Technique : comment faire un crochet de pointe ou un crochet de talon ?
En escalade, savoir utiliser ses pieds est capital : cela permet d’alléger l’effort consenti par les bras et de retarder l’apparition de la fatigue. Cela signifie poser précisément ses pieds bien sûr et pousser dessus, mais aussi parfois tirer sur les pointes ou les talons ! La Fabrique Verticale vous montre la voie du Capitaine crochet…
Comment fait-on un crochet de talon ?
Il s’agit de placer le talon assez haut, la plupart du temps à hauteur de votre bassin, voire plus haut, et de mettre autant de pression possible dessus, en pliant la jambe, genou vers l’extérieur, et en tirant avec les ischios-jambiers et le mollet tout en rapprochant le bassin le plus possible du support. Ça peut sembler impressionnant comme ça, de prime abord, mais l’effet de levier est redoutable ! En agissant ainsi, vous transférerez du poids sur le talon et allègerez l’action des bras.
Le crochet de talon se fait généralement sur une bonne prise décalée latéralement et présentant une surface importante. Il peut aussi s’envisager sur de plus petites prises quand on est familier de ce type de mouvements. L’autre pied peut ou non être posé, soit dans le vide en guise de balancier pour vous équilibrer, soit sur une prise pour vous aider à monter votre centre de gravité. L’idée du crochet de talon étant, en définitive, de suppléer au travail d’un bras et d’en prendre le relais.
Un crochet de talon sera d’autant plus facile à tenir que vous exercerez une force perpendiculaire à la prise et trouverez une protubérance derrière laquelle le caler (knob, colonnette, gros plat, arête, picot…).
Comment fait-on un crochet de pointe ?
Pour le crochet de pointe, on place le pied derrière ou sous une prise et on utilise le dessus du pied, dans la zone des orteils, en fléchissant la cheville vers soi, jambe tendue. L’autre pied est généralement posé et sert à pousser, en coordonnant l’action des deux jambes. Si les deux pieds sont sur la même prise et la serrent en étau, l’un poussant, l’autre tirant, on parle alors de crochet/contre-crochet.
Un crochet de pointe sera d’autant plus facile à tenir que vous laisserez aller votre bassin en arrière jusqu’à trouver le point d’équilibre correspondant au blocage articulaire de la hanche.
Quand utiliser le crochet de pointe ou de talon ?
Le crochet de talon s’avère très efficace lors d’un rétablissement, à la sortie d’un toit ou en haut d’un bloc. Il peut aussi s’utiliser en dévers, si vous rencontrez une très grosse prise décalée latéralement. Enfin, le crochet de talon est souverain pour se stabiliser lorsque l’on remonte une arête, situation dans laquelle vous pourrez utiliser également le crochet de pointe, idéal pour enrayer le désagréable effet “porte de grange”. D’une manière générale, le crochet de talon peut servir soit pour se reposer soit pour aider à finir un mouvement ou à fermer un blocage.
Le crochet de pointe, quant à lui, est surtout une arme fatale en toit, pour alléger le travail des mains et faciliter le déplacement tri-dimentionnel, typique de ce genre d’inclinaison. En toit, il n’est pas rare en effet de se tourner et de partir les “pieds devant”, pour aller caler un crochet de pointe dans un bac avant d’y ramener la main. Ce type de déplacement, qui nécessite d’avoir du physique bien sûr et une bonne souplesse, est une alternative intéressante à une progression linéaire classique, très gainante et très coûteuse sur un plan énergétique.
Très courants en bloc, les crochets de pointe et de talon peuvent aussi s’avérer très pertinents dans les voies et tout un chacun aura intérêt à les ajouter à son arsenal d’astuces techniques !
Quelques cas particuliers de crochets de pointe
Le crochet de pointe s’utilise parfois en dalle ou dans le vertical, pour se stabiliser en laissant traîner la pointe sous une prise. Cette technique astucieuse permet de maintenir un équilibre précaire, notamment si les prises de main sont plates !
Le crochet de pointe peut aussi se pratiquer en toit, façon chauve-souris. Cela nécessite d’être en présence d’une grosse prise rentrante. Les deux pointes sont alors utilisées et on se retrouve alors la tête en bas, seulement pendu par les orteils ! Sensation garantie pour ce repos hors norme…
Le crochet de pointe, enfin, peut servir à la lèvre d’un toit ou lors d’une traversée en bloc, le long d’une arête plus ou moins plate et évasée. On le retrouve aussi dans certaines lolottes extrêmes, où pour faire plonger plus encore le genou dans la phase de calage, on place le dessus du pied sur la prise. Alternative créative mais dangereuse pour les ligaments du genou !
Quels chaussons utiliser pour les crochets de pointe et les crochets de talon ?
Pour être efficace dans ce genre de mouvements et développer des sensations dans ce type de gestuelle qui n’est pas forcément évidente de prime abord, il faut opter pour des chaussons bien ajustés, englobant bien le talon (si vous ressentez une bulle de vide sous le talon, ce sera préjudiciable à une bonne tenue du talon sur la prise). Pour les crochets de pointe, la présence d’une zone de gomme sur le dessus du pied facilitera bien les choses. Plusieurs modèles sur le marché en disposent, généralement des ballerines ou des velcros.
Les derniers conseils du Capitaine crochet
Attention à ce type de mouvements, qui nécessitent une bonne souplesse et un bon échauffement des muscles des jambes, notamment des ischios-jambiers pour les crochets de talon. On ne peut que vous recommander d’augmenter votre flexibilité en effectuant régulièrement des étirements actifs ou des postures de yoga, comme Utthita Hasta Padangustasana par exemple, qui imite le mouvement nécessaire pour placer un crochet de pointe.
Autre remarque importante, la généralisation des crochets de talons en escalade ces dernières années, et en particulier en bloc, a entraîné des pathologies que l’on rencontrait moins par le passé, comme des déplacements de la tête de péroné ou des entorses du genou. Là encore, donc, attention à votre échauffement et à votre placement au cours du mouvement !
Le truc en plus : amusez-vous à grimper en n’utilisant que les talons ! Histoire d’améliorer vos sensations et de peaufiner votre ouverture de bassin 😉
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[…] vous pouvez aussi vous en sortir sans trop de gainage. À condition de penser à crocheter les talons ou les pointes dès que possible et plus globalement à monter les pieds, sans attendre qu’ils ne zappent et ne […]