Adam Ondra : « En termes de blessures, j’ai été chanceux »
Une longue interview d’Adam Ondra est parue en mai dans Climbing. Le prodige tchèque a décidé cette année de revenir à ses premières amours, c’est-à-dire les voies dures en falaise. Il revient sur son expérience en compétition et sur ce que cela lui a apporté en escalade. Il évoque aussi son entraînement et la gestion des blessures. Plusieurs passages, très inspirants, ont retenu notre attention à La Fabrique Verticale. Extraits.
Combien de temps consacres-tu à un projet avant de laisser tomber ?
Il n’y a pas de limite. Tant que je me fais plaisir, je continue à l’essayer. Ça n’aurait pas de sens de faire un planning. Chaque voie est différente. Travailler une voie est un processus intéressant en soi, parce que les premières semaines, vous faites toujours des progrès dans la voie. Vous optimisez la voie et allez de plus en plus haut. Mais après ça, ça devient plus compliqué. Vous commencez à tomber plus bas et ça devient dur de vous motiver. Il arrive un moment où vous vous dites : “Ok, je suis mort. J’ai besoin de rentrer à la maison et de revenir régénéré, avec plus de force, plus de motivation et peut-être de meilleures conditions.”
C’est l’approche que j’ai eu sur plusieurs voies, en particulier pour la Dura dura. Je suis venu l’essayer en Espagne au cours de 5 voyages successifs et à chaque fois, j’étais plus fort mais quand je reprenais la route pour rentrer chez moi je me disais : “Ok je suis plus fort mais probablement pas encore assez !”. Il n’y a que lors du dernier voyage, lorsque j’ai essayé la voie le premier jour que je me suis dit “Sur ce voyage, je vais enchaîner la voie”. Et en effet, une semaine plus tard, j’avais fait la croix.
As-tu déjà eu des blessures importantes ?
En termes de blessures, j’ai été chanceux. Je n’ai jamais dû m’arrêter plus de 5 à 7 jours. Quand je ressens une douleur, je fais en sorte de ne pas tirer outre mesure sur la machine. Je prends deux ou trois jours de repos et j’observe comment ça évolue. En général, ça marche. Je pense que la pire chose à faire dans ces cas-là est de continuer à grimper et à s’entraîner. C’est alors qu’un petit pépin peut devenir sérieux.
C’est étrange parce que quand j’avais 7 ou 8 ans, les gens sur internet prévoyaient que j’allais être obligé de m’arrêter quelques années plus tard parce que mes doigts ne seraient plus en état de faire quoi que ce soit. Et bien sûr cela aurait pu m’arriver. Mais je pense que le fait d’avoir démarré tôt m’aide à éviter les blessures, parce que mon niveau s’est élevé graduellement. Cela m’a pris des années de faire des voies dures, alors mes tendons se sont adaptés à ce stress. Cela dépend vraiment de la manière dont vous grimpez jeune. Pour ma part, je n’ai jamais fait de Pan Güllich ou d’entraînement particulier à cette époque. Jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans, je me suis contenté de grimper.
(ndrl : Le ressenti d’Adam Ondra sur ce point n’est pas sans rappeler les mises en garde dont nous vous avons fait part à La Fabrique Verticale 😉
Comment t’entraînais-tu avant d’avoir un coach ?
Bon, j’ai toujours été individualiste. Je détestais que mes parents me disent ce que j’avais à faire. Ils ne m’ont jamais coaché. Selon moi, ce n’est pas une bonne chose que les parents soient aussi les coaches de leurs enfants. C’est dangereux. Cela peut créer une tension que l’on voit chez de nombreux jeunes et qui n’est pas très positive.
Quand j’étais jeune, je n’aurais pas aimé que mes parents me disent quelle voie faire. Avant de partir en trip, j’épluchais le topo et je savais quelle voie j’allais essayer. Je n’avais pas besoin qu’on me donne des conseils. Même chose pour l’entraînement. Déjà, à l’âge de 8 ans, j’expérimentais la manière de m’entraîner et je regardais ce qui fonctionnait le mieux. Jusqu’à l’âge de 20 ans, j’ai fait comme ça. Ça a toujours bien marché. J’ai même été capable d’enchaîner Change, 9b+, en m’entraînant de cette manière.
Photo © Henning Wang
Cette interview a été réalisée par Chris Noble, elle est à lire en intégralité sur le site du magazine américain Climbing
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[…] même jusqu’à participer à la vitesse, une discipline qu’il déteste. Il n’empêche qu’Adam Ondra est considéré par la majorité comme le meilleur grimpeur du monde. Et de fait, il reste le seul […]