Déconfinement et escalade : quels sont les scénarios possibles ?
Déconfinement par régions, par secteurs d’activités, par tranches d’âge ? On reste encore dans le flou après la dernière allocution présidentielle, fixant au 11 mai une levée progressive (et évolutive) du confinement. En fait, le gouvernement semble encore étudier divers scénarios. Mais quelles en seraient les implications pour les grimpeurs ? Déconfinement et escalade : à quand un retour à la normale ?
Déconfinement et escalade ? À vrai dire, le bout du tunnel semble bien loin. Et la question a de quoi surprendre… D’autant qu’elle est sans doute un peu prématurée. Surtout au regard de l’épidémie de Covid-19 qui continue de sévir dans le Monde. Mais la levée progressive du confinement a été annoncée par le gouvernement, avec en particulier un retour des enfants dans les crèches et les écoles. Par conséquent on peut légitimement s’interroger sur nos pratiques sportives.
Si la Chine, où tout a commencé, s’est engagée dans un processus de déconfinement faisant d’ailleurs craindre une reprise de l’épidémie, d’autres pays en Europe lui emboitent, sans broncher, le pas. Par exemple l’Autriche, le Danemark, la Norvège… et plus étonnant, l’Espagne, en dépit de la dynamique de propagation actuelle du virus. D’ailleurs, la problématique semble plus être, en fait, la reprise économique que réellement la santé publique.
A priori en France, on semble s’acheminer vers le pari d’une stratégie d’immunité de groupe, qui ne dirait pas vraiment son nom, via les populations jeunes et actives, ce qui n’est pas totalement délirant… Toutefois de nombreuses questions restent en suspens. En effet quid des conditions matérielles : capacité d’accueil des services de réanimation dans l’hypothèse d’une deuxième vague ? Date de disponibilité des masques ? Systématisation ou non des tests de dépistage… ?
Les scénarios étudiés par le gouvernement
- Un déconfinement par région. Edouard Philippe a expliqué une possibilité de déconfiner les régions en fonction de leur situation épidémique et du niveau de saturation des hôpitaux.
- Un déconfinement selon les profils à risque. Les personnes âgées (plus de 60 ans) et celles qui présentent des facteurs de comorbidités pourraient être autorisées à sortir plus tard que les autres.
- Enfin, l’option des tests systématiques semble avoir été écartée. Par manque de moyens ? Manque de fiabilité des tests ? Protocole complexe (nécessité de test-retest) ? Alors qu’elle aurait pu permettre d’isoler les malades et de déterminer qui a déjà été en contact avec le virus et a développé une immunité nécessaire.
Déconfinement et escalade en salle : quelles implications pour les grimpeurs ?
Si Emmanuel Macron a annoncé une réouverture progressive des crèches et des écoles le 11 mai, il a aussi indiqué que les lieux rassemblant du public (restaurants, cafés, cinémas, salles de spectacles, musées…) ne pourraient pas rouvrir avant mi-juillet, minimum. Les salles d’escalade semblent bel et bien entrer dans cette catégorie… Par conséquent, l’escalade indoor, cela ne semble pas encore être pour demain 🙁
Interrogé à ce propos, un patron de réseau de salles nous disait récemment : “Pour l’instant, parler de l’après alors que rien ne nous permet de l’envisager sereinement est largement prématuré. Imagine à quel point la situation sanitaire devra s’être améliorée avant que des lieux de pratique sportive comme des salles d’escalade (où la notion même de distanciation sociale ne fait aucun sens) puissent être autorisés à rouvrir.”
Car les institutions et les autorités sanitaires s’accordent à dire que même lorsque la population aura le droit de se déplacer librement (que le déconfinement ait lieu par tranches d’âges ou par régions), il faudra toujours respecter les mesures de distanciation sociales au maximum et appliquer les gestes barrières. Dès lors, difficile d’imaginer une ré-ouverture des salles pour le moment…
Déconfinement et escalade en salle, les questions qui se posent
En salle de bloc, la promiscuité est grande. La magnésie liquide n’est pas du gel hydro-alcoolique, jusqu’à preuve du contraire 😉 Devrait-on grimper avec un masque ? Et comment conserver une distance de 1 mètre entre chaque pratiquant ? A moins d’envisager une admission au compte-gouttes dans les espaces de pratique, avec dès lors une rentabilité très discutable. De plus, cela présupposerait une désinfection très régulière des prises et des espaces communs, quasi impossible à mettre en œuvre…
D’ailleurs, La Fabrique verticale avait posé très tôt la question des risques d’une pratique en salle, bien avant le confinement. En salle de voie, se rajoute au casse-tête des gérants la dimension de la sécurité, avec des cordes et des dispositifs d’assurage qu’on manipule sans cesse, et qu’il semble, là encore, difficile à désinfecter régulièrement. Une question qui se poserait d’ailleurs également dans l’hypothèse d’une reprise de l’activité en extérieur…
En fait, une autre option pourrait être de restreindre l’accès aux seules personnes ayant été testées et étant immunisées. Bien sûr, ce ne serait envisageable que dans l’hypothèse d’un dépistage massif de la population, avec un protocole de tests fiables et systématiques, chose qui ne semble pas vraiment à l’ordre du jour pour le moment. Il faudrait également que l’hypothèse d’une immunité acquise à la suite d’une infection au Covid-19 soit validée scientifiquement, ce qui n’est pas encore le cas…
Mais pourquoi pas à l’horizon du mois de septembre ? Restons positifs !
