Test du harnais Whisper Petzl : en montagne avec Léo Billon
Le murmure du vent demeure le seul bruit que l’on perçoit lorsqu’on s’élève vers les sommets. Et c’est dans cet esprit de légèreté et de performance que Petzl a conçu le dernier né de sa gamme : le harnais Whisper. Pour ce test grandeur nature, La Fabrique verticale eu la chance de partager une journée en montagne avec Léo Billon, star montante de l’alpinisme, pour une immersion en conditions réelles, dans le Massif du Mont-Blanc.
En ce matin radieux de juillet, c’est à deux pas du Grand Capucin, vers la Chandelle du Tacul, que nos pas se dirigent. Grimpeurs de longue date, à La Fabrique verticale, nous sommes beaucoup plus falaisistes qu’alpinistes. Et pour tester le dernier né de la gamme Petzl, le harnais Whisper, nous sommes guidés par un alpiniste de renom, Léo Billon, qui a gentiment accepté de partager avec nous cette journée en montagne.
Nous lui en sommes particulièrement reconnaissants, surtout qu’en ce mois de juillet capricieux trouver une fenêtre météo favorable n’est pas chose aisée. Et Léo attend lui aussi le créneau opportun pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur, libérer la voie Lafaille aux Drus. Une performance qu’il réalisera d’ailleurs quelques jours plus tard, avec son comparse Enzo Oddo.
Ouverte en solo hivernal en 8 jours en 2001 par Jean-Christophe Lafaille, cette voie d’artif’ flirtant avec le A5 raye les 1000m de la Face Ouest des Drus. Du 5 au 7 août, Léo Billon et Enzo Oddo en feront l’ascension entièrement en libre en version blitzkrieg, résolvant des difficultés allant jusqu’au 8b+, dans une ascension particulièrement exigeante et soutenue. Chapeau bas !
Encordés avec Léo Billon
En ce matin de juillet donc, plus modeste est la mission du caporal-chef Léo Billon, membre du prestigieux Groupe militaire de haute montagne (GMHM), dont la vocation est précisément d’imaginer des ascensions audacieuses et d’ouvrir des premières marquantes. Pour l’heure, il s’agit juste de guider La Fabrique verticale. Et nous nous dirigeons tranquillement vers la Chandelle du Tacul pour faire Ligne blanche (ED+, 200m, 7b max, 6b obligatoire, altitude 3450m-3650m).
C’est un itinéraire que nous avons choisi de concert avec Léo dans une logique d’escalade plaisir, en face sud, sur le granit incomparable du massif du Mont-Blanc. Pas trop long, il nécessite toutefois une marche d’approche sur glacier. Et comporte des longueurs techniques, où il faut quand même “grimper” 😉 Plus bien sûr une descente en rappel. L’idéal pour tester le nouveau harnais Whisper dans ses conditions réelles d’utilisation. À savoir celles pour lesquelles il a été conçu, l’alpinisme !
Un poids plume qui se fait oublier
Dès la prise en main, le Whisper Petzl surprend par son poids. Avec seulement 140g en taille XS et 170g en taille M, il se positionne comme l’un des harnais les plus légers et les plus compacts du marché. Qui plus est avec une housse mini mini. Nous nous en étions déjà aperçus ce printemps en l’utilisant en falaise. Oui, je sais, nous ne sommes pas très disciplinés. Le Whisper, c’est évidemment plus un harnais d’alpinisme que d’escalade à proprement parler. Mais nous n’avons pas résisté à la tentation de grimper avec 😉
Cette petite incartade nous a permis de prendre conscience du peu de place que prend le harnais dans le sac à dos. Pour la falaise, c’est certes peu déterminant… Encore que ! Mais pour l’alpinisme, c’est un aspect indispensable à prendre en considération. Nous avons pu aussi prendre toute la mesure de la légèreté du Whisper. Une véritable prouesse technique, qui est le résultat de l’utilisation de la technologie Matryx®, un tissu innovant composé de fils de polyéthylène haute densité et de polyamide. Cette construction, en plus de réduire drastiquement le poids, offre une respirabilité exceptionnelle.
Dans Ligne blanche, Léo Billon nous a confirmé que le harnais se faisait “littéralement oublier” en grimpant, permettant une totale liberté de mouvement, cruciale pour les passages les plus techniques. Nous avons d’ailleurs eu le même ressenti que lui dans la L4, une arête fuyante en 7b, que nous avons pu confortablement flasher en second. Ahhh, qu’il est plaisant de grimper avec le Whisper de Petzl sans se poser de questions. Et que c’est reposant pour l’esprit de jouer les Monchûs !
Whisper Petzl : un confort sans compromis
Habituellement, un harnais ultraléger peut avoir tendance à sacrifier le confort et les fonctionnalités. Le Whisper, lui, place la barre très haut. La ceinture et les tours de cuisse sont si fins et souples qu’ils épousent parfaitement le corps sans créer de points de pression. Un peu à la manière du Sitta première génération… Mais en sautant encore un cran dans le confort. On n’aurait jamais cru ça possible !
