Udo Neumann, un coach à l’écoute
Inspiré, imaginatif et très attentif à la santé de ses grimpeurs, Udo Neumann est le coach emblématique de l’Équipe d’Allemagne de bloc. Alors que l’entraînement a repris en vue de la saison 2016, Christophe Serra a pu le rencontrer dans sa célèbre salle de Cologne, Stuntwerk. Entretien avec un coach à l’écoute.
De combien de bloqueurs se compose votre équipe ?
Après cette saison, où les résultats en junior n’ont pas été très satisfaisants, nous réduisons un peu le nombre d’athlètes. Le reproche m’a été fait de prendre trop de personnes dans l’équipe. J’ai donc 6 athlètes avec lesquels je travaille quotidiennement sur la planification et le suivi. Avec les 6 juniors, cela fait donc 12 personnes qui font partie de l’équipe d’Allemagne. Personnellement, je voudrais en accueillir plus mais les contraintes financières ne le permettent plus. Cependant, quelques juniors en qui nous croyons viennent de temps en temps comme invités. Ce qui fait une vingtaine de personnes. (Ndlr : on peut voir dans cette vidéo le travail mené lors du premier stage d’entraînement de l’équipe de bloc d’Allemagne, qui a eu lieu fin novembre à la salle Stuntwerk).
Combien de personnes travaillent avec vous ?
Pour l’équipe junior, il y a actuellement 6 coachs, mais l’année prochaine, Juliane Wurm et Jonas Baumann feront également partie du staff des entraîneurs (sorte de transmission des adultes aux plus jeunes). L’idée est de ne pas perdre de talents comme cela se passe dans d’autres fédérations, et de travailler avec ceux que j’ai dans mon radar dès lors qu’ils ont 16 ans, surtout que nombre de juniors feront partie de l’équipe sénior l’an prochain.
De quelles structures disposez-vous ?
En Allemagne, nous avons quelques salles d’escalade qui appartiennent au Club Alpin Allemand, mais ces structures ne sont absolument pas efficaces pour l’entraînement en bloc de haut niveau. Donc, nous nous entraînons essentiellement dans des structures commerciales comme Stuntwerk ou Studio Bloc (de très grandes salles, très bien ouvertes !). En France vous disposez d’une structure dédiée à l’équipe de France à Fontainebleau (Karma) mais en Allemagne cela n’existe pas, même ici à Cologne (à la salle Stuntwerk où je ne travaille pas mais où je suis un des investisseurs).
La fédération Germanique est une des plus grosses fédérations de Clubs Alpins au monde ; c’est donc une très grosse machine, difficile de lui faire changer de direction. Nous avons des facilités d’accès aux salles, des compétitions y sont organisées avec des ouvreurs internationaux. Un projet d’agrandissement de Studio Bloc verra peut-être le jour, sur un autre espace de 500m² réservé au haut niveau, mais ça reste un projet.
En termes d’alternance entre travail et repos, quelles sont vos lignes de conduites ?
Un des aspects primordiaux pour l’entrainement est de faire en sorte que chaque athlète, individuellement, soit le plus frais possible, à chaque entraînement mais surtout sur la compétition. Jan Hojer est très fort pour ça, il se connait très bien. Un des problèmes des jeunes, par exemple, qui viennent s’entraîner dans une salle, c’est que comme ils ont payé leur entrée, ils veulent la rentabiliser, et très souvent ils en font trop. Par exemple Jan lorsqu’il était jeune habitait juste à côté d’une salle d’escalade, et lorsqu’il avait fini ses devoirs il allait à la salle pour parfois ne faire que 10 tractions et rentrer à la maison. Il me semble crucial de laisser l’athlète s’autoréguler.
Si dans son entraînement il est prévu qu’il fasse une répétition à 100% et que la nuit précédente il a fait la fête ou a dû étudier, il fera une répétition mais pas forcément à 100%. Il est encore difficile de faire comprendre ça aux juniors, car certains entraîneurs sont encore à l’âge de pierre et n’ont jamais entendu parler de ce concept. Je demande à mes athlètes d’arrêter leur entraînement dès que je perçois leur baisse de forme. On ne peut imaginer devenir champion du monde aujourd’hui sans se connaître parfaitement et savoir se reposer. C’est, à mon sens, la seule voie. C’est pour cela qu’il me semble vital de tenir à jour un journal, sans que ce soit trop compliqué, mais pour garder la trace du travail fait et des sensations.
Où puisez-vous votre inspiration ?
J’ai étudié le sport, c’est donc ma formation et j’adore réfléchir à des exercices. Nous vivons dans une époque formidable, car nous pouvons trouver pleins d’idées sur YouTube. De la même manière, je puise mon inspiration dans d’autres pratiques, comme le parkour par exemple. Le parcours propose vraiment des exercices très sympas mais la philosophie n’est pas la même qu’en escalade. En escalade, quand vous avez fait tel bloc dur, vous n’aurez probablement jamais à le refaire. En parcours, la philosophie est différente, vous devez être capable de faire vos gestes à n’importe quelle heure.
C’est donc une des voies que je privilégie en disant à mes athlètes d’être prêt à faire ce jeté par exemple à 3 heures du matin. Une autre source d’inspiration se trouve dans les sports à poids de corps, avec simplement une barre : certains athlètes pratiquant ces figures sur les barres, en Ukraine, en Russie, sont très inspirants. Certaines personnes me parlent de gymnastique comme source d’inspiration. Physiquement c’est inspirant mais le problème avec la gymnastique c’est que c’est un sport fermé, que ce sont toujours les mêmes mouvements et qu’ils doivent être esthétiques. En escalade nous sommes amenés à produire de vilaines postures pour pouvoir réussir le bloc, en gymnastique c’est impensable.
Merci à Udo Neumann pour sa grande disponibilité et à Christophe Serra, pour le partage de cet entretien
Christophe Serra est moniteur d'escalade et prof de techno dans les basses gorges du Verdon, à Quinson. Il est passionné d'entraînement et surtout de préparation mentale. |
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Allez je fais le casse-pieds, il me semble que la discipline dont Udo parle s’écrit « Parkour ».
Merci pour l’article!
Yo
Merci, c’est modifié 😉