Déconfinement et escalade en extérieur
Pour ce qui est de l’escalade en extérieur, jusqu’à présent, la FFME a relayé les recommandations mais n’avait pas le pouvoir de limiter ou d’interdire. Pour l’instant, les sites d’escalade sont interdits à la pratique, souvent par arrêt préfectoral ou par décision des maires, et ce pratiquement depuis le début de la période de confinement.
Ajoutons qu’il est, de fait, difficile de les fréquenter, dans la mesure où on ne doit pas s’éloigner à plus d’un km de son domicile, dans le cadre de la pratique sportive, et pas plus d’une heure. Les sites classés terrain d’aventure sont également interdits pour des raisons évidentes. D’ailleurs, quotidiennement, les secouristes des PGHM s’assurent du respect des règles de confinement en montagne, surveillant à l’aide de drones les sentiers d’accès et/ou les grandes voies.
La logique qui a prévalu a été celle d’éviter de risquer d’encombrer les services d’urgence (déjà très occupés à gérer l’afflux des patients atteints du Covid-19) avec des polytraumatisés accidentés en montagne. Car ces activités sont potentiellement dangereuses. En premier lieu, elles risquent de mobiliser des secouristes. En second lieu du personnel soignant fortement engagé par ailleurs dans la lutte contre le coronavirus.
On ne sait pas pour l’instant quand les sites d’escalade en extérieur seront de nouveau autorisés à la pratique. Mais il semble peu probable que les autorités prennent le risque d’en libéraliser l’accès dès le 11 mai. Car comment en contrôler la fréquentation ? Comment la limiter dans une logique de distanciation sociale ? De plus, d’autres questions apparaissent. En effet quid des gestes barrières ? Surtout quand il s’agit d’assurer ou de parer son partenaire de grimpe. Bref, il va falloir s’armer de patience…
Pour rappel, l’avis du conseil scientifique :
Selon un avis publié le 2 avril 2020, le conseil scientifique a énoncé plusieurs critères pour pourvoir raisonnablement envisager le déconfinement de la population en France :
- La réduction du nombre de cas de Covid-19 dans le pays et une capacité hospitalière restaurée
- Évidemment, le soulagement des services de réanimation par la réduction du nombre de formes graves de Covid-19
- Puis une période suffisante de récupération pour les équipes de soignants sur le pont depuis plusieurs semaines
- Bien sûr, la reconstitution des stocks de matériel, des traitements spécifiques à la réanimation et des équipements de protection
- Enfin, la mise en place d’une stratégie post-confinement rigoureuse (disponibilité des masques, maintien des mesures de distanciation sociale et des gestes barrières, capacité de diagnostic rapide, protection des personnes vulnérables, contrôle aux frontières etc…)
Eh oui il faut attendre ,mais avec tout ce qu’ il se dit ,on n est pas encore sortie de l auberge…
Mais attention aussi à ce que nous entendons , .
Grimper en falaise avec son matos et les risques barrière c est bon en respectant les distances et la foule ???
Une fois le confinement assuré bien-sûr…
De toute façon il va falloir que le grimpeur retourne au boulot confinement ou pas ,ex moi ..
Les salles lieu déjà de confinement risque de ne pas ouvrir d ici tôt ,à part si une astuce ,une idée de génie éclate au grand jour 😁😁
En attendant de grimper entrainez vous bien , reprenez le taf pour le déficit apres on verra pour le virus
Amitiés verticales
Merci pour votre article. Oui la question de la distanciation dans les salles d’escalade se posent au même titre que les salles de gym, de muscu, les concerts, festivals et même tout simplement les restaurants. Il faut donc chercher et proposer des solutions adaptées afin de respecter les règles de distanciation: des quotas, un nettoyage systématique des prises (en musculation chacun nettoie sa machine). En extérieur la question est différente selon qu’on soit en bloc, en falaise isolée, en grande voie, en montagne, en randonnée. Là aussi on ne coupera pas à réfléchir à des règles à respecter dans un mois, dans 6 mois ou dans un an. La question n’est plus de savoir quand on ouvre mais que proposons-nous pour (peut-être) réouvrir en sécurité?
