Testosterone, les effets de l’âge et de l’entrainement
La testosterone est une hormone dite androgène, naturellement sécrétée. Chez l’homme, elle est principalement fabriquée dans les testicules et les glandes surrénales. Elle est également produite chez la femme, dans les ovaires et les surrénales, mais en quantités beaucoup moindres. Elle joue un rôle important dans la croissance musculaire et l’adaptation neuro-musculaire.
La testosterone est une hormone sexuelle qui contribue au développement des caractéristiques physiques typiquement masculines, telles que :
- l’apparition d’une voix grave au moment de la puberté
- la pilosité
- la production de sperme
- le développement des muscles
La testostérone exerce un effet anabolique sur les muscles par le biais de deux mécanismes :
- la stimulation de l’absorption des acides aminés, et donc de la synthèse des protéines
- l’inhibition de la dégradation des protéines en contrant le cortisol, une hormone catabolique.
Ainsi, à la suite d’un entrainement de force, le ratio de production cortisol vs testotérone bascule en faveur de cette dernière afin de favoriser la reconstruction musculaire. Ces effets anabolisants expliquent que dans le sport, et il n’y a pas de raison de penser que l’escalade échappe à la règle, la testostérone est recherchée pour ses propriétés dopantes.
Aux origines du mâle
Ceci n’est pas nouveau. Déjà, dans l’Antiquité, les discoboles ingéraient avant les Jeux de grandes quantités de testicules de taureaux pour augmenter leurs performances. D’ailleurs, cet ancêtre du dopage était strictement interdit par les règles des Jeux olympiques classiques. Les sanctions pouvaient aller jusqu’à la peine de mort. Ensuite, lorsque l’empereur Theodosius abolit les Jeux en 395 après J.-C., il déclara : “Ces Jeux sont devenus un foyer de tricherie”.
Pour des raisons sensiblement similaires, les athlètes du marathon préféraient “éviter l’intimité sexuelle avant les courses”, pour “garder leurs forces”. Ce tropisme pour l’abstinence était, semble-t-il sous-tendu par la croyance que c’était de nature à assurer l’adéquation parfaite entre le corps et l’esprit en vue d’une performance. Sans d’ailleurs la peur latente que le taux de testostérone ne chute la veille de l’enjeu. Puisque cette hormone était alors inconnue.
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Testosterone et dopage
Depuis l’époque des Jeux de l’Antiquité, les techniques de dopage ont bien sûr évolué. Mais la testostérone continue d’être utilisée pour synthétiser du muscle. Si cette hormone est naturellement sécrétée, elle peut aussi être administrée comme substance dopante. Or ceci n’est pas sans effet sur la santé. Chez la femme, on voit apparaître des signes de virilisation : pilosité faciale, voix rauque, hypertrophie clitoridienne, atrophie mammaire et calvitie de type masculin.
Chez l’homme, les effets sont multiples, à commencer par des effets sur la libido, une impuissance et une infertilité. Plus grave, chez l’homme comme chez la femme, la prise de testostérone expose à des troubles du comportement, agressivité, etc. Et surtout elle multiplie les risques de développer un cancer du foie, du sein, des testicules et de la prostate, de faire un infarctus ou un AVC… Pas sûr que le jeu en vaille la chandelle, pour quelques croix de plus sur 8a.nu.
La recherche suggère que la réduction du taux de testostérone au fil du temps serait corrélée avec un déclin observé de la masse et de la force musculaires. Chez les hommes, les niveaux de masse musculaire ont tendance à atteindre un pic au cours de la trentaine. Ils diminuent ensuite en moyenne d’environ 1 à 2 % par an, si on considère le type et la taille des fibres musculaires. De plus, la force musculaire diminue en moyenne d’environ 1,5 à 3 % par an, le taux de déclin devenant plus rapide après 50 ans. Ce qui explique que certains puissent être tentés…
Influence de l’âge
Des données convaincantes montrent que les taux sériques de testostérone diminuent avec le vieillissement à un taux moyen de 2 à 3 % par an. C’est pourquoi la prévalence du déficit en testostérone augmente avec l’âge. En effet, on observe des taux de testostérone cliniquement bas chez environ 10 % des hommes dans la cinquantaine, 20 % des hommes âgés de plus de 60 ans et une prévalence attendue de 50 % chez les plus de 80 ans.
