Grimpeurs, êtes-vous doués pour l’escalade ?

alban levier
Quelle est votre spécialité ? Perfez vous plus en bloc, en voie, en vitesse ? Êtes-vous plutôt ATP ou plutôt lactate ? Quand on choisit de pratiquer une des disciplines de l’escalade, c’est d’abord par goût.
Quant au niveau que l’on atteindra… Il dépend d’énormément de paramètres : facteurs environnementaux et matériels (conditions de pratique, formes d’entraînement, contraintes d’ordre professionnelles ou familiales…), facteurs mentaux ou cognitifs (motivation, opiniâtreté, stratégie…), qualités motrices et physiques…

Sur la très grande majorité de ceux-ci, il nous est possible d’agir. Et même notre bagage génétique, quoique déterminé, n’est pas une limite absolue, comme le démontrent les nombreux progrès réalisés en épigénétique ces dernières années.

Difficile en définitive de déterminer dans quelles proportions intervient notre patrimoine génétique dans la réussite. Alors, doué ou pas doué ?

Génome, oh mon génome…

Percer les secrets de l’ADN a constitué un des enjeux majeurs de la recherche génétique des 30 dernières années. Le projet génome, qui s’est étalé de 1990 à 2003 a ainsi abouti au séquençage complet de celui-ci. Le projet ENCODE qui a embrayé directement porte quant à lui sur les aspects fonctionnels du génome. Mais quid du sport et de la varappe ?

ACTN3

Dans le domaine sportif, le gène ACTN3 est un des marqueurs qui est le plus étudié. En effet, ce gène est responsable de l’encodage d’une protéine, l’alpha-actinine-3 (à ne pas confondre avec l’actine) que l’on trouve dans nos fibres musculaires, en particulier rapides.

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Ce gène possède plusieurs variantes, ou allèles. Mais, pour faire simple, il se trouve que l’allèle RR est particulièrement présente dans les muscles des athlètes d’élite dans des disciplines de sprint ou de force.

Bon, rassurez-vous, les personnes ne possédant pas la variante RR (une grande partie de la population), ne sont pas pour autant malades : leurs fibres rapides ont acquis des capacités supérieures en « endurance ».

ACTN3 et escalade

La tentation était donc grande pour les chercheurs de vérifier si dans le monde de l’escalade, on retrouvait les mêmes distinctions entre disciplines. Avec peut-être la perspective d’avoir un indicateur qui pourrait aider à la détection des athlètes de demain.

Michal Ginszt (Université de Lublin, Pologne) et son équipe ont donc déterminé la fréquence de distribution des génotypes ACTN3 parmi des grimpeurs d’élite en difficulté et en bloc. Au total, c’est 100 grimpeurs de haut niveau (polonais, russes et autrichiens) qui ont été comparés à une population de sédentaire.

escalade-difficulté

Et bien, conformément à ce qui a été observé dans les autres sports, la distribution du génotype ACTN3 RR est significativement plus forte chez les bloqueurs que chez les « diffeurs ».

Conclusion : la présence de ce génotype pourrait expliquer – en partie – une forme de prédisposition à cette pratique.

Les perspectives

Comme dit au début de l’article, la présence de ce gène n’explique pas tout, loin de là !

Car, même en bloc, où nous exprimons des niveaux de force élevés, la réussite est aussi affaire de gestuelle, de coordination, d’équilibre. Et ça, cela s’apprend et se perfectionne au fil de nos expériences.

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Source : Ginszt M. et al (2018) : ACTN3 Genotype in Professional Sport Climbers. The Journal of Strength & Conditionning Research, February 01.

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