Scarpa : du nouveau dans le Boostic !
Au rayon des chaussons, la gamme du chausseur italien Scarpa évolue avec l’apparition d’un nouveau Boostic. Depuis quelques semaines, nous avons pu utiliser ce modèle sur différents terrains et nous vous livrons ici le résultat de nos tests. Comme vous le constaterez, il nous a paru intéressant d’établir une forme de confrontation entre le Boostic et son plus proche cousin chez Scarpa, le Booster, que nous avions pu mettre aux pieds au printemps dernier.
Scarpa Boostic : conception et nouveautés
Cette mise à jour du Boostic embarque un certain nombre de nouveautés, tout en conservant son ADN.Comparativement au Booster, résolument orienté vers la pratique du bloc et l’escalade très déversante, le Boostic cible toujours des profils d’escalade moins raides. Mais qui requièrent un haut degré de précision et de la puissance d’appui sur les micro-réglettes.
Au niveau technologique donc, on retrouve sur ce chausson le système de tension DTS (le même que sur le Booster), dont la fonction est de maintenir la forme du chausson. Cela ne dépaysera donc pas les utilisateurs du Booster.
Le système de talon (PAF heel system) est aussi identique à celui du Booster. À un détail près : Le Boostic ne dispose pas de l’insert « soft spine », présent sur le Booster et censé permettre de réaliser les crochets les plus techniques.
Concernant le talon toujours, la conception est aussi très avancée. Le dispositif consiste en 2 couches : à l’extérieur, l’extrémité de la nappe de gomme de semelle remonte en arrière du chausson. Pas complètement cependant pour réduire la pression sur le tendon d’achille. Puis intercalé avec la tige elle-même, une nappe de gomme XS grip2 complète la forme.
Enfin, notons 2 différences de taille avec le Booster. Le Boostic dispose d’une semelle complète, qui s’étale sur toute la longueur du chausson. Cette semelle est complétée par un insert qui a pour fonction d’augmenter le soutien plantaire. Et en ce qui concerne la gomme, Scarpa a privilégié la Vibram XS Edge pour le Boostic (XS Grip 2 pour le Booster).
Sur le principe, ces choix apparaissent comme tout à fait cohérents quand on considère le programme du Boostic, taillé plutôt pour la falaise.
Le Scarpa Boostic au banc d’essai
Durant plusieurs semaines, j’ai grimpé avec les Booster sur rocher ou plastique, et sur des profils allant du vertical au toit. Sans grimper nécessairement dans des trucs extrêmes, je me suis attaché à solliciter les chaussons sur une grande diversité de prises afin de commencer à en cerner les qualités et les limites.
Premier chaussage
Premier chaussage : Plus facile à écrire qu’à articuler… mais aussi qu’à faire.
Ma pointure de ville est grosso modo du 41, pied plutôt large. J’ai donc demandé du 39,5 pour le test.
Comme classiquement sur tous mes chaussons neufs, les premiers chaussages se sont effectués en glissant préalablement les pieds dans un sac plastique. Je dois dire que lors du tout premier enfilage, j’ai douté de mon choix quant à la taille. La partie haute du talon étant moins élastique que sur mes chaussons habituels, le passage du talon n’a pas été simple.
Nonobstant, une fois le crux franchi, mon pied s’est parfaitement placé à l’intérieur du chausson.
Cela a d’ailleurs été une surprise très agréable que de constater qu’il trouvait sa place, sans que je ressente des surpressions localisées. Assez logiquement pour cette gamme de chaussons, la poussée du talon est d’emblée assez forte, et dirigée vers les deux premiers orteils.
Comme sur le Booster, la partie supérieure de la tige est constituée par une membrane fine, élastique et très aérée, que l’on repositionne facilement une fois le chausson enfilé.
Fermeture
C’est devenu classique : la fermeture est assurée par deux bandes velcros inversées. Bien que mon coup de pied bombe fort dans le chausson lors des premières utilisations, je n’ai pas eu de difficultés à fermer celui-ci. Les bandes sont assez longues, mais les velcros gagneraient à être un peu plus puissants (accrocheurs).
J’ai néanmoins été surpris par une chose : en observant bien les velcros, disposés à plat sur le dessus du chausson, je me suis aperçu qu’il y avait une rupture d’alignement avec la boucle.
Cela m’a semblé étrange et je me suis donc directement adressé à Heinz Mariacher, créateur du modèle et j’ai obtenu la réponse :
Ce décalage est tout à fait intentionnel : En particulier pour le velcro bas, je voulais éviter qu’il ne tire trop dans la zone située juste avant les orteils. Car cela aurait pour conséquence, lorsque le pied est en extension (lorsqu’on est en appui sur une réglette par exemple NDLR), de créer un point dur et par conséquent douloureux. Je préfère également que la zone des orteils ait la liberté de s’adapter à différents pieds. Or, plus on fixe cette zone avec du Velcro, moins elle s’adapte.
La logique est la même concernant le velcro situé sur le coup de pied. La disposition et l’orientation son réfléchies et conçues en mode « dynamique », et prennent en compte les contraintes exercées lors de l’escalade.