oui les sorties en salle en extérieure où en montagne semble pour l instant compromise attendons le 11/05 mais du cout tout est blocquer
Vous prenez pour fondees les mesures de confinement alors qu’elles sont hautement contestables du seul point de vue médical et génératrices de graves troubles dont beaucoup de psy s’inquiètent. Quant à interdiction de la nature elle est anticonstutionnelle et absurde. Le pretexte des accidents qui risquent de prendre de la place en rea est un non sens. Ou j habite dans le var il n’y a eu qu’un accident grave en trois mois, le mien. Une vertèbre brisée, deux jours d hôpital et un corset. Il faudrait maintenant que je regrimpe pour me rééduquer correctement. En mer, pas un naufrage et aucun bateau ne peut sortir. Et puis ils laissent les vieux crever, exclus de rea. Ils n’ont qu’à nous exclure de rea et nous laisser libres de prendre nos décisions. Je préfère cent fois prndre lr risque de mourir par défaut de réa _ j ai connu – plutôt que de devenir dingue et finir par tuer un flic. Et honte aux pghm de se livrer à la traque des grimpeurs. Obéissance ? Ils auraient donc accepté de traquer des juifs durant lz guerre ?
Je suis consterné de voir le peuple de la liberté se soumettre à un régime qui bascule dans la dictature. Ne voyez vous pas que toute cette comédie vise à nous briser pour ensuite démolir sans résistance notre système social ?
Ils jouent avec leurs cartes et couleurs, truquent les chiffres et nous humilient avec leurs dérogations. Même en temps d’occupation nous n’avons pas ete traités ainsi. Si une révolte d’ampleur ne de déclare pas, on peut dire adieu à la liberté y compris en montagne. Ils ont trouvé le filon et il ne vont pas le lâcher. Réveillez vous !
Bonjour Olivier
Merci pour votre commentaire.
Je suis globalement d’accord concernant l’interdiction des activités de nature.
Pour ce qui est du confinement, moins. Le confinement induit probablement des troubles psy, et cela personne ne peut le contester. Personne ne peut contester non plus que les pays qui ont le plus tardé à instaurer le confinement et donc réduire la circulation de covid sont ceux qui ont à déplorer le plus de morts, cf Brésil, UK actuellement.
Alors comme ça l’escalade et l’alpinisme seraient des sports collectifs et de contact ???!
Est-ce que les génies qui ont décrété ça ont une quelconque idée du fonctionnement d’une cordée ?
Les seuls rapprochements obligatoires sont lors de la parade si on fait du bloc et au départ d’une voie (et encore, le grimpeur tourne le dos à l’assureur) et aux relais en cas d’enchainement de longueurs. Et au pire on sera 3 et rarement avec des inconnus (hormis pour les professionnels).
L’argument selon lequel il serait impossible de contrôler une éventuelle sur fréquentation et le respect des gestes barrière, consiste tout simplement à nous prendre pour des décérébrés et à nous infantiliser (pour mieux nous contrôler ?). Nous nous occupons déjà très bien de notre sécurité nous même ! C’est d’ailleurs la base en escalade et alpinisme avant même de commencer à grimper ! Inutile de prétendre ne pas pouvoir contrôler les accès aux sites cet argument est fallacieux.
Quant-à la progression d’une cordée sur glacier ou sur une arrête, j’aimerais bien savoir où est la promiscuité ?
On trouve facilement le c.v. du préfet de Haute-Savoie qui s’est « autorisé » à interdire l’accès aux massifs sur le département. Autant dire qu’il y a là tous les indices pour déceler un petit carriériste ambitieux. Le type même d’individu qui ne devrait JAMAIS avoir le moindre pouvoir sous peine d’en abuser et c’est malheureusement ce qu’il se passe.
Je ne m’attarde pas sur le reste du gouvernement. Les mensonges qu’ils sortent pour tenter de camoufler leur incompétence sont régulièrement mis en lumière sans que cela ne choque plus l’opinion publique.
Des mesures aussi infondées incohérentes et arbitraires ne sont ni plus ni moins que des atteintes à nos libertés.
Evidemment je vais passer pour un vil égoïste aux yeux des « bien pensants » qui vont me rétorquer que c’est pour le bien de l’humanité , que mes loisirs passent après le bien de la communauté… Alors laissez le gouvernement vous mépriser et vous infantiliser. Acceptez toutes les mesures prises « pour votre bien » sans jamais réfléchir à leur bien fondé. Après tout, les politiques sont sans doutes là pour le faire à votre place.
La montagne n’est pas qu’un loisir à mes yeux. La pratique des sports qu’elle permet fait partie de mon hygiène de vie et elle est un espace de liberté.
C’est la première fois que je sens une menace réelle planer sur ma liberté. Hors celle-ci a un coup inestimable à mes yeux.
A l’exception du mot « révolte » qu’il est préférable de remplacer par « protestation », le commentaire de Cazeaux a tout bon.