Les symptômes d’une carence légère comprennent un manque d’énergie, une réduction de la force, une perte de libido, une diminution des performances sexuelles, une dépression et un changement d’humeur. En raison des similitudes entre le vieillissement normal et les symptômes d’une légère déficience en testostérone, le diagnostic clinique chez les hommes vieillissants est difficile et souvent manqué.
En ce qui concerne la composition corporelle et la performance à l’effort, il est prouvé que le traitement à la testostérone (TRT) peut restaurer les niveaux de masse musculaire et réduire la graisse viscérale, dans une variété de populations cliniquement déficientes, y compris les hommes vieillissants. Cependant, ces améliorations rapportées en matière de force maximale avec la TRT doivent être strictement encadrées.
Influence de l’entrainement sur la production de testosterone
De nombreux scientifiques ont étudié l’effet de l’exercice sur la production de testostérone chez les hommes vieillissants. Mais les résultats restent assez flous. En effet, certaines recherches font état de niveaux au repos significativement plus élevés chez les hommes âgés bien entraînés/athlétiques par rapport aux témoins sédentaires selon l’âge. Cependant, d’autres études n’ont pas réussi à distinguer les différences entre les populations entraînées et sédentaires tout au long de la vie.
Cependant, en escalade, les performances ne découlent pas uniquement du niveau de force. Ni donc du taux de testostérone supposé de l’individu, déclinant au fil du temps. Car les facteurs expliquant la performance sont multiples : gestuels, mentaux, tactiques. Raison de plus pour ne pas tomber dans la tentation d’une auto-hormono-thérapie plus ou moins bien gérée.
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L’entraînement en résistance
De nombreuses études ont démontré que l’entraînement en résistance peut provoquer des changements dans le taux de testostérone. Toutefois ils sont proportionnels à l’activation de la masse musculaire. C’est-à-dire que l’entraînement de petits muscles de manière isolée, même à haute intensité, n’élève pas le taux de testostérone. En revanche, l’implication de l’ensemble du corps provoque des augmentations plus significatives, jusqu’à environ 30 %.
Les hommes d’âge moyen et plus âgés semblent présenter des réponses relatives à la testostérone similaires à celles des hommes plus jeunes après une seule séance d’exercice de résistance de haute intensité. Mais cette augmentation est transitoire. En effet, elle revient à la normale après seulement 30 minutes. Et les données suggèrent qu’un entraînement régulier en résistance n’influence pas significativement le dosage en testostérone.
L’entraînement en endurance
À cet égard, les scientifiques ont obtenu des résultats similaires en ce qui concerne les effets de l’entraînement en endurance. Il semble qu’une intensité d’exercice relative doive être atteinte afin d’induire des changements dans les concentrations de testostérone. On observe des augmentations significatives uniquement dans des conditions d’exercice ≥ 90 % VO2 max.
Et malgré l’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité de l’entraînement en endurance sur des périodes supérieures à 14 semaines, la recherche n’a rapporté aucune augmentation significative des concentrations plasmatiques basales de testostérone.
Enfin, il est intéressant de noter que certaines études ont montré que l’entraînement en endurance était inversement corrélé aux concentrations de testostérone. Par exemple, les cyclistes professionnels ont tendance à avoir des niveaux de testostérone plus faibles après les grandes compétitions.
Que faut-il en retenir ?
- Le taux de testostérone semble être largement déterminé génétiquement. Il diminue généralement avec l’âge, avec un déclin plus important après 50 ans.
- Bien que l’entraînement semble induire une augmentation de la testostérone, cet effet ne se maintient pas dans le temps.
- De plus, un entrainement régulier en endurance peut abaisser le taux de testostérone basal.
- Enfin, les symptômes de déficience en testostérone doivent être évalués cliniquement par un professionnel de la santé qualifié. Il est inutile et dangereux de jouer les apprentis sorciers en achetant des compléments sur internet.
Sources
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