Mais le fait est que la construction Matryx® Technology permet un léger rembourrage sur des zones spécifiques, ce qui accroit encore le confort et le maintien. Une impression qui s’est vérifié toute au long de la course, aussi bien lors des phases d’escalade que dans les phases de suspension (en rappel ou au relais). Et que l’on a aussi pu expérimenter aussi lors de la marche d’approche et le retour à la pointe Helbronner avec le sac sur le dos.
Concrètement, la construction Matryx® allie une chaîne en polyéthylène haute densité PEHD pour une répartition idéale de la charge, des monofilaments en polyester, des fils en polyamide haute densité et des fils de confort en viscose pour un léger rembourrage. Evidemment, inutile de connaître par le menu tout le détail de cette technologie embarquée pour apprécier le tissu. Incroyablement fin et souple, il se borne fidèlement à suivre vos mouvements.
Quid des fonctionnalités ?
Côté équipement et accessoirisation, le Whisper, quoique minimaliste, s’avère efficace. Il est doté de cinq porte-matériel au total. Tout d’abord, deux très grands et rigides à l’avant, qui peuvent accueillir beaucoup de matériel. C’est-à-dire tout ce qui est nécessaire en alpinisme. Notamment coinceurs et friends, en plus des dégaines. Même si Léo, nous avons pu le constater, n’est pas du genre à surprotéger les longueurs ;-).
Un friend tous les 10 mètres dans la L5… Ouch, ça pique quand même ! Une fissure large en 6c+ pas extrême en soi, mais complètement dégoulinante du fait de la météo fluctuante du mois de juillet. Là encore, bien contents d’être en seconds tels les clients de base, en le voyant remonter son unique friend numéro 3 et renfougner dans la neige en haut de la longueur 😉 Derrière, c’est joie bonheur avec l’eau qui coule dans les manches. Mais finalement happy face en arrivant tant bien que mal au relais.
Le Whisper Petzl possède aussi deux plus petits porte-matériel à l’arrière, conçus pour ne pas gêner le port du sac à dos. Un cinquième porte-matériel flexible est également présent à l’arrière. On peut y placer une corde de hissage par exemple. Petzl a même pensé à intégrer deux passants pour porte-outils Caritool, un accessoire astucieux pour l’alpinisme et la glace qui permet d’accéder rapidement aux broches, pitons et autres coinceurs câblés. Une fonctionnalité que nous n’avons pas testé à la Chandelle du Tacul.
Whisper Petzl : le verdict une fois redescendus dans la Vallée
De retour à Chamonix, nous voici confortablement installés en terrasse du Shouka, anciennement “Le Choucas”, un bar emblématique des années 80-90. Nous dégustons un cheesecake bien mérité et devisons sur les points forts et points faibles du Whisper. Nous tombons d’emblée d’accord sur la légèreté, la compacité et le confort. Et repensons aux bons moments passés en montagne.
Nous apprécions la finesse des élastiques qui relient les cuisses à la ceinture et la simplicité du réglage. Plus la petitesse de la boucle de serrage à la ceinture et la finesse de la sangle de réglage, qui comporte des crans pour un surcroît de sécurité. Là encore comme sur les anciens Sitta. Bref, le produit est bien fini. Et tout est bien qui finit bien pour nous !
Hormis une couture qui a tendance à piquer le ventre si on porte le harnais torse nu en falaise (sur une petite sangle blanche située sous le pontet), on ne voit pas trop de défaut à ce produit ! Mais encore une fois, le Whisper vise plus le segment de l’alpinisme que celui de la falaise… Donc peu de chances de se balader torse nu en montagne. Sauf si le réchauffement climatique devient encore plus dramatique que celui qu’on constate aujourd’hui…
Une durabilité à l’épreuve des cimes et du temps
Malgré sa légèreté extrême, la durabilité du Whisper est un point fort. Les points d’encordement, les sangles et les porte-matériels sont renforcés en PEHD pour une résistance accrue à l’abrasion et aux frottements. Léo Billon, après plusieurs mois d’utilisation dans ses projets, nous a confirmé qu’il avait noté une excellente résistance du tissu, prouvant que ce harnais est compatible avec les exigences du très haut niveau en montagne.
De notre côté, nous l’avons utilisé régulièrement en falaise depuis ce printemps, dans des voies d’une ou plusieurs longueurs, dans une logique de performance. Grosso modo entre le 7c et le 8b+. Remis de nos pépins physiques, nous avons réussi à dégager du temps pour grimper dehors. Verdict après plusieurs mois d’utilisation : la couleur blanche du harnais est certes un peu ternie et le flocage du nom du modèle a eu tendance à partir. Mais le tissu extérieur a bien résisté à l’abrasion.
En résumé, ce test grandeur nature du harnais Whisper Petzl avec Léo Billon nous a prouvé que ce nouveau modèle de la marque iséroise est un équipement de choix, alliant minimalisme et fiabilité pour répondre aux exigences des ascensions les plus techniques. Quand l’alpinisme de demain rencontre la légèreté ultime !
Photos coll. La Fabrique verticale, coll. Léo Billon et l’excellent blog Yann Crackaddict 😉
