Comment bien choisir sa corde : Quelle longueur, quel diamètre ?
L’achat d’une corde représente un investissement important dans l’équipement de base nécessaire à l’escalade. Si ce poste demeure incompressible pour tout grimpeur motivé par la falaise, il convient toutefois de bien mûrir son choix et d’opter pour le modèle le plus adapté à sa pratique. La Fabrique verticale vous ouvre quelques pistes pour ne pas acheter idiot !
Revoilà le printemps, les sorties en falaise se profilent… Si, en vieux routier, vous avez poussé à bout votre corde et qu’elle n’est plus qu’une sorte de câble aux extrémités pelucheuses, laissant apercevoir ça et là la blancheur de son âme, pas d’hésitation, il est temps de la changer !
Si, au contraire, en néophyte, vous n’avez jamais utilisé d’autres cordes que les moulinettes que la salle met à votre disposition, il va vous falloir faire un détour par votre shop escalade et vous résigner à acheter le précieux sésame en polyamide. Dans un cas comme dans l’autre, voici quelques combines pour faire le bon choix !
La longueur
Les fabricants déclinent la plupart de leur modèle dans différentes longueurs. L’éventail va de 30 mètres pour les cordes spécifiquement dédiées à la salle à 100 mètres pour les cordes destinées aux grandes envolées ! À vous de voir dans quel type de voies vous grimpez le plus souvent : couennes ultra-courtes ou lignes d’ampleur… Sachant qu’avec une 70 mètres, sauf cas exceptionnels et “voies-abus”, on passe à peu près partout en falaise !
Bref, pour bien choisir votre corde, réfléchissez prioritairement aux falaises où vous allez grimper en général et à la longueur moyenne des voies que vous faites habituellement. Pour être tranquille et vous donner de la marge, vous pouvez opter pour une 80 mètres. Cela permettra de ne pas vous retrouver limite “bout de corde” si vous grimpez généralement dans des voies de 30 à 35 mètres.
Et une fois les bouts usés, vous pourrez les recouper et augmenter ainsi la durée de vie de votre corde quasiment de 50%, en conservant une longueur suffisante dans bien des cas. Pensez juste à bien mesurer la longueur des bouts que vous coupez pour avoir toujours une idée précise de la longueur totale de votre corde et éviter ainsi les mauvaises surprises ! Au passage, rappelons que ça ne dispense pas du réflexe salutaire de faire systématiquement un nœud au bout de sa corde avant de descendre son partenaire ;-).
Ce sont les 5 premiers mètres d’une corde qui s’usent le plus vite, après la zone d’encordement, car c’est là où s’observent les frottements les plus importants sur les dégaines lors d’une chute. C’est donc cette partie qu’il faut inspecter régulièrement et recouper si elle est endommagée.
Bien évidemment, si vous ne faites que du mur ou des voies de 10-15 mètres dehors, la question de la longueur ne se pose pas dans les mêmes termes. Inutile de trimballer une 80 ou une 100 mètres : pensez au poids de la bête dans le sac à corde pendant la marche d’approche et à tous les mètres qu’il vous faudra ravaler si d’aventure vous installez une moulinette…
Le diamètre
Pour un pratiquant régulier (1 fois par semaine), on conseille généralement une corde située entre 9,7 et 10 mm. C’est un diamètre rassurant qui constitue un bon compromis entre maniabilité, sécurité et durabilité. On aura certes un poids relatif mais la fluidité sera tout de même présente et ce sera une corde robuste, qui va tenir le choc et résister dans le temps. Pensez-y, surtout si vous n’enchaînez pas immédiatement les voies et avez besoin de les travailler un peu !
Pour ceux qui pratiquent majoritairement en salle ou qui font beaucoup de moulinettes dehors, la question de la durabilité va se poser également, et de manière cruciale. Une corde super épaisse, résistante aux frottements et à l’abrasion, sera de mise. De 9,8 à 10,5 mm : un diamètre conséquent pour une bonne prise en main et une longévité maximale ! L’idéal pour une escalade familiale.
Les cordes fines, de 8,9 à 9,4 mm, sont plutôt à réserver aux experts et aux adeptes de la performance à vue, surtout s’ils aiment les voies de grande ampleur, dans des murs de 40 mètres ou plus. Les avantages : le poids au mètre tout d’abord, la fluidité à l’assurage ensuite, la sensation de glissement lors des mousquetonnages enfin, en raison du faible diamètre. Et puis, la possibilité de l’utiliser en double en grandes voies, à l’occasion.
Revers de la médaille : une usure rapide, une grosse élasticité qui rend certes le vol plus confortable mais ne favorise pas le pompage en dévers une fois que vous êtes en bout de corde, un prix généralement assez élevé et la nécessité d’être extrêmement vigilant à l’assurage (gants recommandés). Si de plus, vous aimez travailler des voies, vous serez obligés d’investir dans une deuxième corde, plus robuste, et de ne réserver votre corde fine qu’aux dernières tentatives d’enchaînement.
Les cordes ultra-fines se font oublier en haut des voies mais ne sont pas adaptées aux chutes répétées. Elles demandent également de l’expérience à l’assurage, car elles peuvent vite filer, surtout quand elles sont neuves !
Les cordes polyvalentes, enfin, de 9,5 à 9,8 mm, permettent de concilier légèreté et résistance. Ce sont un peu les cordes à tout faire, celles qu’on peut conseiller aux indécis à la fois exigeants en termes de performance mais regardants à la dépense. D’un diamètre intermédiaire, elles sont une parfaite transition pour ceux qui souhaitent progresser vers le haut niveau.
Je trouve que la Swift d’Edelrid (8,9mm de diamètre) est plus résistante dans le temps que ses concurrentes. Plus de deux ans d’utilisation régulière et elle est toujours dans un bon état! Mais c’est vrai que pour travailler une voie ce n’est pas un diamètre à privilégier, surtout dans les moments où il faut pomper dans les dévers après une bonne chute…