Technique : comment faire un rétablissement en bloc ?
Le rétablissement (ou “réta” pour les intimes) fait partie des mouvements les plus insécurisants que l’on peut rencontrer en escalade. Le genre qui donne les mains moites et qui inquiète. Et pas seulement les débutants. Heureusement, pour franchir la lèvre d’un toit ou se hisser définitivement en haut d’un bloc, il y a des combines, que vous livre aujourd’hui La Fabrique Verticale !
Vous avez sans doute déjà entendu ces expressions dans la bouche de forts grimpeurs : “réta talon”, “réta truite” ou “réta piscine”, sans forcément saisir toutes les subtilités de l’affaire… Ce que vous avez noté, par contre, c’est qu’il n’est pas facile de se rétablir, les deux mains à plat en haut du bloc, sur des non prises. Dans ces cas-là, il faut savoir faire preuve d’ingéniosité. Mais aussi sérieusement pousser en triceps. Bref, préparez-vous à forcer comme des phacochères…
Dans les réta classiques, du type de ceux que l’on trouve à Fontainebleau par exemple, sortir un pied à la lèvre, en talon ou très haut en pointe, va permettre d’initier le mouvement. On tire alors sur la jambe et on s’enroule sur l’épaule. Attention à ne pas vouloir monter les mains trop loin sur le réta. Cela constitue une erreur classique et ne facilite pas le passage en triceps. Une autre clef, souvent efficace dans ce cas de figure, est de tourner l’autre main vers soi. Les doigts sont dirigés non plus vers le haut mais parallèle au rétablissement, voire vers le visage, pour faciliter la poussée en triceps et améliorer la transmission des forces. L’épaule est alors dans une position plus favorable pour agir.
Quelques règles de base pour les rétablissements
Savoir s’engager
Avant d’engager le mouvement, il va falloir vous conditionner mentalement. Le rétablissement est un mouvement relativement sans retour. Il faut s’engager à fond, y croire et accepter de progresser parfois lentement, cm par cm, dans une lente et pénible reptation. En particulier dans ce qu’on appelle les “réta truite”, où on rétablit à plat ventre dans une dalle et où tout le corps, en appui sur le rocher, progresse par petits à-coups. D’où son nom, car il évoque les mouvements désordonnés du poisson qu’on vient de pêcher. Une fois engagé dans un scénario de ce type, il n’y pas de place pour l’hésitation… La confiance et la détermination sont de mise. À éviter, en tout état de cause, en short ou torse nu !
Placer un pied haut
Au départ d’un réta, quand vous avez les deux mains ou une des mains au-dessus, il s’agit généralement de trouver un pied, le plus haut possible, idéalement sur la lèvre, en talon. Le plus haut vous allez placer le pied, le plus haut vous pourrez transférer du poids et vous élever au-dessus du réta, ce qui est l’objectif final. L’idée étant d’amener le centre de gravité le plus haut possible. Tout le poids va passer sur ce pied, pour pouvoir plus facilement basculer en appui et vous repousser en triceps. À mesure que le corps s’élève, on repasse alors en pointe, pour finir la poussée.
Il n’est pas interdit de mettre un genou, si vous manquez de souplesse, mais considérez plutôt ceci comme une étape intermédiaire avant la montée de pied. La friction est en effet moins bonne et surtout vous ne pourrez pas pousser dessus pour vous rétablir…
Penser à la magnésie
N’hésitez pas à prendre beaucoup de magnésie avant d’engager le mouvement. Et pensez notamment à bien assécher la paume de vos mains, pas seulement le bout de vos doigts. C’est en effet les paumes qui vont être en appui durant toute la durée du rétablissement. Et vous aurez besoin de ressentir une bonne friction !
Penser à la parade
Si vous êtes en extérieur, examinez attentivement la zone de chute. Disposez autant de crashpads que nécessaire et soyez attentif à la parade. Les chutes lors des rétablissements peuvent en effet être assez spectaculaires. Elles génèrent des positions de corps potentiellement dangereuses à l’atterrissage. Sur l’image qui suit, par exemple, les grimpeurs sont nombreux à la parade mais peu sont susceptibles de réellement bien accompagner le grimpeur dans sa chute. Voir ici un article complet sur ce thème.
Faire le tour
Quand c’est possible, faire le tour du bloc et aller inspecter le rétablissement d’en haut est souvent salutaire. En extérieur ça permet d’une part de nettoyer des éventuelles feuilles ou brindilles susceptibles de l’encombrer. Et d’autre part de repérer les prises potentiellement utilisables.
Le cas particulier des rétas après un toit
Quand vous débouchez d’une zone très déversante ou d’un toit et que vous cherchez à vous rétablir dans une dalle, il n’est pas rare que vous vous trouviez bloqué avec une jambe plaquée sous le réta. Vous avez talonné, tiré sur les bras pour faire monter le corps et repasser en appui de main pour vous repousser en triceps. Mais votre jambe libre vous empêche de faire monter le bassin au-dessus du réta. Pour éviter cette situation désagréable, repliez la jambe libre en arrière. Effectuez des petits mouvements de replié pour vous donner de l’élan et permettre au bassin de passer l’angle du réta.
D’une manière générale, soyez confiant et inventifs. Et sans complexe !
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[…] les triceps, avant de les solliciter dans le geste. L’idéal pour progresser dans les rétablissements […]