Avez-vous les doigts gonflés ?

L’escalade, pratiquée de manière régulière et surtout intensive, peut entraîner des lésions de fatigue au niveau des doigts. Les doigts sont plus raides le matin, gonflés, difficiles à plier, même s’ils finissent par s’assouplir après quelques exercices de mobilisation. Ces doigts gonflés sont souvent à mettre en relation avec un syndrome de sur-sollicitation. Explications.

Beaucoup de grimpeurs souffrent d’une augmentation du volume digital et d’une tuméfaction des articulations. Le périmètre des doigts est augmenté de manière significative, notamment au niveau de l’IPP (articulation inter-phalangienne proximale). C’est assez logique car cette articulation est plus fragile que la MCP (articulation méta-carpo-phalangienne) et supporte moins les micro-traumatismes répétés.

L’IPP présente alors un aspect globuleux et volumineux, parfois d’ailleurs sans douleur associée. Il peut s’agir d’un phénomène d’adaptation (renforcement des ligaments latéraux) mais en règle générale, on a plutôt affaire à un syndrome de sur-sollicitation (micro-ruptures capsulo-ligamentaires répétées qui mal cicatrisées évoluent de manière hypertrophique par rapport à la normale).

Causes

Les médecins spécialisés dans les pathologies des doigts et de la main pensent que les préhensions en arqué, sur de petites prises, favorisent la survenue à long terme de ce type de phénomène. En arqué, en effet, le cartilage est soumis à de fortes pressions et peut être endommagé. La répartition des forces ne peut se faire sur l’ensemble de l’articulation. Le cartilage de l’IPP est comprimé en un point précis et perd alors de son élasticité.

Un épanchement synovial se produit en réaction à cette surcharge. La capsule articulaire s’épaissit. Comme le précise Volker Schöffl, chirurgien spécialisé en traumatologie du sport et médecin de l’Équipe nationale d’Allemagne d’escalade, “un épanchement synovial provoque des douleurs sourdes et diffuses, étant donné que le liquide exerce une pression constante sur les terminaisons nerveuses contenues dans la capsule articulaire.”

Conduites à tenir

Le repos est la première des thérapies dans ce cas de figure. Vous pouvez également, en cas de crise aigüe, utiliser de la glace pour soulager la douleur. À un stade chronique, la chaleur est au contraire préconisée. Il est recommandé également de ne pas complètement cesser toute activité et de stimuler la circulation afin d’accélérer la reconstitution progressive du cartilage. Utilisez alors des balles souples, une pâte de rééducation ou des boules chinoises pour mobiliser les doigts en douceur.

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4 réponses

  1. Arcademicien dit :

    Bonjour, merci tout d’abord pour ces nombreux articles intéressants et de qualités ! J’ai une petite question concernant les blessures aux doigts que j’aimerai vous soumettre.

    Lors d’une préhension arqué (avec le pouce), les risques de blessure aux poulies A2/A3 sont assez bien documentés, mais qu’en est il des dangers au niveau de l’articulation même ? L’IPD est en hyperextention, y a t il des risques de lésion ?
    J’ai tendance a vite passer d’une préhension tendu, lorsque la prise me semble bonne, a une préhension en arqué complet avec le pouce (et l’IPD bien hypertendu) lorsque la prise devient petite et fuyante, sans trop grimper en semi arqué (ou arqué sans le pouce…). Après quelques essais dans un bloc ou une section bien a doigts les douleurs, ou l’impression de faiblesse apparaît plutôt a l’articulation (coté dos de la main) que aux poulies. Est ce récurent ? dangereux ? Je précise que j’ai les doigts plutôt longs et les articulations relativement souples.

    J’en profite pour éclaircir un autre point. Est ce une bonne chose d’arquer avec le pouce ? certain prétendent qu’on décharge ainsi les doigts longs au profit du pouce, d’autre que on force encore plus et que l’angle IPP est plus important. En salle lorsque les prises ne permettent pas toujours de valoriser le pouce et d’optimiser le placements du corps selon sa morphologie et son style de grimpe, arquer avec le pouce devient assez vite une habitude pour serrer des prises un peu poisseuse et verrouiller le poignet.

    Merci d’avance pour votre avis !

    • Olivier dit :

      Bonjour
      Merci pour votre témoignage !
      Sur le premier point, la mise en position d’hyperextension de l’IPD lors d’une préhension arquée est par définition peu anatomique. Cela engendre une compression des cartilages et peut provoquer une sécrétion de liquide synovial (avec comme symptômes les doigts gonflés et raides).
      Sur le deuxième point : les travaux, en particulier de Laurent Vigouroux et coll. ont bien mis en évidence que l’utilisation du pouce permettait d’augmenter la force de préhension. En terme d’efficacité donc, il n’y a pas photo. Pour le reste, on se place dans une sorte de calcul « bénéfice/risque ».
      Pour ma part, s’il s’agit de serrer une arquée comme un cochon, je ne pose pas la question 😉

      • Arcademicien dit :

        Merci pour la réponse. J’en conclu donc qu’il n’y a, à priori pas de risque de rupture brutal au niveau de l’IPD mais plutôt un danger a long terme concernant le cartilage.
        Dans l’enchaînement le bénéfice a souvent tendance a faire oublier le risque… Bien s’informer permet au moins d’être conscient du danger avant de se lancer dans un essai et d’établir ses limites !

  2. Sandrine Coy dit :

    Bonjour
    On vient malheureusement de me diagnostiquer un polyayrite inflammatoire dégénérative. Je continue de pratiquer mais c’est souvent difficile et douloureux avec en plus la fatigue due à la maladie et les effets secondaires des médicaments.
    Connaissez vous quelqu’ un dans ce cas et quels conseils pour persévérer ?
    Merci d’avance

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