Pour en terminer avec la fermeture, il y a tout de même un aspect qui me paraîtrait à être amélioré : c’est l’orientation de la boucle du haut. En effet, telle qu’elle est cousue actuellement, la traction lors du serrage ne s’exerce pas sur la largeur de la bande velcro, mais plus sur un des deux bords. Et cela laisse présager une usure sans doute plus rapide. À confirmer dans le temps.
Grimper en Scarpa Boostic
Quand on commence à grimper avec un nouveau modèle de chausson, il est bien évident que l’on ne pourra en tirer immédiatement le meilleur. Comme pour tout le matériel, cela nécessite un temps « d’apprentissage » : S’habituer aux sensations, explorer les limites…
Mais je suis assez sensible aux toutes premières sensations d’escalade. Quand bien même elles peuvent se moduler par la suite.
Avec les Boostic Scarpa, deux impressions me sont venues immédiatement :
- La sensation en pointe est excellente
- On peut pousser fort dessus
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela : tout d’abord le système de tension (DTS) qui redirige la poussée du talon précisément vers le gros orteil, mais aussi l’intercalaire très fin (1 mm seulement), et bien sûr la faible épaisseur de gomme. Elle est de 3,5 mm sur le 1/3 avant, puis son épaisseur se réduit à 2 mm sur le reste du chausson.
Sur certains modèles, dont le Boostic, il existe un marquage indiquant le standard de tension choisi par Scarpa. Il s’agit du nombre de perforations de la gomme, visibles sur le côté du talon. Trois trous (Boostic, Vapor…) tension très forte. 2 trous, tension moyenne (Veloce), un trou, tension faible (Origin, Reflex V…).
Scarpa Boostic et crochets
Mon tout premier contact avec le Boostic s’est fait sur le pan de la maison. J’ai donc été conduit rapidement à essayer différents crochets.
Étant donné la forme de mon talon, et bien que celui-ci trouve sa place dans le chausson, le point d’appui optimal est situé un peu bas pour ce modèle. Mais cette perception est éminemment personnelle. Et chacun sait bien que c’est en présentant le chausson au pied dans un bon shop que l’on voit en définitive si le talon « fit » correctement. Mon ressenti reste que le contact pied-prise est bon et que l’on prend rapidement confiance sur ce type d’appuis.
Comme tous les chaussons de pointe actuels, le Boostic est pourvu de gomme sur le dessus des orteils. La zone couverte s’étend jusqu’au velcro. Elle est donc moins étendue que sur les pures ballerines conçues pour le bloc. Cela permet tout de même de réaliser des spatules, mais dont la fonction est plus en équilibration qu’en traction.
Bilan : quelle utilisation pour le Scarpa Boostic ?
À l’issue de ces premières semaines de test, mon sentiment général s’est confirmé. Le Boostic est une arme qui sera appréciée par les falaisistes. J’en ai particulièrement apprécié le compromis efficacité / confort. Certes la notion de confort est toujours relative sur les chaussons de pointe, a fortiori quand on les prend très tendus. Mais il est vraiment plaisant de grimper sans ressentir des points de pressions localisés, signe que le chausson n’est pas fait pour son pied.
J’ai aussi apprécié son usage sur le plastique. Certes, sur cette matière (et de façon plus générale), je préfère le toucher de la gomme X Grip 2. Mais je me suis rapidement amusé sur les blocs. Sans doute, pour les grimpeurs qui utiliseront le Boostic majoritairement pour cette pratique, il pourra être judicieux de les prendre ½ taille plus grande, si les appuis à plat sur grandes surfaces sont très fréquents.
Ce que j’ai particulièrement aimé :
- La précision
- La nervosité
Ce qu’il y a sans doute à améliorer :
- L’orientation de la boucle du haut
- Le « grip » des velcros
Test du Scarpa Boostic : Bonus
Durant la période de ce test, nous avons eu la possibilité de faire essayer les Boostic à Pierre Varin, un des grimpeurs que nous coachons à la Fabrique verticale. Il nous intéressait de capter ses impressions à la suite d’une séance de bloc sur le plastique, a fortiori parce que c’est un utilisateur de chaussons Scarpa. Voici son témoignage :
Habitué à grimper avec des Scarpa Booster S en toutes situations (bloc en salle et en extérieur, voies en intérieur et extérieur), on m’a proposé de tester les Boostic lors d’une session de pan. En les enfilant, j’ai retrouvé dès la première utilisation le même confort et la même facilité à les enfiler qu’avec les Booster S. J’ai immédiatement pu les garder aux pieds pendant de longues périodes sans ressentir de douleurs ni même le besoin de les enlever entre chaque bloc. Pour ce qui est de la grimpe, on sent tout de suite qu’il y a de la rigidité et que la poussée est puissante. Ils permettent de bien pousser sur de petits pieds dans le dévers. En termes de sensations j’ai été étonné d’avoir immédiatement un bon ressenti des prises sous le pied, ce qui donne confiance quand il faut charger de petites prises. Et je pense qu’après quelques utilisations les sensations doivent devenir encore meilleures. J’ai pu essayer le talon en toute confiance sur différents mouvements et je l’ai trouvé très efficace et précis. Même sur un talon posé à l’aveugle, on sent tout de suite quand il est bien posé. Pour ce qui est de la taille du chausson, je pense qu’il faut prendre la pointure habituelle si on est déjà habitué aux chaussons Scarpa comme les Drago ou les Booster S.