Escalade et ego

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Est-ce que votre ego vous fait tomber ? Le mental est une chose bien mystérieuse. Il peut être puissant mais parfois il travaille contre vous. La Fabrique Verticale s’est intéressée à cette délicate question et vous révèle comment votre ego peut sérieusement vous limiter en escalade. Explications.

Qu’est-ce que l’ego ?

D’un point de vue étymologique, ego vient du latin. C’est le pronom personnel de la première personne signifiant Je, Moi. Il en découle qu’en sciences humaines, il désigne généralement la représentation et la conscience que le sujet a de lui-même. En philosophie, c’est le moi en tant qu’objet de la conscience. En psychanalyse, c’est le centre de la réalité du sujet, ce à partir de quoi il construit et comprend le monde qui l’entoure.

Dans plusieurs religions et courants spirituels, l’ego renvoie à une représentation fausse que l’individu se fait de lui-même, faite de souvenirs et d’expériences. Il est alors illusions et fait écran à la vraie perception du monde. Pour connaître l’éveil spirituel, l’individu doit alors se libérer de l’ego, qui l’enchaîne à des schémas de souffrance (égocentrisme, orgueil, vanité, amour-propre…).

Sans forcément aller jusque-là, petits scarabées, on peut dire que l’ego est une identité mi-fictive mi-réelle que nous développons au fil du temps et qui est intimement liée à l’opinion et à la perception que les autres ont de nous, ou plutôt à celles que nous pensons qu’ils se font de nous. En conséquence, l’ego a partie liée avec la peur du jugement d’autrui et, bien sûr, avec la peur de l’échec.

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En quoi l’ego affecte notre escalade ?

Cette peur de l’échec et cette peur du jugement d’autrui n’aident pas, bien sûr, en escalade, puisque par nature, dans l’activité, on est perpétuellement amené à se confronter à de nouveaux challenges (nouveaux blocs, nouvelles voies, nouvelles cotations à franchir…). Et c’est d’autant plus compliqué que cette confrontation à la difficulté se fait quasi systématiquement sous le regard d’autrui (assureurs, pareurs, spectateurs en compétition…). Sauf à grimper tout seul dans son coin…

Cette peur de l’échec et cette peur du jugement d’autrui n’aident pas à sortir de la fameuse zone de confort. Au lieu de travailler sur ses points faibles, ce qui est source de progression, on se confine dans des situations où l’on est sûr de réussir, où l’on peut faire la démonstration que notre ego a finalement bien raison de croire qu’il est fort ! Or personne ne réussit de grandes choses en se limitant uniquement à ce qu’il sait faire…

Ce rapport à l’ego peut aussi détériorer la confiance que nous avons en nous-mêmes. Si par malheur nous tombons dans une voie qui est largement à notre portée, nous le vivons alors comme une véritable blessure narcissique. Il en résulte deux types de comportements. Premièrement l’esquive : il nous faut trouver une excuse qui préserve l’ego du jugement d’autrui (“les prises sont grasses”, “je n’ai pas récupéré de la séance d’hier”, etc). Deuxièmement le doute : la perte de confiance nous fait échouer à nouveau et c’est le cercle vicieux !

Comment se libérer de l’ego ?

D’abord, il faut savoir que c’est un travail de longue haleine. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ! Car l’ego ne lâche pas si facilement l’affaire… Vous avez grandi avec et vous y êtes attaché. Ça fait partie de votre identité. Mais déjà la prise de conscience du phénomène aide grandement.

Pour vous libérer de l’ego, plusieurs pistes s’offrent à vous. Tout d’abord, sortir de la comparaison avec les autres, arrêter de vous juger et de vous sentir jugé, être votre propre référent. Et surtout, revenir à l’essentiel, le plaisir de grimper ! Si vous grimpez, c’est que vous aimez viscéralement ça, alors faites-le et basta ! Laissez votre ego caresser ses chimères et ses désirs de “toujours plus, toujours mieux”… Et vous, de votre côté, tirez entière satisfaction de ce que vous êtes en capacité de faire ce jour-là !

Deuxième piste, dissocier la perception que vous avez de vous-même de la perception que vous avez de votre performance. Ce n’est pas parce que vous tombez dans une voie que vous êtes nul. Pourtant on entend souvent des grimpeurs s’auto flageller de la sorte… Au contraire, soyez conscient de vos qualités (elles ne se sont pas envolées parce que vous venez de tomber !). Sortez des affects, revenez à une analyse froide et rationnelle, essayez de comprendre pourquoi vous êtes tombé (sans vous cacher derrière votre petit doigt ou des excuses plus ou moins bidons).

Bref, profitez des petites erreurs que vous commettez pour progresser. Ce sont autant d’opportunités de voir exactement où vous en êtes, d’identifier vos points faibles et de les faire évoluer. En sortant ainsi de votre zone de confort, vous vous donnerez la possibilité d’exploiter votre vrai potentiel ! Et le plus important, grimpez pour vous, pas pour les autres…

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6 réponses

  1. Arnaud dit :

    Des fois les prises sont vraiment grasses ! :p

  2. nico dit :

    Merci, un très bel article qui démontre la qualité de réflexion et la transversalité de l’approche de « l’équipe » de LFV.
    Un commentaire sincère qui, j’en suis sur, ne viendra pas gonfler votre égo 😉

  3. Fenson dit :

    Très bel article. Je me retrouve parfaitement dans cette peur du jugement d’autrui !
    Bravo pour votre site !
    Continuez.

  4. Anne-Sophie dit :

    article pertinent -j’étais vraiment dans ce schéma il n’y a pas longtemps je pense que plus on se sent scruter de l’extérieur pire c’est, il faut vraiment se créer sa bulle comme certains y arrive , rien que pour la concentration , ça aide -je suis aller jusqu’au surentrainement pour prouver qq chose et j’ai même eu un accident en falaise il y a 2 mois -en arrêt 6 mois minimum , je vais travailler sur ce point noir -merci !!

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