Lecture : améliorez votre feeling sur le rocher (1ere partie)

Lecture falaise
Le à-vue est l’une des formes les plus excitantes de la pratique. Sans doute parce qu’elle ne laisse aucun droit à l’erreur et que le challenge est maximal ! Un seul essai pour enchaîner : autant dire qu’il va vous falloir un bon feeling et une lecture de sioux pour décrypter, du premier coup et dans le feu de l’action, toutes les séquences de mouvements. La Fabrique Verticale vous donne quelques astuces pour améliorer ces qualités.

Réussir un à-vue à sa limite en falaise se fait rarement en claquant des doigts. Sauf coup de bol exceptionnel ou voie spécialement binaire et facile à lire, il va vous falloir mettre en œuvre un certain nombre de stratégies, sous peine de tomber avant d’avoir épuisé toutes vos réserves physiques, ce qui peut s’avérer frustrant… Le à-vue en falaise est complexe et nécessite une phase d’adaptation, surtout si vous fréquentez majoritairement les salles.

En effet, la falaise se prête moins à une observation du bas que les voies sur mur, du fait de la hauteur, du relatif manque de recul dont on dispose au pied des voies, de la complexité du rocher et de l’homogénéité des couleurs qui ne facilite pas la prise d’information (ah ! la magnésie sur le rocher blanc…). La lecture du bas, importante à réaliser au préalable comme on va le voir, devra donc nécessairement être complétée par des informations prises au cours de la tentative à-vue.

Avant de grimper

– Lisez bien le topo
Le choix de la voie est souvent le premier pas vers la performance. Épluchez bien le topo et notez les infos importantes que vous pourriez y glaner, à commencer par la cotation qui devra être adaptée à votre niveau de forme du moment. Le nombre de dégaines est aussi parfois indiqué, ainsi que le style de la voie (en force ou en continuité par exemple ou potentiellement morphologique). Enfin, notez qu’un nom de voie n’est jamais anodin, un Piège à cons, par exemple, indiquant souvent une voie peu facile à cocher pour sa cotation. On vous aura prévenu…

– Repérez la ligne que vous souhaitez essayer
Une fois votre choix arrêté, repérez bien la voie en question, c’est-à-dire son démarrage, son cheminement général et l’emplacement de son relais. S’il y a beaucoup de lignes très proches les unes des autres, ou des voies qui se séparent en fourchette avec un départ commun, soyez attentif, cela vous évitera d’aller vous fourvoyer dans l’abomination située juste à côté de la voie que vous vouliez essayer…

– Prenez le plus d’informations possibles sur le matériel nécessaire
Comptez le nombre de dégaines à prendre (s’il n’est pas indiqué dans le topo). Inutile de vous charger de 14 dégaines si la voie ne comporte que 8 points… A contrario, arriver deux points sous le relais et s’apercevoir qu’on n’a plus de quoi dégainer est assez râlant ! Repérez précisément l’emplacement des ancrages, la présence d’éventuelles “chasses d’eau” (longues cordes qui pendent à partir d’un point et qui indiquent souvent la présence d’un crux d’où il est difficile de mousquetonner) ainsi que les dégaines en place (dont il faudra toujours vérifier l’état de vétusté…).

Regardez aussi près des points s’il y a des prises évidentes à partir desquelles vous pensez pouvoir cliper.

Toutes ces précieuses informations glanées depuis le bas vont vous permettre d’aborder plus sereinement la voie. Elles vont déterminer non seulement le nombre de dégaines mais aussi leur positionnement à droite ou à gauche sur votre harnais. Enfin, si la voie navigue beaucoup ou franchit des petits toits, l’observation préalable vous permettra de vous munir de dégaines longues pour vous éviter le tirage.

– Repérez les points de repos éventuels
Toutes les zones dans lesquelles il y a beaucoup de magnésie sont intéressantes à localiser : les volumes, les concrétions, les colonnettes, les gros trous, bref tout ce qui est caractéristique et pourra peut-être constituer un point de décontraction pour récupérer et observer la suite (pensez aux coincements de genoux, lolottes, verrous, combines en tout genre pour lâcher les mains et vous refaire une santé).

– Regardez la voie depuis différents angles de vue
N’hésitez pas à vous décaler à droite ou à gauche, et à vous reculer, pour prendre le maximum d’infos et identifier les prises (une prise peut sembler bonne regardée depuis le bas, mais en se décalant latéralement, on s’aperçoit que ce n’est qu’un plat et non le bac tant espéré). En procédant ainsi, vous aurez peut-être l’occasion aussi de repérer une prise cachée derrière un angle ou une arête et vous aurez une vision plus précise de l’inclinaison de la voie. Observez aussi toutes les éléments extérieurs (arbustes, résurgences, grimpeurs dans les voies d’à-côté…), ils vous aideront à évaluer les distances entre les prises ou à vous souvenir d’une prise que vous aviez repérée.

Certains grimpeurs de haut-niveau n’hésitent pas à se munir de jumelles pour observer précisément les prises sommitales des voies qu’ils souhaitent essayer à-vue ! Too much ou why not ? À vous de juger !

– Mémorisez !
Toutes ces informations ne vous seront réellement utiles que si elles sont bien en mémoire, clairement imprimées. Avant toute tentative, une phase de mémorisation et de visualisation mentale vous permettra donc de vous programmer, en vue de la réussite de ce à-vue ! Un bon moyen aussi de se relaxer et d’aborder la voie dans de bonnes dispositions d’esprit. Elle sera surtout efficace si la lecture du bas vous a permis de décrypter d’importantes séquences de mouvements, notamment celles qui concernent le départ de la voie. Sinon, si vous n’avez pas vu grand chose, il faudra compter sur l’intuition !

Retrouvez ici la suite de notre dossier consacré à la lecture, avec des stratégies à mettre en oeuvre pendant la tentative à-vue !

 

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    […] la première partie de ce dossier consacré à la lecture ici, avec les techniques de lecture préalable à la […]

  2. 8 septembre 2016

    […] Concrètement, l’un grimpe dans une voie connue, sur le mur, et l’autre lui interdit des prises, de main ou de pied, au fur et mesure de sa progression. Il peut aussi lui dicter deux ou trois autres prises, appartenant éventuellement à une voie d’à-côté. Le grimpeur est alors obligé de se réorganiser, en fonction d’une situation nouvelle. Cela améliore ses capacités d’adaptation, qui seront par la suite mises à rude épreuve en falaise. Voir aussi ici quelques astuces pour améliorer le feeling sur le rocher. […]

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