Escalade et vieillissement : fort jusqu’à quel âge ? (2e partie)
Jusqu’à quel âge peut-on se maintenir en escalade ? C’est la question que nous avons abordé récemment sur La Fabrique Verticale. Dans le prolongement de cet article, voici le témoignage d’un bleausard, et non des moindres, Jo Montchaussé, 70 ans au compteur et encore à l’aise dans des traversées en 7B/C !
Quel âge as-tu ?
C’est une question qui agace généralement les femmes et les sportifs, mais gardons le sourire, j’ai 71 ans et 40 ans d’escalade derrière moi, et je n’ai pas vu le temps passer, grâce à l’escalade peut-être ?
Jusqu’à quel âge penses-tu que l’on puisse s’entraîner et être performant en bloc ?
Tout dépend de ce qu’on entend par performance, par exemple si on prend les temps d’un marathon, 2H 02 est la meilleure performance mondiale, elle a été réalisée par un athlète de 30 ans. 2H 36 mn, 3H et 3H 15 sont des temps que l’on pourrait qualifier de temps respectable, sympathique et anecdotique, mais quand ils correspondent à des temps réalisés respectivement à 60, 70 et 80 ans, il faut réviser son vocabulaire. Évidemment les relations entre les qualités d’un marathonien et d’un grimpeur sont plutôt minces, et la comparaison ne montre que la subjectivité de la notion de performance.
Pour un grimpeur, le vieillissement va concerner d’une part le psychisme (pourquoi risquer une blessure ?) Et d’autre part, les paramètres physiques : force, souplesse et récupération. Les 2 derniers éléments sont certainement les plus importants, car la force se maintient assez bien sauf quand elle doit être explosive. Par contre les problèmes articulaires aux doigts, épaules et hanches sont des handicaps qui peuvent être rédhibitoires. Et il est difficile de s’entraîner intensivement quand on récupère de plus en plus lentement.
Peux-tu me donner quelques noms de blocs durs que tu as encore faits récemment ?
A Fontainebleau, il y a de nombreux cinquantenaires ou sexagénaires qui sont très performants, ils sont peu connus car il est plus facile de les rencontrer au fin fond de la forêt que sur les réseaux sociaux, vu leur âge (sourires). Ces bleausards font encore couramment du 7 voire du 8 bloc.
Personnellement, je privilégie principalement les traversées, car je ne peux plus envisager de grandes chutes du haut du Toit du Cul de Chien ou de Duel. J’ai ouvert récemment avec des amis des traversées en 7b/7c, bien brutales et grimpé dans le V6 / V7 dans l’Ouest américain. Mais je ne suis ni fétichiste ni compulsif avec les cotations, ce qui compte c’est d’aller au bout de soi, avec style.
Sur quoi axes-tu principalement ton entraînement ?
Je m’entraîne peu car grimper régulièrement à Bleau est un entraînement en soi avec le plaisir en plus, grâce à la variété des préhensions fournissant une incroyable richesse de mouvements. En complément des 3 ou 4 séances d’escalade de la semaine, je fais du yoga pour grimpeurs, des exercices de gainage et de la slackline, en résumé, je taquine peu la résine.
As-tu dû modifier ton approche de la pratique et de l’entraînement avec l’âge ?
Le temps fait diminuer la hauteur des blocs que l’on tente et l’intensité des entraînements, mais autrement mon approche de l’escalade a peu évolué, car l’escalade a toujours été pour moi beaucoup plus une façon qualitative d’organiser son énergie, sa vie, qu’une simple activité physique quantifiable.
Avec le temps, je m’aperçois que l’intuition que j’avais à mes débuts a été confirmée, c’est plus souvent le plaisir qui peut donner la performance, que l’inverse. Concevoir l’escalade comme une culture, un jeu sans enjeu véritable, permet évidemment d’exprimer sa force et son intelligence physique, ce qui est très jouissif, mais aussi son imagination, sa créativité, sa curiosité et son sens des relations sociales, et là il n’y a pas de limites !
Joli témoignage ! Merci !
http://etxauriclimbing.com/novato-la-historia-de-francisco-marin-escalador-de-62-anos/
Encore une fois deux articles très intéressants, et qui permettent d’espérer de nombreuses années de pratique devant nous.
Dans son témoignage Jo Montchaussé dit pratiquer un yoga pour grimpeurs.
Pourriez-vous approfondir ce point?
En effet je suis intéressé par le yoga en complément de l’escalade.
Mais je ne parviens pas à trouver de cours, exercices, mouvements, postures (totalement novice en la matière je ne sais quel termes employer) qui iront dans la continuité d’un entraînement en escalade.
Merci d’avance.
Pour le yoga, et les exercices plus spécifiquement adaptés aux grimpeurs, il y a ce livre dont nous avions parlé : https://lafabriqueverticale.com/fr/yoga-et-escalade/ Malheureusement, il n’existe qu’en version italienne mais comme il est bien illustré, il peut déjà donner une idée des postures 😉
Vidéo à voir et à revoir:
Magnifique!
Très motivant, j’ai 59ans,j’ai repris l’escalade, pour l’instant en salle, après une absence de plus de 30 ans, 2 à 3 séances par semaine, je passe maintenant du 6a 6b,ce qui était mon niveau. A mon époque il n’y avait pas de salle, et je découvre les bienfaits du Block, et la possibilité de perfectionner ses mouvements, ma façon de grimper est plus technique et, je pense que si je suis épargné par les blessures, j’arriverai facilement à dépasser mon niveau d’il y a 30 ans. Reste à tester cela en falaise, je ne veux plus prendre les mêmes risques que dans ma jeunesse, mon objectif: du 5+ en tête et à vue, je ne peux qu’encourager tout ceux qui hésitent à reprendre, ou même à débuter sur le tard, si vous n’êtes pas en surpoid. La force revient assez facilement et la technique peut encore s’améliorer.
Je reviendrai sur ce forum à la fin de l’été pour vous faire part de la suite de mon expérience.
Bonne grimpe !
Bleauzard,
J’ai 75 ans, je grimpe depuis 50 ans, sans période d’arrêt. Je fais 2 entraînements en salle par semaine et grimpe assez régulièrement en falaise, niveau 5c-6a.L’essentiel n’est pas la difficulté mais la fluidité des mouvements.
Cordialement
J’ai 70 ans et je grimpe depuis 52 ans avec très peu d’arrêts de cette pratique dans ma vie.
En haute difficulté, j’ai calculé que j’ai fait plus de 150 km de verticale.
Pour moi c’est un plaisir et j’espère tenir encore bien des années!