Escalade en 2020 : quels changements dans nos pratiques ?

distanciation physique escalade en 2020

Avec la récente crise sanitaire, l’ escalade en 2020 a vu sa pratique totalement bouleversée. C’est qu’en effet l’irruption dans nos vies de la Covid-19 (et tout ce qui en a découlé : confinement, déconfinement, nouvelles habitudes à prendre…) a eu un impact majeur. Par conséquent notre activité a – elle aussi – évolué. La Fabrique verticale fait le point sur les principaux changements dans nos pratiques.

Si on vous avait dit au 1er janvier 2020 que, quelques mois plus tard, vous alliez sortir avec un masque, utiliser sans arrêt du gel hydroalcoolique et ne plus embrasser vos amis, vous n’en auriez pas cru vos oreilles ! Et pourtant… Heureusement l’être humain est capable de résilience. Donc le grimpeur l’est aussi. C’est pourquoi l’ escalade en 2020 ne ressemble plus tout à fait à ce que nous avions connu jusqu’à présent.

Évidemment, il n’y a pas de révolution majeure. À première vue, un bac reste un bac, une réglette une réglette. Et on continue à tirer dessus. Tous les passionnés ont repris le chemin de la falaise ou des salles. Mais quand même, des tendances lourdes se dégagent. C’est pourquoi La Fabrique verticale a eu envie de vous parler des principaux changements qu’on observe dans nos pratiques.

escalade en 2020 reprise en salle masque assurage

Les grimpeurs de salle se téléportent en extérieur

Premièrement, il faut noter qu’au moment du déconfinement, le retour à l’escalade n’a d’abord été possible qu’en extérieur. Avant d’être à nouveau permis en salle, mais dans les deux cas selon des protocoles bien précis (voir ici des infos sur les conditions de la pratique en extérieur ou en salles).

De sorte que des grimpeurs, qui pour certains n’avaient jamais (ou très peu) pratiqué dehors, ont soudainement investi ces espaces naturels. Dans ces conditions, les spots les plus connus ont connu des affluences hors norme. En dépit des consignes de limitation de la fréquentation…

escalade en 2020 ceuse piste acces stationnement genant
Parking de Céüse en début de déconfinement, avec des stationnements douteux et une affluence record dans les secteurs phares…

De plus il y a eu d’autres effets collatéraux. D’une part, on a vu des grimpeurs ayant peu d’expérience en matière de sécurité se faire un peu peur en extérieur (ou faire peur aux autres grimpeurs présents, quand ils ne se sont pas fait mal…). D’autre part, on a pu observer ici ou là des comportements déplorables, dénotant d’un total manque de culture outdoor. Ou tout simplement d’éducation.

Escalade en 2020 : des comportements à bannir

Effectivement, depuis le déconfinement (et parfois même avant…), on a pu déplorer une hausse sensible des comportements peu respectueux des autres et de l’environnement. Par exemple, pêle mêle et en vrac (c’est le cas de le dire…) :

  • dépôts sauvages de déchets (masques abandonnés en forêt de Fontainebleau par exemple)
  • stationnements approximatifs pouvant gêner les riverains et/ou le passage des secours sur des pistes
  • squats ou bivouacs sur des parkings ou dans des zones sensibles
  • niveau sonore peu respectueux des autres pratiquants (musique au pied des voies en particulier etc…)
  • Traits systématiques dans les voies/blocs et pas de brossage
  • non-respect des arrêtés de biotope…
dechets-Masque-Foret-fontainbleau

Certes, ces comportements n’émanent pas nécessairement toujours de grimpeurs urbains, qui découvriraient l’extérieur. Et il n’a pas fallu attendre la Covid-19 pour voir ce genre de dérives. Mais sans doute y-a-t-il encore un peu de pédagogie à faire… Histoire que l’ escalade en 2020 ne favorise pas l’avènement des crétins en surnombre (pour reprendre le nom d’une célèbre voie de Claret).

