Comment chasser les pensées parasites en escalade
Lorsque nous grimpons (et dans de nombreux autres domaines de la vie) peuvent surgir des pensées et des émotions que nous ne pouvons pas contrôler. Elles jaillissent à l’improviste et commencent à accaparer notre esprit. Nous perdons notre concentration et la performance s’en ressent. C’est ce que l’on appelle couramment les pensées parasites. Alors, comment les chasser ou plutôt les gérer au mieux ?
Vous avez noté comme, parfois, vous échouez à vous focaliser sur votre escalade ? Beaucoup de pensées et d’émotions inutiles vous submergent. Et comme par hasard, c’est toujours dans un contexte où l’enjeu est important pour vous. Compétitions, essais dans un projet, confrontation avec d’autres grimpeurs… Ces pensées parasites impactent vos performances et même le plaisir que vous éprouvez à grimper.
Vous voulez quelques exemples ? Pêle mêle :
- “J’ai peur, je suis loin au-dessus du point, je vais tomber”.
- “Je ne tiens pas les prises aujourd’hui, je suis vraiment nul”.
- “Décidément je ne comprends rien dans ce style d’escalade (dalle, dévers, jetés, coordo, etc)”.
- “Je n’ai aucune sensation avec ces nouveaux chaussons”
- “Je suis trop gros, il faut vraiment que je fasse quelque chose”
- “Ils sont tous plus forts que moi, je vais me prendre une belle rouste !”
- ….
Vous vous reconnaissez ? Alors que faire ?
S’il est bien évident que l’on ne peut pas contrôler ses propres pensées (essayez de ne pas penser à un ours blanc par exemple pour voir ;-), il existe toutefois des techniques pour gérer ces pensées parasites et faire avec. Car vous pouvez les mettre à distance, éviter de fusionner avec elles. Par exemple, vous n’êtes pas l’ours blanc de l’image qui s’est immanquablement formée dans votre esprit en lisant les lignes précédentes 😉
En d’autres termes, vous n’êtes pas vos pensées. Et ça, c’est une bonne nouvelle ! En outre, vos pensées sont transitoires, fugaces. Donc, elles peuvent repartir comme elles sont venues. C’est pourquoi les préparateurs mentaux des sportifs conseillent de les imaginer comme des nuages qui traversent le ciel ou comme des ballons qu’on laisse s’envoler. Vive la visualisation 😉
Quelle attitude adopter face aux pensées parasites ?
Tout d’abord, une bonne approche peut déjà consister à se recentrer sur le moment présent. Souvent, c’est une bonne façon de revenir l’escalade, aux actions qu’on a précisément à faire pour enchainer la voie ou le bloc qu’on est en train d’essayer. Et surtout en restant dans une optique d’acception et de non-jugement par rapport à son état mental du moment.
En bref, il vaut mieux ne pas chercher à chasser la pensée ou l’émotion parasite qui nous traverse mais seulement lui donner l’importance qu’elle mérite. Ni plus ni moins. Si vous parvenez à “taguer” la perturbation, à lui donner un petit nom (idéalement sur le mode de la dérision) à vous parviendrez plus facilement à retrouver votre concentration, à mettre votre anxiété ou votre négativité à distance. Il ne s’agit pas de refouler vos pensées négatives, mais de leur donner rendez-vous plus tard, quand vous, vous l’avez décidé !
En quelque sorte, il s’agit d’un désamorçage. “Ah, te voilà, toi ! Ça faisait longtemps 😉 Merci de te manifester, on se voit après l’escalade, ok ?”. La pensée est prise en compte mais prise compte également la nécessité de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire l’instant présent, et donc, en l’occurrence l’escalade ! En changeant la façon dont nous nous rapportons aux pensées parasites, nous réduisons leur impact. Et devenons plus forts.
Pensées parasites : quelques exercices de dispersion
Voici quelques-unes des techniques de dispersion disponibles. Toutes ne vous conviendront pas forcément. Testez-les et choisissez celles qui vous plaisent le plus ! Et n’hésitez pas à vous faire part de vos techniques dans les commentaires 😉
Constater
Lorsque vous prenez conscience qu’une pensée inutile à ce moment précis vient de s’imposer à votre esprit, dites-vous simplement “je constate que je pense à…”, puis revenez à ce que vous voulez faire.
Remercier son esprit pour ces pensées parasites
Chaque fois qu’une pensée inutile se présente, remerciez votre esprit pour cette pensée subtile, pour sa créativité ou son originalité. Car un peu d’ironie ne nuit jamais 😉 Et le fait est que votre cerveau est fiable, il continue à travailler en arrière-plan pour vous.
Toujours la même histoire
Dans le cas de pensées récurrentes, comme celles listées ci-dessus qui ne vous aident vraiment pas, dites-vous simplement que c’est toujours la même vieille histoire qui revient. Par exemple, comme si c’était un radotage ou un mauvais film : “Tiens, voici encore ce scénario vu et revu”.
Voix ou chant stupide
Pour mettre à distance une pensée parasite, rien de tel que la répéter plusieurs fois dans votre tête (ou à voix haute) avec une voix ridicule. Mieux : chantez-la ! Car il y a fort à parier que cela lui fera perdre de son pouvoir.
Le conducteur de bus
Imaginez que que vous conduisez un bus, rempli de passagers, qui sont vos pensées. Leur bavardage incessant ne vous empêche pas de conduire, laissez-les vivre leur vie et vous, concentrez-vous pour conduire le bus à destination.
Feuilles flottant sur la rivière
Enfin, voici un grand classique de la méditation : vous imaginez une rivière avec des feuilles flottant en surface. Vous prenez chacune de vos pensées parasites et vous les déposez délicatement sur une feuille. Il n’y a plus qu’à laisser faire le courant et les regarder s’éloigner paisiblement. Une variante du ballon qui s’envole ou du nuage qui passe dans le ciel 😉