Escalade en salle : quel est l’état du marché ?
Dans quelques mois, l’escalade fera un grand bond en avant. Avec son entrée dans les disciplines olympiques aux Jeux de Tokyo 2020 ! De plus, avec la prolifération des murs, notre sport est devenu tendance. Notamment auprès des jeunes urbains et en particulier des consultants, comme s’en faisait récemment l’écho la radio France Inter. Alors, escalade en salle : quel est l’état du marché ?
Il semblerait que l’ escalade soit à la mode. Effectivement, avec le boom des salles, l’introduction de la discipline dans le programme olympique, l’essor des grimpeurs professionnels sur les réseaux sociaux et la diffusion auprès du grand public de films comme The Dawn Wall ou Free Solo sur des plate-formes telles que Netflix, tout concourt à la popularisation de l’escalade.
Comment quantifier la santé actuelle de l’escalade en salle ?
Bien sûr, il est difficile de répondre objectivement à cette question. Cependant l’American Alpine Club (AAC), en association avec plus d’une douzaine d’organisations, s’est penché dessus. Finalement, l’ACC a présenté le premier rapport sur l’état de l’ escalade en salle. C’est-à-dire un regard à 360° sur la communauté américaine de l’escalade et sur son impact sur le marché.
Ainsi, ce rapport a été publié au début de l’été 2019. Il a le mérite de donner une vue globale sur l’évolution de l’escalade aux États-Unis. Certes, le marché américain variera par rapport au marché européen. En particulier en termes de pratiquants, de nombre de salles, de contexte économique et social. Mais au moins c’est un premier panorama.
Quoi qu’il en soit, dans ce rapport de 44 pages, on trouvera des données démographiques ventilées, des informations sur les compétitions, un rapport économique, politique et promotionnel, la conservation des espaces et les accidents. En bref, voici ce qui en ressort.
Escalade en salle, données chiffrées
- En 2014, il y avait 7,7 millions de pratiquants aux États-Unis. Soit 6% de plus que l’année précédente
- Depuis 2018, 4,4% des Américains pratique l’ escalade en salle
- 65% de ces grimpeurs ont entre 18 et 35 ans.
- Les grimpeurs de salle représentent 52% de la communauté d’escalade totale
- L’ensemble de l’industrie liée à l’escalade (entreprises de matériel et/ou de vêtements, murs d’escalade, etc.) a contribué à hauteur de 12,45 milliards de dollars à l’économie en 2017
- Aux États-Unis, seulement 0,007% d’accidents ont été signalés pour 1 000 heures d’activité. Par rapport au CrossFit, par exemple, avec 2,3 blessures par 1000 heures d’entraînement, l’ escalade en salle a un taux de blessures extrêmement faible.
Chiffres, vous en voulez encore ?
- Depuis 2019 la chaîne de sport ESPN réalise la couverture télévisée des compétitions d’escalade du Championnat National. Au cours de la saison 2018/2019, un total de 300 compétitions de différents types (local, régional et national) ont été organisées.
- En 2019, 478 murs d’escalade commerciaux fonctionnaient aux États-Unis et 95 au Canada. Ce chiffre était d’environ 400 salles privées aux États-Unis en 2016.
- Les revenus provenant des entrées en salle privée aux États-Unis se sont élevés à 873 millions de dollars au cours de la dernière année.
Sans aucun doute, ces chiffres démontrent le grand boom de l’industrie et des pratiquants. Le rapport complet peut être téléchargé sur la page AAC .
Escalade en salle : développement à grande échelle
L’un des piliers de cette évolution a évidemment été le développement à grande échelle des salles privées et des réseaux de franchise. D’ailleurs, on observe également un changement de mentalité de la clientèle. Le grimpeur urbain souhaite aussi disposer d’un espace fitness à la salle, et de bien d’autres aménagements et services à forte valeur ajoutée (sauna, yoga, bar, restaurant…).
