Monodoigt : attention !
Le monodoigt est le symbole de la force brute dans toute sa splendeur ! Qui n’a pas en tête les images de Wolgang Güllich, s’entraînant en monodoigts et no foot, pour ce qui allait devenir le 1er 9a de l’histoire, Action directe ; ou plus proche de nous, de Jan Hojer et consorts faisant la planche en monodoigts. Oui, mais cette préhension n’est pas sans risques, en particulier pour les muscles lombricaux. Explications.
Les muscles lombricaux forment un ensemble de 4 petits muscles, situés dans la paume de la main, en prolongement de l’interstice situé entre chaque doigt. Ils sont relativement fragiles car sans attache osseuse, situés en diagonale entre le système fléchisseur et le système extenseur.
Ils jouent un rôle à la fois dans la flexion de la première phalange et dans l’extension des deuxième et troisième phalanges. Ce faisant, ils permettent un meilleur contrôle gestuel et une plus grande précision dans la saisie. Ils possèdent d’ailleurs de très nombreux récepteurs nerveux pour la régulation et l’adaptation des forces de préhension.
Lorsqu’on prend une prise en monodoigt tendu avec le majeur, la position est extrêmement défavorable aux muscles lombricaux, surtout si les autres doigts sont repliés, car cela provoque un étirement important. Les muscles lonbricaux s’insèrent sur les tendons fléchisseurs du majeur et de l’annulaire, il se produit donc un conflit lorsque le majeur est en extension tandis que l’annulaire est en flexion.
Il peut en résulter une déchirure, douloureuse et invalidante. Cette lésion est relativement peu courante en escalade, en tout cas peu recensée, peut-être du fait d’une sous-estimation de ce traumatisme par les grimpeurs et surtout du fait de la faible occurrence statistique des monodoigts par rapport aux autres préhensions dans la plupart des voies classiquement parcourues.
Attention toutefois si vous êtes un aficionado des falaises à trous, type Frankenjura, Buoux ou Margalef…, elles regorgent de monodoigts et sont donc plus propices à la survenue de déchirures des muscles lombricaux !
Symptômes
Une déchirure des muscles lombricaux se traduit par une douleur dans la paume de la main, très vive à la palpation, et une incapacité fonctionnelle. L’apparition est brutale, avec parfois un claquement audible. Un œdème et/ou un hématome peuvent survenir conjointement.
Conduite à tenir
L’arrêt immédiat de la pratique, le glaçage, une échographie et une consultation chez un médecin spécialiste de la main sont fortement conseillés dans un premier temps. Par la suite, le glaçage 3 par jour pendant une durée minimale de 7 jours peut permettre d’atténuer la douleur, dans l’attente d’une cicatrisation complète.
Traitement et temps d’arrêt
Le traitement préconisé pour la cicatrisation est le repos strict, pour une durée de 3 semaines à 1 mois, selon la gravité, avec immobilisation du doigt ou syndactylie (attache du doigt lésé au doigt voisin, à l’aide de strappal).
Prévention
Il est conseillé de modifier sa manière de saisir les monodoigts et d’éviter le plus possible de replier complètement les autres doigts dans le creux de la main, le pouce en arqué dessus, pour se donner plus de force. Dans la mesure du possible (mais cela va dépendre aussi de la profondeur et de l’orientation du mono…), il faut au contraire chercher à les garder tendus, plaqués contre le rocher.
D’une manière générale, dans la pratique courante, il est conseillé de privilégier les bidoigts aux monos quand cela est possible et de séparer le moins possible le majeur de l’annulaire.
Par ailleurs, le manque d’échauffement et une hydratation insuffisante sont la cause de bien des blessures en escalade (c’est vrai des déchirures des muscles lombricaux mais aussi de tout le reste : lésions de poulie, ténosynovites, etc…). Donc prenez le temps de vous échauffer convenablement et buvez régulièrement, tout au long de votre séance et après !
Étirements des muscles lombricaux
Il est important, pour éviter le raccourcissement de ces petits muscles et garder ainsi un bon contrôle gestuel, de les étirer régulièrement, à l’issue de chaque séance, doigt par doigt. Pour ce faire, placez la paume de votre main vers le haut et replier le doigt que vous souhaitez étirer vers l’intérieur de la main (au niveau de l’articulation IPP).
Avec votre autre main, saisissez votre doigt replié et ramenez-le en arrière et vers le bas, en exerçant une flexion de l’articulation métacarpo-phalangienne. Maintenez la position de 15 à 30 secondes et répétez l’étirement 6 fois par doigt.
Cela peut arriver plus facilement qu’on en le croit : un prise un peu petite, un mouvement un peu dynamique, les doigts qui se positionnent mal sur la prise, le majeur qui s’accroche et l’annulaire qui glisse… et hop belle déchirure !
Par contre j’ai du faire bien plus qu’un mois d’arrêt, la douleur revenait systématiquement dès que j’utilisais autre choses que des gros bacs.
Une illustration pour l’étirement ce serait pas mal…
Me suis fait la même blessure en faisant du pan Gullich, tri-doigts avec auriculaire et pouce replié pour plus de force, ma main qui glisse et l’annulaire qui se décolle, résultat : plus possible de prendre un tri-doigt en pliant l’auriculaire sous peine d’avoir l’annulaire en feu !
On peut simplement changer le type de préhension, et travailler la force du tri-doigt avec le petit doigt collé à l’annulaire, c’est plus difficile mais le gain de force se fait très bien aussi 🙂
Hop c’est fait 🙂
Merci !!
Début d’année j’ai réussi à me faire en poulie sur un bi-doigt, après rééducation et du repos,je remarque qu’il m’est impossible de plier l’auriculaire si le l’annulaire est partiellement tendue ( douleurs à la base de l’annulaire au niveau de la première articulation du doigts )
J’en reviens donc avec l’avis de Marie : »Cela peut arriver plus facilement qu’on en le croit »