Alex Megos : quelles sont ses méthodes d’entraînement ?

Alex Megos
Le prodige Alex Megos a frappé fort, récemment, en s’offrant trois 9a dans la même journée, dont le fameux Action directe. Déjà, cet été, à Céüse, il enchaînait Realization, 9a+, en seulement 3 essais. La Fabrique Verticale a voulu en savoir plus sur ses méthodes d’entraînement. Entretien.

Tu es performant en falaise à la fois dans des voies très courtes, comme au Frankenjura, et dans des voies plus longues comme à Céüse ou à Siurana. Or cela nécessite des qualités différentes. Sur quel aspect mets-tu prioritairement l’accent dans ton entraînement ?

En général, je mets surtout l’accent sur la puissance, parce que c’est probablement encore l’un de mes points faibles. C’est aussi plus facile d’axer mon entraînement sur la force plutôt que sur l’endurance car vers chez moi, il y a surtout des salles de bloc. Bien sûr, dans la périodisation, il y a plusieurs étapes, en particulier durant l’hiver, pendant la phase de préparation. En schématisant, je pars de la force et je vais vers l’endurance. Bien sûr, ce que je dis là est très général. En réalité, ce n’est jamais aussi simple car il y a beaucoup d’autres facteurs qui interviennent : les projets en cours, les points faibles à développer, les voyages à venir…

Quelle est la proportion de falaise dans ton entraînement ? Y a t il des périodes où tu t’entraînes exclusivement à l’intérieur avant de retourner sur le rocher ? Ou au contraire les deux sont-ils intimement liés ?

Ça dépend vraiment des moments. Quand je voyage, je grimpe exclusivement sur le rocher. Quand je suis à la maison, ça dépend des conditions. Ce que j’essaie toujours de garder, ce sont des exercices aux anneaux. Donc, s’il fait beau, je vais faire quelque chose comme 80% de falaise et 20% d’exercices de renforcement musculaire. Au contraire, s’il fait mauvais, les proportions vont s’inverser. Dans les phases de préparation, j’essaie aussi d’introduire des sessions sur mur, parce qu’on peut pousser l’entraînement plus loin. Et l’hiver, quand les conditions sont mauvaises, je fais toujours un cycle spécifique dédié à mes points faibles.

Faire varier l’entraînement est une bonne chose pour la progression et la motivation. Es-tu d’accord avec ça ?

Oui, c’est sûr que c’est super important d’introduire le plus de variété possible dans son entraînement. Cependant, il y a aussi des choses que je répète constamment en entraînement. Je vais courir régulièrement pour garder une bonne forme physique générale. Et tout au long de l’année, je fais des anneaux (à peu près une fois par semaine), pour travailler les muscles antagonistes et prévenir les blessures (gagner en stabilité de l’épaule et renforcer la ceinture scapulaire). Pour moi, c’est très important, parce que naturellement je suis plutôt maigre et pas très puissant dans les mouvements physiques très en force.

Tu donnes l’impression de ne pas avoir d’inhibition ou de complexes à essayer les voies, quelle que soit leur difficulté, ni aucune barrière psychologique. Ressens-tu parfois de la frustration, quand tu n’arrives pas réaliser un projet extrêmement difficile, et comment gères-tu cela ?

En fait, je pense que les gens ont sans doute une fausse image de moi à ce propos. J’ai évidemment des barrières psychologiques, surtout quand il s’agit d’essayer des voies vraiment dures. Franchir ces barrières, c’est d’ailleurs parfois ce qu’il y a de plus dur, et notamment dans l’escalade actuelle. Je n’ai jamais vraiment fait l’expérience d’essayer un projet sur une très longue période. Je n’ai pas eu par exemple à abandonner temporairement un projet pour m’entraîner spécifiquement et revenir plus fort ensuite. La voie qui m’a pris le plus de temps jusqu’à présent, c’est Geocache. Elle m’a demandé 6 séances. Mais d’une manière générale, je pense que la clef pour réussir un projet, c’est de garder une attitude positive par rapport à la voie, par rapport aux chances de l’enchaîner.

Au regard de tes performances, tu me sembles être d’une grande adaptabilité. Tu as enchaîné Realization par exemple alors que c’était la 1ere fois que tu grimpais à Céüse ! Il y a beaucoup de grimpeurs qui auraient passé quelques séances à essayer différentes voies pour s’habituer au style, avant de s’attaquer à un projet de plus grande ampleur…

Oui, je suis bien adaptable aux différents styles de voies. C’est, je pense, une de mes qualités. Le Frankenjura est une bonne école pour ça. Il y a beaucoup de voies dures, avec peu de feintes, type lolottes ou crochets de talons. Du coup, ça oblige à adopter un style d’escalade très agressif, qui est justement celui dont j’ai besoin dans les voies dures. Et puis, j’ai naturellement de bonnes qualités d’endurance et de continuité. La combinaison des deux est parfaite pour faire des voies dures à Céüse, et dans pas mal d’autres endroits dans le Monde…

Photo Claudia Ziegler

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