Grimpeurs : allez-vous souffrir d’arthrose ?
La sollicitation des doigts étant très importante en escalade, nombreux sont les grimpeurs qui s’interrogent sur les conséquences à long terme d’une pratique intensive sur leurs articulations. Les grimpeurs ont-ils plus de risque que la moyenne d’être sujets à une arthrose précoce des doigts ? La Fabrique verticale fait le point.
L’arthrose (ou arthropathie chronique dégénérative) est une affection touchant les articulations et se caractérisant par des phénomènes d’usure du cartilage et de l’os. Elle s’accompagne d’une douleur associée à une gêne fonctionnelle (limitation de la mobilité de l’articulation, déformations…). Elle est généralement liée à l’âge mais son apparition peut être facilitée par une sur-sollicitation des articulations (charges répétées et non adaptées), le cartilage étant une structure vivante particulièrement sensible.
Contrairement à d’autres tissus conjonctifs, le cartilage ne contient pas de vaisseaux sanguins. Il se développe et se répare donc plus lentement. À l’âge adulte, la régénération du cartilage est jugée très hypothétique. Toute lésion est donc théoriquement irréversible. Les lésions du cartilage sont généralement d’origine mécanique. La pratique de l’escalade et les fortes contraintes exercées sur les doigts peuvent-elles être facteurs de risque d’une survenue précoce de l’arthrose ?
Le point de vue des praticiens
Interrogé sur ce point, le Pr Moutet, chirurgien spécialiste de la main au CHU de Grenoble, pense depuis longtemps qu’il va avoir à prendre en charge les fruits de la dégénérescence arthrosique (destruction du cartilage) des articulations des grimpeurs fanatiques, que ce soit au niveau de la main ou des doigts.
Pour l’instant, il n’en est rien : “J’ai toujours pensé que les grimpeurs avaient plus de risque que la moyenne d’être sujets à l’arthrose des doigts et j’imaginais en voir des consultations pleines… En fait cela ne semble pas être le cas. Ou alors ils souffrent en silence !”. Il semble toutefois qu’on manque encore un peu de recul sur les populations de grimpeurs à risque : “Le temps portera peut-être ses enseignements plus tardivement”.
Volker Schöffl, chirurgien spécialisé en traumatologie du sport et médecin de l’équipe nationale allemande d’escalade, s’est lui aussi intéressé à cette question : “Difficile de donner une réponse catégorique, l’arthrose dépendant de nombreux facteurs”. Cependant quelques constantes peuvent être mises en évidence : les femmes seraient plus touchées que les hommes, ainsi que les grimpeurs ayant subi de fréquentes lésions, notamment mal cicatrisées.
“Nous avons examiné un certain nombre de grimpeurs pratiquant depuis plusieurs années, explique le docteur Volker Schöffl, et avons trouvé des traces de charges répétées sur les os, ainsi que de l’arthrose dans les articulations des doigts. Cependant, il est intéressant de constater que nous avons aussi visionné des radios de grimpeurs de haut niveau ne présentant, paradoxalement, aucun symptôme d’usure.”
Prévention lors de la pratique de l’escalade
La prédisposition des grimpeurs à une arthrose précoce n’est donc pas clairement établie, d’autant que le caractère génétique de cette affection semble prédominant. On ne peut véritablement pas associer une pratique sportive intensive avec le développement systématique d’une arthrose. Cela ne doit toutefois pas nous empêcher d’adopter des comportements préventifs ! Il a en effet été montré que des charges répétées dans des positions extrêmes et des pressions importantes ou chroniques sur les doigts peuvent nuire à l’élasticité du cartilage.
Il semble donc intéressant de limiter les situations potentiellement dangereuses : par exemple les préhensions en arqué (où la flexion des phalanges est maximale et où le cartilage encaisse seul une bonne partie des contraintes) ou encore les jetés sur des prises anguleuses (dont les formes traumatisantes peuvent appuyer douloureusement sur les articulations à l’arrivée du mouvement, surtout si celui-ci est réalisé no foot).
D’autre part, il semblerait que les petites blessures régulières et non prises en charge, ainsi que les traumatismes faibles mais répétés, seraient plutôt de nature à favoriser la survenue de l’arthrose. Il convient donc de prêter particulièrement attention aux signaux d’alerte et de consulter un spécialiste dès qu’une douleur anormale se fait sentir !
Effectivement, après 40 ans d’escalades intensives, j’ai des mains qui ressemblent à Frankenstein! De plus il m’est impossible de serrer fort la main si je veux par exemple attraper une mouche!
par contre aucune douleur et je tiens toujours aussi fort les prises!
Mon erreur je suppose : négligence de mouvement d’assouiplissement des doigts et de la main, alors que j’ai bien gérer le reste de mon corps en général!
Voilà j’ai bientôt 30 ,je fais beaucoup de bloc indoor ( y’a peut de falaise sur paris et fontainebleau n’est pas à côté). Donc c’est plus pratique
Je pratique en moyenne 4 fois pas semaines ( bien que je commence. À ralentir car je voudrais aire durer cette pratique dans le temps.
Depuis quelques moi j’ai une douleur aiguë dans l’articulation quand je tire l’index en direction de l’annulaire. Récemment j’ai décidé d’aller faire des examens pour voir quel est l’etat de ma main.
En cas de douleur quels sont les remèdes à m’être en place ?? Je fais beaucoup d’étirement afin de limiter la casse mais un conseil professionnel et avisé ne serait pas de refus.
En vous remerciant par avance 🙂
Et bonne continuation
Bonjour,
Merci pour votre commentaire et pour votre retour d’expérience. J’ai souffert d’une douleur similaire dans l’index pendant presque un an. C’était de l’arthrose. C’est passé sans que je sache précisément ce qui a permis de régler de problème. La seule chose que je peux vous dire, c’est ce que j’ai mis en place durant cette période pour pouvoir continuer à grimper. J’avais une douleur très aigüe dans l’articulation dès que je prenais une reglette en arqué. En revanche aucune douleur en tendu. J’ai donc systématisé ce type de préhension main gauche (bien que je sois plutôt une adepte de l’arquée en général ;-)). En fonctionnant ainsi, j’ai pu continuer à grimper. Par ailleurs, j’ai fait une cure d’Articulasil buvable (silicium + glucosamine chondroïtine) qui m’a bien soulagée (bien qu’en théorie, les effets de ces substances ne soient pas prouvés scientifiquement). J’espère que ces infos pourront vous aider. Bon courage à vous