une surpression au niveau des métatarses, en amont du dernier orteil.
Une fois chaussé, donc, le pied est bien pris dans sa globalité, du talon aux orteils. Et la pression du talon est bien reportée sur le gros orteil.
La fermeture grâce au velcro unique est amplement suffisante. Elle permet d’homogénéiser la compression générale du chausson et d’harmoniser les tensions. Il est d’ailleurs étonnant de constater que – sur des passages pas trop exigeants – le chausson travaille très bien, sans le verrouiller.
Comportement
À l’usage, chacun a pu faire le même constat : le VSR est d’emblée très sensitif et cette perception s’accroît au fil des mètres parcourus.
Il donne une sensation de précision en pointe très appréciable pour la confiance sur les petites prises (même si, comme on dit « ce n’est pas la flèche qui importe, mais l’indien 🙂 » ).
La gomme présente sur le dessus du chausson lui confère une certaine rigidité qui pourra sans doute gêner certains, en fonction de la forme et des proportions du pied et des orteils. C’est cependant un attribut très utile pour la grimpe en bloc et en salle de manière plus générale, où l’usage des « spatules » est dorénavant un standard.
Le chausson se comporte bien aussi dans les appuis en torsion. il garde une bonne tension sur le pied qui aide a tenir la prise. Bon ce ne sont clairement pas des chaussons pour grimper en fissure. Mais le fait est que dès que l’on y place la pointe, que l’on exerce une torsion, ils tiennent bien.
Le talon est, nous l’avons dit plus haut, super puissant. Et lorsque le chausson est bien adapté au pied que le talon est bien englobé, sans bulle d’air, les VSR sont sur ce plan redoutables. Le pied ne tourne pas et on a vraiment l’impression d’avoir une troisième main.
Programme
Le VSR est pour nous clairement destiné aux grimpeurs cherchant la performance, habitués des chaussons tendus et qui serrent bien le pied.
Bon, Borja ne les emmènera pas pour grimper sur les dalles granitiques de Bavella ou de la Pedriza, son jardin. Une fois serrés, les VSR avec leur cambrure ne matchent pas trop avec ce type de profil.
Mais dans des styles verticaux, déversant voire très déversant, avec des petites prises de pied, leur forme va aider à exercer une pression plus importante sur les prises. Cela minimise ainsi l’effort du pied du grimpeur. Un bon choix pour les couennes donc et l’escalade indoor.
Points à améliorer
- prix (139 €)
Points forts
- Sensibilité et précision
- Look
- La poussée du talon