Somme toute, en tant que communauté, l’ escalade en salle attire un public à la recherche de beaucoup plus qu’un simple mur. Du coup, les réseaux capables de proposer un concept abouti se développent. Un seul exemple : deux grandes chaînes de murs d’escalade américains, Earth Treks (Maryland, fondée en 1990) et Planet Granite (Californie, fondée en 1994) ont fusionné en 2018, devenant El Cap.
El Cap, le géant américain
Ainsi cette nouvelle société emploie 700 salariés, compte 2 millions de clients par an et propose avec toutes ses franchises près de 24 000 mètres carrés évolutifs. À cet égard, elle est actuellement la plus importante opératrice pour l’ escalade en salle aux États-Unis.
Tout bien pesé, l’activité El Cap ne semble pas avoir de limite pour le moment. Comme en témoigne le rachat de Movement Climbing + Fitness, avec 16 installations majeures proposées par le groupe El Cap aux États-Unis. El Cap possède également la plus grande salle des US, à Englewoods, Colorado, avec 500 voies.
Je pratique l’escalade de haut niveau depuis l’age de 18 ans et j’en ai 70!
Pour moi qui gravit encore des voies de haut niveau, l’escalade n’est pas un sport de compétition mais, plus qu’un sport, un art. je n’ai jamais pratiqué l’escalade comme une compétition, si ce n’est compétition avec moi même. La voir prendre ce tournant, le tournant du sport fric qui pollue tout, est un crève cœur. Je ne me reconnais pas dans ce stupide enthousiasme pour ce qui est en fait une dégradation d’une activité noble s’il en fut!
Bonjour Godinot,
Grimper à 70 ans, je ne peux que vous féliciter ; j’en ai 45 et espère vraiment continuer aussi longtemps que vous !
Je pense qu’il faut considérer l’escalade en salle comme un nouveau sport, et non comme une évolution de l’escalade « traditionnelle ». Les mouvements mais aussi les préhensions proposés en salle sont en grande partie introuvables en extérieur. La où un jeté est un dernier recours en falaise (caractère aléatoire du mouvement oblige), c’est une finalité en salle. Tout comme le « no foot », que ces néo-grimpeurs affectionnent particulièrement.
L’escalade sur rocher naturel restera toujours un art, et l’escalade en salle continuera à ressembler de plus en plus à du parkour.
En France, quand on suit un tant soit peu la croissance d’Arkose avec le rachat de MurMur, on se dit que la crise est bien loin de l’escalade…
Bonjour, merci pour votre article de qualité. Savez-vous s’il existe un rapport similaire à celui de l’AAC mais sur le marché de l’escalade en France ou d’autres ressources sur l’évolution de ce marché ?
Merci à toute l’équipe pour vos super contenus et article
Bonjour Guillaume,
Renseignements pris auprès de l’Union Sports et cycle, qui réalise beaucoup d’études de ce type, il y a peu d’études françaises récentes en la matière. Toutefois, ils ont quelques indicateurs et voici les retours qu’ils nous ont faits sur la reprise du secteur : « le secteur des salles privées est l’un des rares secteurs (avec le Padel) à voir son CA en augmentation sur les 8 derniers mois (Vs 2019). Celui-ci est en hausse de +2% depuis la reprise (alors que les loisirs sportifs accusent une baisse globale de 23% ). Un constat extrêmement positif par rapport aux autres pratiques indoor et au contexte anxiogène depuis la rentrée de septembre. Même si sur les deux derniers mois le secteur a marqué le pas avec l’extrême contagiosité du variant Omnicron (-10% de fréquentation en moyenne sur décembre et janvier), la dynamique reste bonne et nous pouvons être très optimistes sur un retour rapide des pratiquants dans nos infrastructures. »
Attention néanmoins car certaines salles en France sont plus impactées par la crise que d’autres. A ce titre les grandes métropoles demeurent plus dynamiques que les villes moyennes.