Objectifs en escalade : on se décomplexe
Se fixer des défis, c’est bien. Mais trop souvent, une fois les gros efforts consentis à l’entraînement, les grimpeurs vivent dans l’angoisse de ne pas être à la hauteur de leurs objectifs. Ce sont pourtant eux qui les ont fixés. Atteindre une cotation, enchaîner un bloc, faire des croix pendant un séjour… Peut-être est-il nécessaire de revenir aux fondamentaux et au plaisir originel de grimper, qu’on ne devrait jamais perdre de vue ! Bref, on se décomplexe…
Choisissez des objectifs raisonnables
Beaucoup de grimpeurs rêvent de faire exploser la scorecard sur 8a.nu, d’enchaîner les 8b, 8c, 9a comme des perles, de progresser à chaque séance… Malheureusement, à moins d’être un grimpeur débutant, avec une énorme marge de progression, les degrés dans les cotations ne se franchisent pas si facilement…
De plus, la peur de mal faire peut devenir paralysante lorsque l’objectif annoncé manque un peu de mesure ou, pour tout dire, de modestie. Visualisez précisément le temps et l’énergie qui seront consacrés à la préparation de vos objectifs. Inutile de vouloir tout casser si le cocktail vie familiale/vie professionnelle contrarie le respect du plan d’entraînement. Choisissez des objectifs raisonnables…
Et apprenez à mieux vous connaître. Facile ? En apparence seulement. Repérez les périodes de l’année où vous êtes le plus performant, c’est-à-dire le plus disponible pour vous entraîner et maintenir une bonne hygiène de vie. Choisissez vos objectifs ! La voie ou le bloc qui vous fait envie et mettez le plus grand soin à le préparer (repérages, visualisation, entraînement spécifique). Le fait de tout mettre en œuvre vous donne toutes vos chances et désamorce le stress…
Combattez le sentiment de culpabilité…
Le mieux est souvent l’ennemi du bien. La peur de mal faire peut aussi s’insinuer lorsque la tête décrète que tout n’a pas été bien fait à l’entraînement. Que les quantités d’entraînement n’était pas assez importantes. De plus en plus souvent, les grimpeurs amateurs vivent leur passion comme des pros. Ils suivent des plans et des régimes, s’affutent, progressent et pourtant se sentent en-dessous de tout.
Parce que les modèles que véhiculent les médias escalade donnent l’impression que le 9a, c’est la norme. Que le 9a, c’est d’une effarante banalité. Que ceux qui n’y parviennent pas sont des nullos. Et que ceux qui y parviennent sont soit des génies qui n’ont pas besoin de s’entraîner (sic) soit des machines qui bourrinent 24h/24 a muerte. Il y a de quoi culpabiliser si vous vous laissez entraîner dans ce mode de pensée. Car peu de grimpeurs disposent d’autant de temps à consacrer à leur pratique favorite.
C’est le plaisir même de grimper qui risque de s’user si vous commencez à vous inscrire dans une telle logique. Pour combattre ce sentiment de culpabilité, commencez par l’identifier et évidemment faites-lui la peau. Le seul coupable est celui qui oublie d’où il vient. Souvenez-vous de votre première séance d’escalade… Et voyez où vous en êtes aujourd’hui !
Gardez le sens des priorités
Sauf erreur de notre part, grimper ne vous fait pas vivre. Ce n’est pas ça qui paie vos factures… Pourquoi, dès lors, accorder plus de place à l’escalade – respect d’un plan d’entraînement, réussite d’une voie… – qu’aux choses vraiment primordiales de l’existence (amis, famille, santé, carrière professionnelle…) ?
Une vie, qu’on la prenne un jour après l’autre ou dans sa globalité, ne peut se résumer en une succession de croix ou de séances à faire. Pas toujours simple d’être à la hauteur de ses objectifs. La pratique d’un sport aussi exigeant physiquement et mentalement que l’escalade permet certes de se blinder, de se préparer à mieux traverser les épreuves, de gagner en endurance et en détermination.
Mais ces atouts développés à l’entraînement ne doivent pas se transformer en faiblesses. Autrement dit, il est ridicule de polluer une existence déjà difficile à organiser avec des soucis qui n’en sont pas. Encore une fois, vous n’êtes pas un pro ! Garder le sens des priorités reste le meilleur moyen de gommer la peur de mal faire. L’escalade est certes importante (même pour les amateurs). Mais ce ne doit pas être au détriment du plaisir même de… grimper !
Très belle article, on oublie souvent l’essentiel.