Transition écologique : quel devenir pour les prises d’escalade ?

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Le marché des prises d’escalade semble prendre le virage de l’économie circulaire. Avec la mise en place de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), les initiatives se multiplient dans le monde de l’escalade. L’enjeu ? Prolonger la durée de vie des prises ou en produire de moins impactantes pour l’environnement. Sobriété, production éco-responsable, recyclage : la transition écologique est en marche. Y compris dans les salles 😉 Alors, quel devenir pour les prises d’escalade ? Tour d’horizon.

À une époque où, à juste titre, on parle de plus en plus de transition écologique, de production éco-responsable et d’économie circulaire, on est raisonnablement en droit de s’interroger sur le chemin que prend le monde de l’escalade. Car il y a de plus en plus de salles. Et de plus en plus de pratiquants… Bref, une croissance affolante ! Or si le développement de l’activité est plutôt de nature à réjouir les passionnés que nous sommes et à rassurer les acteurs du monde économique qui ont investi dans les grands réseaux, tout ceci n’est peut-être pas sans impact sur l’environnement. Vous en doutez encore ?

En effet, au bout de la chaîne, de plus en plus de prises d’escalade partent au rebut sans recyclage possible… Car, chaque année en Europe, ce sont environ 7 millions de prises et volumes en fin de vie qui sont jetés. Tout ceci part à l’incinérateur sans autre forme de procès, avec à la clef des émissions de CO2. Assez ironique quand on voit les efforts faits par ailleurs par les salles pour proposer de la restauration en circuit court, avec des ingrédients issus de l’agriculture biologique et de la bière locale… Alors, le boom des salles d’escalade : une aubaine ou une calamité ? Éléments de réponses.

mur escalade salle

Le boom des salles, une belle opportunité pour les fabricants

Depuis plusieurs années, l’escalade en salle connait un véritable engouement. Une dynamique qui ne semble pas être sur le point de s’arrêter. Actuellement, on estime qu’il y a en France de 170 à 200 salles privées et plus de 1600 clubs. On compte près de 2 Millions de pratiquants réguliers. Et d’après une étude menée par l’UNION Sport & Cycle en février 2022, l’escalade pointe son nez dans le Top 3 des activités récemment débutées par les Français lors de la période Covid. Juste derrière le yoga et le padel.

D’ailleurs, en dépit de la crise sanitaire que nous avons traversée, nombreuses ont été les ouvertures de nouvelles salles ces deux dernières années. Notamment dans les grandes agglomérations. Par ricochet, on a vu une nette augmentation du nombre de grimpeurs. En particulier, une fréquentation toujours en hausse dans les salles de bloc. Un phénomène qui a mécaniquement tiré vers le haut les ventes de prises d’escalade. Avec une tendance au XXL, avec des volumes frôlant le gigantisme et des shapes qui se démodent très vite, au gré de l’inspiration et des caprices des ouvreurs. Les grosses prises ont le vent en poupe, que ce soit pour ouvrir des blocs durs ou des blocs faciles.

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De plus, la question de la durabilité se pose aussi de manière cruciale. Car les passages répétés sur les prises ne sont pas sans conséquence. Surtout sur les prises en PU, qui ont tôt fait de se transformer en savonnettes… Or les grands réseaux de salle oeuvrent à proposer une offre qualitative et régulièrement upgradée pour une clientèle jeune et urbaine (avec bar cosy, sauna et espace de coworking). Par conséquent, ils ne peuvent pas se permettre d’ouvrir des voies ou des blocs sur des prises vieillottes, souffrant d’une usure prématurée. Ce sont aussi des ouvertures qualit’, qui font la différence !

Turn over des prises d’escalade, quel impact sur l’environnement ?

Hélas, le turn over des prises a un impact non négligeable sur l’environnement. Car avec les matériaux utilisés aujourd’hui, les prises ne sont pas recyclables. Or la durée de vie d’une prise d’escalade est très brève. En moyenne, les fabricants l’estiment entre 2 et 5 ans pour des prises en PE (résine polyester + charge en silice). Et seulement 1 à 2 ans pour les prises en PU (polyuréthane). Les volumes, quant à eux, ne font guère mieux. De 2 à 5 ans, selon qu’ils sont en fibre de verre (+ résine polyester) ou en bois (+ surfaçage en résine). Tout ceci bien sûr dans un contexte d’utilisation “normale”. Mais qu’est-ce qu’une utilisation “normale” ?

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Car dans le cadre d’une utilisation intensive, dans des salles qui affichent une fréquentation de 800 à 1000 entrées par jour comme certaines salles de blocs parisiennes ou à Climb Up Aubervilliers, cette durée de vie peut chuter de manière vertigineuse. Ainsi chez Climb Up, on a pu observer une usure parfois incroyablement rapide. Par exemple, “3 semaines pour des prises en PU achetées pour Climb Up Saint-Etienne » chez un célèbre vendeur espagnol, comme le déplore Bastien De Lattre, directeur en charge des ouvertures pour le réseau.

Et d’ajouter : “ Pour la première fois chez Climb Up, on va demander aux ouvreurs de limiter les commandes de PU sur le réassort de prises en ce début 2023. Malgré un gros intérêt côté poids et leur côté incassable, ce qui était une réelle avancée pour la manutention lors des ouvertures, leur bilan carbone très mauvais nous montre leurs limites.” Un gros effort est également fait en interne pour donner une seconde vie aux prises, avec des expérimentations sur la re-texturation. Affaire à suivre…

Lire très prochainement la suite de notre dossier consacré à la transition écologique dans la production des prises d’escalade

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