Sécurité en escalade : du nouveau dans les relais !
Il y a quelques années de cela, lors d’un séjour en Croatie sur le très beau site de Paklenica, nous avions eu l’occasion de partager une voie avec une cordée tchèque. Pour être plus précis, la partie haute d’une voie, car si nos ascensions respectives avaient démarrées dans deux itinéraires distants d’une bonne cinquantaine de mètres, séparés par un pilier, nous les avions vu « débarquer » nos hôtes à un relais intermédiaire : après avoir perdu leur topo en fin de première longueur et erré quelques heures, ils retrouvaient là un repère à l’issu d’une traversée quelque peu hasardeuse, cusi cusi niveau sécurité…
Le couple était visiblement assez peu expérimenté et nous nous étions alors étonné qu’à l’assurage du leader, au demi-cabestan, le mousqueton soit directement posé sur le relais, plutôt que sur le pontet de l’assureur.
Nous sommes en effet habitués dans nos contrées à placer notre système d’assurage sur nous pour assurer le grimpeur en tête, y compris dans des voies de plusieurs longueurs. Cela ne va certes pas sans certains inconvénients, lorsque le leader vole, et surtout s’il est plus lourd que l’assureur, puisque ce dernier se retrouve alors parfois « éclaté » contre le relais. Bien sûr, dans ce cas de figure, le second doit faire en sorte d’être longé très long sous le point de renvoi de la corde, mais ce n’est pas toujours, ni confortable, ni tout simplement faisable. Bref.
La fin de voie avait été assez épique, car, si nos collègues nous avaient obligeamment laissé passer devant, nous avions dû ensuite nous initier aux joies du lancer de corde pour les sortir d’un mauvais pas…
Et c’est devant une bonne bière, un peu grande sans doute lorsqu’on est à jeun et quelque peu déshydraté, que nous les avions alors questionné sur cet usage particulier à l’assurage. : Eh bien point d’incompétence là-dedans. C’est comme cela que l’on faisait chez eux.
C’est au visionnage de cette vidéo proposée par le laboratoire de l’ENSA que cette anecdote est remontée : le propos y est de comparer les façons de constituer un relais, puis d’assurer un leader dans les régions orientales et occidentales de l’arc alpin.
L’équipe a procédé de façon rigoureuse et scientifique, en mesurant les effets d’une chute du leader sur différentes formes de relais, assuré avec le dispositif placé sur le harnais du second ou sur le relais. Et les premiers résultats présentés sont très instructifs, car ils montrent que dans certaines conditions, il vaut en effet mieux que l’assurage se fasse à partir d’un relais fixe, avec le dispositif d’assurage placé directement dessus.
Le clip est assez courte et très rythmé, ce qui impose parfois de faire des retours en arrière pour bien suivre. Mais ce travail témoigne bien qu’en terme de sécurité, il est parfois utile de remettre en question ses usages, que par habitude, on considère comme les meilleurs.
Très intéressant… C’est curieux, j’avais cette intuition quant à l’assurage direct sur le relais, mais jamais osé passer à l’acte. On va changer nos habitudes je pense…