Escalade en 2020 : le retour des pans à la maison

Deuxièmement, une autre tendance lourde se confirme. Celle du retour en force des pans d’escalade à la maison. En fait, elle découle de plusieurs phénomènes concomitants. D’une part, des habitudes prises en confinement et de l’envie de tranquillité (cf ce qui précède…). D’autre part de la crainte d’un rebond de l’épidémie et des conditions de la reprise en salle ou dehors, jugées par certains pas toujours ultra sécurit.

delphine chenevier pan escalade en 2020
La grimpeuse grenobloise Delphine Chenevier, 8b au compteur, a réinvesti dans un petit pan à la maison, back to 90’s 😉

Conséquence, les ventes de prises, de panneaux, de vis et d’écrous à frapper sont parties à la hausse. Ce qui console un peu les fabricants et les magasins de vente en ligne. Étant donné qu’ils ont eu aussi un sérieux manque à gagner pendant le confinement, à cause de la fermeture administrative des salles et de l’arrêt de la pratique en club.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’ont connu les grimpeurs des années 90, les pans construits aujourd’hui sont plus petits. En fait, à quelques rares exceptions près, on ne se fait plus un méga pan dans le garage ou dans le grenier. Plutôt un outil compact, très fonctionnel, avec possibilité de fixer des agrès. Et intégrant des zones de réglettes façon mini pan Güllich ou system board/moon board.

Escalade post-confinement, choisis ton camp camarade : blessé ou solide !

Troisième constat que l’on peut faire en cette période de reprise d’activité, c’est que si la Covid-19 a fait une hécatombe dans les Ehpad, le confinement a (lui) fait des dégâts dans les rangs des grimpeurs. En résumé il y a beaucoup d’éclopés, parmi ceux qui se sont entraînés comme des damnés à la poutreRuptures de poulie, tendinites, mauvaises chutes dans le couloir : heureusement, c’est moins grave qu’un passage en réanimation…

À l’opposé, l’ escalade en 2020 voit subitement beaucoup de belles réalisations. Car ceux qui ont bien encaissé les charges d’entraînement et ont su gérer intelligemment cette période sont vraiment solides ! D’où les performances actuelles, qui témoignent d’une hausse générale du niveau physique.

escalade en 2020 laura rogora 9a+

On pense en particulier à la grimpeuse italienne Laura Rogora, qui entre dans le club très fermé des femmes ayant fait du 9a+, avec Pure Dreaming. Du reste son compatriote Stefano Ghisolfi, 5 jours après la levée du confinement en Italie, avait déjà enchaîné pas moins de trois projets en 8c+/9a. Plus près de nous, Nao Monchois s’est aussi offert son 1er 9a, avec le Cadre, à Céüse. Bref on lâche les fauves !

nao monchois le cadre 9a ceuse escalade en 2020
Nao Monchois réalise son 1er 9a, avec Le cadre à Céüse (photo Remi Fabregue, agence Kros)

Les grimpeurs experts privilégient les secteurs de proximité et les spots secrets

Dernier constat, qui découle d’ailleurs du précédent : les grimpeurs forts privilégient des secteurs de proximité. Ainsi l’ escalade en 2020, pour le moment, s’annonce plus éco-responsable. En tout cas, par la force des choses, du fait des restrictions des déplacements. Par conséquent, la tendance est toujours à l’équipement de lignes difficiles, mais pas à l’autre bout du monde. Les projets se concentrent dans un rayon proche.

escalade en 2020 equipement falaise

D’ailleurs, Stefano Ghisolfi, toujours lui, a entrepris d’équiper, chose qu’il n’avait curieusement jamais fait jusqu’à présent. Et c’est logiquement qu’il s’est tourné vers Seve Scassa, très fort grimpeur des années 90 (plusieurs podiums en Coupe du Monde de difficulté) et équipeur de lignes futuristes (1er 8c+ d’Italie en 1993, avec Noia à Andonno).

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Pas de réponses

  1. 17 juillet 2020

    […] Après la période de confinement que nous avons connue, une chose est sûre : ça fait du bien de pratiquer à nouveau ! Que ce soit en extérieur ou dans votre salle préférée, même si la crise de la Covid-19 a clairement modifié nos pratiques. […]

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